Ex. : Uncharted, Tour de France, Nerve, Snowden
Le cinéma regorge d'œuvres radicales, dérangeantes, insoutenables parfois, capable d'interpeller et / ou de révulser les spectateurs. Pour le meilleur ou pour le pire. Voici 5 films choquants à découvrir, à ne pas mettre sous tous les yeux…
Dans la volumineuse encyclopédie des productions cinématographiques mondiales, ce ne sont pas les œuvres choc qui manquent. Si nombre d’entre elles ont abondamment versé dans le voyeurisme malsain, l’ultra violence et le sadisme gratuit, surfant parfois sans vergogne sur des tendances du moment pourvu qu’il y ait quelques billets à la clé (on songe ici par exemple aux films de la vague Nazisploitation sous couvert d’une pseudo dénonciation des atrocités du IIIe Reich), d’autres productions plus ou moins récentes se sont heureusement chargées de remettre certaines pendules à l’heure.
Des œuvres radicales, profondément dérangeantes, même insoutenables parfois, capable d’interpeller et / ou de révulser les spectateurs, pour le meilleur ou pour le pire. Le chef-d’œuvre Salo de Pier Paolo Pasolini, ressorti en salle en juin dernier, s’est brutalement chargé de nous le rappeler. 46 ans après sa sortie, le film testament du cinéaste reste plus que jamais une expérience cinématographique aussi intense que très éprouvante.
Voici cinq films, chacun à leur façon, dans leur radicalité et leur jusqu’au-boutisme, capables de pousser les spectateurs dans leurs ultimes retranchements. Une petite sélection de films qui sont, bien entendu, à ne surtout pas mettre devant tous les yeux…
Day of the Woman (autrement connu sous le nom de “I Spit on Your Grave” ou encore “Oeil pour oeil”) est le film séminal du sous-genre Rape & Revenge avec La dernière maison sur la gauche; très certainement un des films les plus censurés dans le monde. En Grande-Bretagne, il fut interdit de 1984 à 2001, puis seule une version très expurgée fut autorisée à sortir. Au Canada, le film ne fut pas visible avant 1998, tandis qu’aux Etats-Unis le réalisateur Meir Zarchi fut obligé de couper 17 min de son film pour échapper à une infamante classification X par la MPAA.
Du reste, aucun distributeur ne fut volontaire pour distribuer le film, obligeant le réalisateur à tenter de sortir à ses frais une première fois son film, sous le titre Day of The Woman. Le réalisateur, qui produira d’ailleurs le remake de son oeuvre en 2010, eut l’idée de ce film après avoir aidé en 1974 une femme qui errait nue dans les rues de New York, violée par deux inconnus.
Revoici la bande-annonce du film..
43 ans après, Day of The Woman / I Spit on Your Grave reste un film choc pour sa représentation sans concession d’une agression sexuelle (une traumatisante et longue scène de viol d’une crudité et d’une objectivité implacable) et des conséquences (transformations physiques notamment) sur la victime.
Si le film est loin d’être un chef-d’œuvre, notamment en raison d’une seconde partie (la vengeance de l’héroïne) plus faiblarde avec ses nombreuses invraisemblances, I Spit on Your Grave demeure une œuvre intéressante à découvrir.
La fin de la dictature franquiste et sa chape de plomb, en 1975, fit logiquement souffler un vent de liberté sur la création artistique espagnole. Et porta sur le devant de la scène, à la faveur d’un nouveau courant culturel baptisé Movida, toute une nouvelle génération de cinéastes, comme Pedro Almodovar.
Nettement moins connu que son confrère, le cinéaste Agusti Villaronga signait en 1986, à l’âge de 33 ans, un premier long métrage aussi glaçant que choquant; une œuvre qu’il serait probablement impossible à faire désormais : Tras el cristal. Qu’un tel film ait pu voir le jour dans une Espagne recouvrant certes la liberté, mais encore profondément conservatrice au mitan des années 80, est assez sidérant.
Un film très rare, jamais diffusé à la télévision et invisible depuis des années (une édition dvd est sortie chez nous dans un anonymat à peu près complet en 2009), qui n’a été projeté à nouveau qu’en 2016, lors de la 66e édition du Festival international du film de Berlin. 
En voici la bande-annonce…
Tras el cristal, c’est l’histoire de Klaus (Gunter Meisner), un ex docteur nazi en poste dans un camp de concentration durant la guerre, qui se livra à des expériences sadiques et des crimes sexuels sur de jeunes garçons.
Après la guerre, il se réfugie incognito en Espagne franquiste, où il mène une vie très confortable avec son épouse Griselda (Marisa Paredes, une des égéries d’Almodovar) et sa fille unique, Rena (Gisela Echevarria).
