Le goût pour les livres, une culture musicale, des connaissances en art… Tout cela se transmet aussi par l’éducation des parents. Le cinéma n’échappe pas à cette règle. Afin de faire de votre enfant un véritable cinéphile et parfaire sa culture générale, certaines œuvres cultes sont des incontournables à regarder avec lui.
Trop violent, trop touchy, trop érotisé, trop perturbant… En tant que parents, on a parfois du mal à voir grandir nos enfants et ils nous paraissent parfois pas assez matures pour regarder certaines œuvres cinématographiques. La recommandation d’âge suit différents critères, qui restent assez souples en fonction de chaque enfant. Dans le livre du collectif Benshi “Le meilleur du cinéma pour les enfants”, nous retrouvons ainsi quelques conseils pratiques pour déterminer si un film est adapté à son enfant :
Ainsi, la durée va être un facteur important. La capacité de concentration évolue avec l’âge. Entre 3 et 5 ans, on va plus volontiers proposer des courts-métrages quand, à partir de 5 ans environ, ils commencent à pouvoir profiter d’un film plus long.
En général, certains conseils d’âge sont donnés pour chaque œuvre, mais pas toujours. Les sujets du deuil et de la séparation des parents peuvent notamment être difficiles pour un tout-petit, qui n’a pas le recul nécessaire pour faire la part avec la réalité. Cependant, le cinéma peut être un bon moyen d’aborder ces thèmes plus délicats. A nuancer donc en fonction de la maturité émotionnelle de votre enfant.
Pour profiter pleinement d’une œuvre, votre enfant doit être en mesure d’en saisir le sens général, même si certaines nuances peuvent lui échapper.
Pour chaque œuvre cinématographique, votre enfant pourra l’apprécier ou non. Il peut également ne pas trop aimer maintenant et puis il l’aimera plus tard. Quoiqu’il en soit, ne mettez pas de côté certains films car ils ne vous plaisent pas à vous ou à cause de ce que vous projetez sur la manière dont va l’accueillir votre enfant.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les enfants ne sont pas insensibles aux films anciens, tournés en noir et blanc. “Ce sont souvent les adultes qui ont des préjugés sur les films en noir et blanc. Il ne faut pas oublier qu’un enfant n’a presque encore rien vu, et a donc une curiosité inouïe et ouverte, tout peut l’intéresser”, lit-on dans le livre de Benshi. Par ailleurs, certains d’entre eux, comme les films de Charlie Chaplin, ont marqué l’histoire du cinéma et il serait dommage de les en priver.
Autre idée préconçue : un film sans dialogues, c’est désormais impossible à regarder. On peut d’ailleurs croire, à tort, que les films muets sont l’apanage d’un cinéma d’un autre temps, mais ce n’est pas vrai : beaucoup de films plus récents dédiés aux jeunes enfants sont par exemple réalisés sans dialogues. Sans paroles échangées, ces films laissent également plus de place à l’imagination des enfants et à l’interprétation.
Beaucoup de parents vont d’abord initier au cinéma leurs enfants avec des dessins-animés ou des films dédiés aux jeunes publics. Mais certains classiques, pas réservés aux enfants, peuvent tout aussi bien leur être présentés. Il ne faut d’ailleurs pas négliger la capacité de vos enfants à les comprendre et les aimer. Certains réalisateurs se sont d’ailleurs fait remarquer grâce aux différents niveaux de lecture proposés par leurs œuvres, aussi accessibles aux enfants qu’aux parents. C’est le cas de Jacques Demy ou Jacques Tatie, ou encore des films Pixar ou Ghibli.
Passons maintenant au cas pratique : quels films reagerder en famille ? Évidemment, à vous de lui faire part de vos goûts et il n’en sortira qu’enrichi par votre propre rapport au cinéma. Certains films restent malgré tout des incontournables et Laurie Cholewa a eu la bonne idée de les recenser dans “100 films coups de cœur à avoir vus avant 10 ans”. Une mine d’or pour trouver l’inspiration, étayée par les avis des psychologues de Kids et Family. Voici quelques films qui ont notamment retenu notre attention, par leur diversité et leur intérêt plus large que la simple exécution visuelle :
De quoi ça parle ? Dans ce village d’Afrique, la vie est dure depuis que la méchante sorcière Karaba a jeté un sort maléfique : les hommes ont disparu et l’eau ne coule plus à la source. Naît alors le très petit Kirikou, qui est déterminé à les sauver en allant confronter la sorcière.
Date de sortie : 1998
Durée : 1h10
A quel âge peut-on montrer Kirikou et la sorcière à un enfant ? Dès 4-5 ans.
Quel intérêt ? Ce film animé de Michel Ocelot sorti en 1998, inspiré d’un conte africain, est déjà très beau visuellement. Poétique et coloré à souhait. Les enfants seront conquis par la faune très présente. Ce récit rondement mené offre une histoire à double lecture, aussi bien pour les petits que pour les plus grands. Plusieurs morales inspirantes s’en détachent, à commencer par le fait que même les plus petits peuvent être courageux. Par ailleurs, on comprend que la méchanceté et le mal viennent souvent d’une souffrance, mais qu’un retour en arrière est possible.
L’éclairage des psy : “Ce très joli film présente une réflexion sur le fait de s’assumer, de faire de ses faiblesses des forces. Certains parents retrouveront sans doute un peu de Kirikou chez leurs enfants à haut potentiel“, décrivent les spécialistes. “Sachez que les femmes de ce film sont seins nus, et que la nudité peut mettre certains enfants mal à l’aise.”
De quoi ça parle ? Deux petites filles nommées Mei et Satsuki emménagent dans une nouvelle maison, pour être plus proche de l’hôpital où est entrée leur mère. En explorant les alentours, elles font la connaissance de créatures magiques et notamment d’un certain Totoro.
Durée : 1h26
Date de sortie : 1988
A quel âge peut-on montrer Mon voisin Totoro à un enfant ? Dès 4-5 ans.
Quel intérêt ? Film culte de Hayao Miyazaki et des studios Ghibli, Mon voisin Totoro est le plus accessible pour entrer dans cet univers japonais. A noter que c’est un dessin-animé sans aucun méchant, qui fait la part belle à la nature et à l’imaginaire.
L’éclairage des psy : “Totoro représente l’ami imaginaire, celui que les enfants peuvent créer dans leur tête quand ils se sentent tristes ou seuls”, indiquent-elles. “Vous pouvez insister ici sur l’importance du jeu et de l’imagination pour surmonter ses problèmes”.
De quoi ça parle ? Alice suit un lapin blanc très pressé qui l’entraine dans un monde pour le moins étrange. Un film imaginé d’après le roman de Lewis Carroll.
Durée : 1h15
Année de sortie : 1951
A quel âge peut-on montrer Alice au pays des merveilles à un enfant ? Dès 3 ans.
Quel intérêt ? Alice est une héroïne beaucoup plus moderne qu’il n’y parait et se différencie des princesses Disney. Mais les autres personnages sont eux-aussi dignes d’intérêt et complexes : le Chapelier fou ou encore le chat du Sheshire. Ce monde farfelu et coloré a de quoi laisser libre cours à l’imagination de votre enfant.
L’éclairage des psy : “Ce conte multiplie les métaphores. Alice fuit le monde raisonnable qu’on tente de lui imposer et décide de s’échapper par le rêve”, soulignent-elles dans l’ouvrage. “Par ailleurs, la dimension symbolique du temps qui passe, le fait de grandir et de vieillir, se passe d’explication et se fait de façon inconsciente“, ajoutent-elles.
De quoi ça parle ? Le héros, Marty McFly est un adolescent qui vit dans les Etats-Unis des années 80. Son ami, un physicien excentrique lui permet de voyager dans le temps.
Durée : 1h56
Date de sortie : 1985
A quel âge peut-on montrer Retour vers le futur à un enfant ? Dès 8-9 ans.
Quel intérêt ? Ce film a marqué toute une génération. Les parents sont aussi contents de le revoir que leurs enfants. On adore les gadgets inventés par le film comme l’hoverboard.
L’éclairage des psy : “De nombreux thèmes pédagogiques sous-tendent ce film mythique. Le harcèlement y tient une place majeure, la question des origines familiales, de la rencontre du couple parental, ainsi que ceux de l’adolescence comme la puberté ou l’attirance”, décryptent-elles.
De quoi ça parle ? Elliot est un petit garçon solitaire. Il se lie d’amitié avec un extraterrestre oublié sur terre. Avec son frère et sa soeur, ils vont aider E.T. à prendre contact avec ses congénères dans l’espace.
Durée : 1h55
Date de sortie : 1982
A quel âge peut-on montrer E.T l’extraterreste à un enfant ? Dès 8-9 ans.
Quel intérêt ? Réalisé par Steven Spielberg, ce film raconte une histoire d’amitié émouvante. C’est une ode à l’enfance, avec des répliques cultes comme “E.T. téléphone maison”. A noter, ce film accueille également les débuts au cinéma d’une certaine Drew Barrymore…
L’éclairage des psy :”Ce film évoque la différence et les préjugés, en montrant à quel point la peur liée à l’apparence doit parfois être surmontée”, soulignent-elles. Et d’ajouter : “Il permet également d’aborder des sujets tels que le divorce, la famille monoparentale, les disputes familiales, la loyauté entre frères et sœurs…“
De quoi ça parle ? L’histoire se déroule en 1904, d’après la trilogie de Marcel Pagnol, dont La Gloire de mon père est le premier volet (s’en suivent Le château de ma mère et Le Temps des secrets). Directement inspiré des souvenirs de l’auteur, le film se déroule en Provence, durant les grandes vacances d’été de Marcel, fils d’un instituteur et d’une couturière.