Mais, là aussi, ses démons reprennent vie, et il se livre à nouveau, en secret, à ses désirs dépravés et criminels. Jusqu’au jour où, rongé par la honte et la culpabilité, il fait une tentative de suicide, qui échoue. Désormais confiné dans une chambre et maintenu en vie par un poumon d’acier qui lui donne de l’oxygène, il est soigné par son épouse, pleine de ressentiments à son égard.
C’est dans cet environnement toxique que se présente un jour à leur domicile Angelo (David Sust); un étrange et beau jeune homme, qui propose ses services comme infirmier. Contre la volonté de sa femme, Klaus insiste pour que ce nouveau visiteur occupe cette fonction.
Une relation particulièrement perverse va se nouer entre Angelo et Klaus, devenant encore plus malsaine lorsqu’Angelo lui révèle qu’il a trouvé ses carnets de guerre dans lequel l’ex médecin nazi consignait toutes ses atroces expériences et crimes sexuels… Les mots se transforment désormais en actes. La honte de Klaus s’efface pour redevenir désir, et une nouvelle vague de meurtres d’enfants commence…
Avec son mélange de thèmes évoquant le nazisme, la pédophilie, l’homosexualité et la torture, c’est peu dire que Tras el cristal a profondément choqué, et le reste toujours autant, 36 ans après sa sortie. A date, il reste toujours interdit en Australie, malgré une tentative de le projeter en 1995 dans le cadre d’un festival ; même le DVD fut interdit là-bas en 2005. En Grande-Bretagne, il ne fut même pas soumis au comité de classification des films, sans doute par anticipation d’une interdiction pure et simple.
À la faveur d’une mise en scène tendue à craquer, sans jamais verser dans le gore ou le grand guignolesque, toujours sur le fil du rasoir, Agusti Villaronga livre une œuvre transgressive à l’extrême  plongeant les spectateurs dans les méandres de l’âme humaine, d’une noirceur absolue. Un film qui met d’autant plus mal à l’aise qu’il utilise aussi le registre de l’horreur, sans y verser pleinement, pour suggérer la complicité du spectateur avec les actes abominables de ses personnages.
Le sujet de son film, qui s’inspire aussi de l’histoire de Gilles de Rais, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc devenu tueur d’enfants, est aussi très similaire à celui de l’histoire Un élève doué écrite par Stephen King, qui était l’un des quatre récits composant son recueil Différentes saisons publié en 1981.
On ignore si Villaronga a eu vent de cette histoire à l’époque. Toujours est-il que son film enterre littéralement l’adaptation maladroite faite par Bryan Singer en 1998 quant au traitement des thèmes que les deux œuvres ont en commun.
Le triomphe historique de Parasite a rappelé comme une évidence que la production cinématographique de la Corée du Sud est l’une des plus inventives et puissantes de ces vingt dernières années au moins, balayant à peu près tous les registres possibles d’ailleurs.
Sorti il y a déjà onze ans (c’est dire si le temps file…), J’ai rencontré le Diable avait pétrifié l’assistance dans les salles obscures, et à juste titre. Réalisateur éclectique passé de la comédie (The Quiet Family) au film d’horreur (2 soeurs) en passant par le film noir (le formidable A bittersweet life) et le western (Le Bon, la brute et le cinglé), Kim Jee-woon filmait dans un affrontement dantesque et d’une sauvagerie inouïe un fabuleux duo d’acteurs : Choi Min-sik et Lee Byung-Hun.
 
L’histoire ? Elle pourrait tenir sur un bout de papier. Un agent des services secrets (Lee Byung-Hun) entreprend de traquer le tueur (Choi Min-sik) de sa fiancée, en éliminant les suspects identifiés par la police. Il a fait un serment : soumettre le meurtrier aux mêmes tortures que celles subies par sa promise… Quitte à devenir tout aussi monstrueux que celui qu’il traque sans relâche.
“Pour interpréter mon personnage, j’ai essayé de faire sortir ce qu’il y avait de plus ignoble en moi, d’extraire les comportements les plus sombres, violents et démoniaques. Il était difficile de jouer quelqu’un qui ne ressent aucune culpabilité, qui n’éprouve aucun regret pour les atrocités qu’il commet” disait Choi Min-Sik, incarnant ici le mal absolu dans une hallucinante composition.
Sans jamais insulter l’intelligence du spectateur, d’une intensité sidérante, mettant plus d’une fois les nerfs à très rude épreuve, cette chasse à l’homme de l’extrême, vigilante movie d’un nihilisme absolu, était un pur électrochoc lors de sa découverte en salle. Si vous n’avez jamais vu J’ai rencontré le Diable, vous savez ce qu’il vous reste à faire…
Cinéaste japonais absolument prolifique à la filmographie en dents de scie, capable de balayer un spectre vertigineux de genres de films, du western (Sukiyaki Western Django) à l’adaptation de manga (Ichi The Killer) en passant par celle de jeux vidéo (Like a Dragon, tiré de la franchise des jeux Yakuza) ou le film d’horreur (l’éprouvante Maison des sévices), Takashi Miike a connu la consécration internationale avec Audition, qui fut d’ailleurs son premier film à sortir en France. Pour l’anecdote, il est le film d’horreur préféré d’un certain Quentin Tarantino, qui voue un culte tenace au maître nippon.
En revoici la bande-annonce..
Audition, c’est l’histoire de Shigeharu Aoyama, un producteur de films. Veuf depuis sept ans, il accepte sur les conseils de son collègue Yoshikawa, d’organiser une audition pour un film imaginaire afin de trouver une nouvelle épouse.
Il déniche la perle rare en la personne d’Asami Yamasa­ki (incarnée par Eihi Shiina, qui faisait ici ses débuts sur grand écran), une jeune femme douce et intelligente. Il en tombe aussitôt amoureux et, sans lui révéler son subterfuge, commence à entretenir une relation avec elle.
Lors d’une escapade au bord de l’océan, Asami disparaît. L’enquête d’Aoyama révèle un angoissant secret : la disparition et le meurtre de plusieurs personnes. Alors qu’il commence à comprendre la véritable personnalité d’Asami, celle-ci réapparaît et tout bascule dans le cauchemar…
Qualifier Audition de pur film d’horreur est finalement un peu réducteur. La vie quotidienne et solitaire d’Ayoama est décrite de manière simple une bonne partie du film. Le temps aussi de distiller un malaise diffus, qui s’installe durablement, avant de basculer dans la dernière partie du film dans une cruauté physique et psychologique pas loin d’être insoutenable, et en tout cas cauchemardesque, ce qui décuple la force d’impact de cette œuvre. Très recommandée donc, et évidemment, là aussi, déconseillée aux âmes sensibles…
En sélection officielle à Cannes en 1997, c’est peu dire que la projection de Funny Games de Michael Haneke fut une des plus mouvementées de l’histoire du festival, pourtant habitué aux polémiques, selon les aveux de Gilles Jacob.
Le film suscita même une haine viscérale de Nani Moretti, membre du Jury présidé cette année-là par Isabelle Adjani, au point de lâcher qu’il claquerait la porte du Jury si le film choc d’Haneke recevait le moindre prix. Il faut dire que si le cinéaste autrichien s’était jusque-là fait connaître avec des films déjà glaçants et fascinants, comme Benny’s Video, il poussait avec Funny Games le malaise jusqu’à un point d’incandescence jamais atteint.
Armé d’une mise en scène à la fois sobre et implacable, brisant régulièrement le quatrième mur, Haneke ne laisse aucun répit au spectateur dans cette histoire de famille séquestrée et torturée par un duo de jeunes sadiques. Tétanisé par le spectacle abjecte qui se déroule sous ses yeux, le spectateur est prisonnier de son désir de voyeurisme et son goût pour la violence.
“J’étais frustré de cette façon qu’ont les Médias de traiter en général la violence, d’une manière consommable. Donc je voulais faire un film qui corrige cette image. Je trouve dangereux cette banalisation de la violence. je voulais que les spectateurs se rendent compte de ce qu’ils regardent” commentait Haneke, dans un tacle évident à Hollywood et sa manière de traiter justement cette violence, complètement déresponsabilisée, souvent gratuite, et même cool.
“Dans ce jeu, le pion, c’est… vous, le spectateur. Votre sadisme voyeur, vos réactions, votre peur jouissive. Haneke vous prend au mot: vous aimez le spectacle du meurtre, de la violence, de la terreur ? (Ne dites pas non, pensez à tous les morts que vous avez vus sur un écran au cours de votre vie.) Eh bien, vous allez en avoir –jusqu’à la limite du supportable. Personne ne sera épargné, ni l’enfant, ni le chien” écrivait Gilles Verdiani, critique cinéma dans Première, en février 1998.
Ajoutant : “Vous n’aurez aucune explication psychologique (trauma, vengeance, folie) pour vous rassurer. Même pas un mobile. Ça ne sera ni stylisé pour faire beau, ni détourné pour faire drôle, ni éloigné pour faire moins mal. Ce sera froid, précis et implacable. Vous voulez essayer?” 24 ans après sa sortie, l’impact laissé par le film reste toujours aussi foudroyant.
Film – Action
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