Durée : 1h45
Date de sortie :1990
A quel âge peut-on montrer La Gloire de mon père ? Dès 7-8 ans
Quel intérêt ? La Gloire de mon père évoque le temps de l’innocence et de l’insouciance, le tout rythmé par la musique de Vladimir Cosma.
L’éclairage des psy :”Le film interroge la notion de fierté, celle d’un fils face à son père instituteur qui semble tout connaitre”, démarrent-elles. “La relation entre les deux frères fait plaisir à voir et nous rappelle que les choses peuvent être très simples quand on n’a rien à se disputer ! Finalement, quelques jours en pleine nature peuvent être un bon remède aux rivalités fraternelles“, s’amusent-elles.
De quoi ça parle ? Une femme sans ressources abandonne son bébé sur le siège arrière d’une voiture, mais celle-ci est volée. Charlot, un vagabond interprété par Charlie Chaplin, le trouve et finit par s’en occuper. En grandissant, ils mettent un stratagème en place pour gagner de l’argent : l’enfant casse des vitres et Charlot, vitrier arrive pour les réparer.
Durée : 1h10
Date de sortie : 1921
A quel âge peut-on montrer Le Kid à un enfant ? Dès 5-6 ans.
Quel intérêt ? Ce film a été réalisé il y a plus de 100 ans, en 1921. C’est une belle histoire d’amour entre père et fils, même s’ils ne sont pas liés par les liens du sang. C’est également un film éperdument drôle, qui rôde le second degré de votre enfant.
L’éclairage des psy : “Être parent, c’est avant tout donner de l’amour et faire de son mieux pour subvenir aux besoins vitaux de ses enfants”, rappellent les expertes de Kidz et Family à propos du film. La vie en société est également abordée : “Le policier, omniprésent dans le film, ne cesse de rappeler qu’il existe des règles en société”.
De quoi ça parle ? A chaque rentrée des classes, les écoliers d’un petit village rivalisent avec le village voisin. Mais dans le film, cette année-là, la rivalité s’accélère car les camarades de Lebrac capturent un prisonnier dans l’idée de lui arracher tous ses boutons de vêtements. La guerre des boutons est alors déclarée !
Durée : 1h30
Date de sortie :1962
A quel âge peut-on montrer La guerre des boutons? Dès 6-7 ans
Quel intérêt ? Réalisé par Yves Robert, ce film est une joyeuse récréation qui fera sourire petits comme grands. On retiendra la fameuse réplique de Petit Gibus : “Ah ben, mon vieux, si j’aurais su, j’aurais pô v’nu !”. A noter que le film a fait l’objet de deux remakes : en 2011 par Yann Samuell et La nouvelle guerre des boutons de Christophe Barratier.
L’éclairage des psy :”Tout est simple et tellement loin de la vie devant les écrans d’un enfant d’aujourd’hui”, résume les psychologues. En effet, entre cabanes dans les arbres et bataille à l’épée en bois, les enfants sont dehors et assez débrouillards. “En parallèle, le film est un support pour rappeler dans quel contexte de violences on élevait les enfants autrefois. Le chef du groupe, Lebrac, est victime de violences de la part de son père”, indiquent-elles.
De quoi ça parle ? Oups ! La famille McCallister prend l’avion pour des vacances de Noël à l’étranger mais le plus jeune fils, Kevin, a été oublié. En totale autonomie le jeune garçon de 9 ans s’organise une vie rêvée d’enfant sans ses parents à la maison… Mais deux cambrioleurs tentent de pénétrer dans la maison familiale et il doit redoubler d’ingéniosité pour les éloigner !
Durée : 1h37
Date de sortie : 1990
A quel âge peut-on montrer Maman j’ai raté l’avion ? Dès 8 ans
Quel intérêt ? On ne peut que sourire face à l’ingéniosité du personnage incarné par le jeune Macauley Culkin. La comédie de Noël par excellence !
L’éclairage des psy : “Vous pouvez en tirer une leçon intéressante sur l’autonomie : un enfant peut rester seul, même si cela est dangereux. Kevin est tout de même soulagé de retrouver sa maman et même ses frères et soeurs avec qui il se dispute tant. Ce film peut être utile en cas de rivalités : on comprend clairement que vivre en famille apporte son lot de contraintes, mais surtout de joie et de sécurité”, estiment-elles.
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