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SÉLECTION. L’Afrique en cadeau, après Noël et dans la perspective de la Saint-Sylvestre, c’est possible. Voici quelques opportunités pour l’apprécier différemment.
Temps de lecture : 16 min
L’Afrique peut se découvrir par plusieurs portes et plusieurs supports. Quoi de plus agréable que de partager certaines de ses mille et une facettes. À travers des ouvrages, des histoires et des images, nous avons choisi de nous y promener et d’en révéler à nouveau la diversité. Bienvenue !
* Aya de Yopougon, tome 7, Marguerite Abouet, Clément Oubrerie, Édition Gallimard BD, 128 p. 18 euros.
C’est avec le même plaisir que l’on retrouve les aventures d’Aya et de ses amis dans le turbulent et vivant quartier de Yopougon.
Enfin, après 12 ans, le tome 7 de la saga Aya de Yopougon est sorti. Marguerite Abouet tient toujours la plume et Clément Oubrerie, le crayon. Pendant tout ce temps, Aya n’a pas disparu. La jolie et intelligente jeune fille, originaire de Yopougon, quartier populaire d’Abidjan, est passée d’héroïne de bande dessinée « aux 800 000 lecteurs » à héroïne de film d’animation. Dans ce tome, on retrouve les ingrédients qui ont fait le succès de la saga, bien sûr le trait du dessinateur, mais aussi l’humour et la sensibilité des dialogues, les personnages hauts en couleur et attachants, à l’image d’un quartier populaire, ainsi que l’argot local, le nouchi, qui parsème les répliques. Les personnages principaux reprennent le fil de leur vie, là où on les avait laissés. On se retrouve plongé au début des années 1980. Les années Mitterrand, pour la France, les années du boom économique pour la Côte d’Ivoire grâce notamment aux exportations de cacao. Pour autant, les sujets abordés sont toujours d’actualité : l’immigration, l’homosexualité, le mal-logement des étudiants ivoiriens…

La BD « Aya de Yopougon » de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie a eu un succès monstre du fait de sa déclinaison cinématographique aussi. © DR

Depuis le tome 6, les personnages ont un peu grandi. Aya a abandonné la médecine pour le droit. Toujours prête à aider les autres, elle s’engage pour les droits des étudiants de l’université de Cocody. Albert, en rupture avec sa famille depuis qu’il a, par inadvertance, révéler son homosexualité, a des difficultés pour se loger. Bintou est devenue une star populaire de séries télé, harcelée par le public qui la voit comme une briseuse de ménage, son rôle dans la série Gâteuse de foyer. Innocent, dit Inno, le meilleur copain d’Aya, lui, file le parfait amour avec Sébastien en France, mais, étudiant sans papier, il s’engage pour les droits des immigrés. Avec Aya, c’est le plaisir de replonger dans la vie d’un quartier animé, où les situations cocasses n’empêchent pas d’aborder les questions sérieuses. Marguerite Abouet nous livre un épisode de plus d’une comédie où l’humour l’emporte. À la fin de la BD, on a droit aux bonus, une recette du garba, un plat populaire à base d’attiéké et de poisson, un petit lexique d’expressions nouchies. Aya reste populaire et ce tome 7 appelle les suivants…
À LIRE AUSSIMarguerite Abouet : « Mon travail, c’est de raconter une autre Afrique »
* Textiles africains, de Duncan Clarke, Vanessa Drake Moraga et Sarah Fee (éd. Citadelles & Mazenod, 2022, 450 pages, 165 euros).
Cet ouvrage rend hommage à la diversité et à la qualité des textiles africains. Une somme de connaissances, de nombreuses illustrations, le très beau livre Textiles africains dévoile au fil des pages l’art méconnu du tissage sur le continent. Publié par la maison d’édition Citadelles & Mazenod, ce livre d’art nous plonge dans l’histoire de ces étoffes, du Mali au Cap Vert, du Ghana au Cameroun, en passant par l’Éthiopie, jusqu’à Madagascar.
Pour ce voyage en contemplation, il faut bien s’installer dans le canapé. Le livre de 450 pages, au grand format, pèse plus de 4 kilos. Organisé de manière géographique, il consacre un large chapitre à la région de l’Afrique de l’Ouest avant d’aborder l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Est, puis Madagascar. Chaque pays, chaque territoire abrite des particularités, des techniques et des usages propres qui sont mis en valeur.

« Textiles africains » fait entrer dans l’univers du tissage en divers lieux d’Afrique. © DR

Et c’est l’occasion de découvrir que l’art du tissage africain se décline au travers de multiples matériaux : coton, laine, soie, écorce battue, raphia, perles… De multiples techniques de tissage se combinent à celles des colorations. Tentures nuptiales, d’apparat, couvertures, vêtements du quotidien (boubou, pagne, tunique, châle…) ou encore tenues talismaniques sont remis dans leur contexte, expliqués et commentés. Au fil des pages, on découvre l’akrikka kunta au Mali, une tenture nuptiale filée à la main par un tisserand et griot, hébergé par une famille noble peul au Mali, le temps de la réalisation de l’ouvrage, souvent plusieurs mois. Dans les falaises de Bandiagara, les tombes des Tellem (XIe et XIIe siècle) ont livré des fragments de textiles dont les motifs sont encore présents chez les peuls à la fin du XXe siècle. Toujours au Mali, les tuniques des Ghana Boys racontent la fierté des jeunes Maliens partis travailler au Ghana dans les années 1970 et qui reviennent arborant des tuniques brodées d’images rappelant la modernité. À l’inverse, le boubou tilbi, traduit par sa broderie extrêmement raffinée, de soie écrue sur coton blanc, la noblesse et la spiritualité. Ce travail de broderie pouvait prendre plus de trois ans !
En Sierra Leone et au Liberia, les kpokpo, tentures d’apparat, étaient exposées dans les maisons communes par leurs riches propriétaires. L’akunitan, ou tissu des grands, au Ghana foisonne de motifs figuratifs – lion, léopard, sabre ou crocodile à deux têtes, oiseaux regardant derrière –, symboles de pouvoir ou motif faisant référence à un proverbe. Au Cameroun, les tuniques léopard du royaume bamiléké tissées de perles de verre côtoient les costumes de mascarade en fibre de raphia. On retrouve les perles de verre en Tanzanie, sur des jupes en peau, alors qu’en Zambie, le pagne d’écorce battue est brodé. À Madagascar, contrairement à nombre de pays africains où les hommes sont largement impliqués dans la confection des tissus, les femmes, responsables de la fabrication des étoffes, jouent des matières, raphia, soie, perle.
Des tissus d’exception devenus objets d’art
Cet ouvrage invite à découvrir des pièces uniques révélatrices des cultures qui les ont façonnées. Les œuvres présentées proviennent de collections publiques (musée du quai Branly à Paris, Metropolitan Museum de New York, Musée d’ethnologie de Lisbonne, British Museum de Londres, etc.) comme privées. Ces œuvres d’artisans-artistes, le plus souvent résultat d’un travail de coopération, ont inspiré des artistes contemporains. Dans la mode bien sûr, de Paul Poiret à Kenneth Ize, ou Imane Ayissi, qui reprend le kente du Ghana, mais aussi dans l’art contemporain avec les très belles tapisseries en bazin d’Abdoulaye Konaté et les tentures métalliques d’El Anatsui.
Le travail de Joël Andrianomearisoa est, lui, fortement influencé par les tissus lamba de Madagascar. Avant eux, Henri Matisse, Paul Klee ou Miro se sont aussi inspirés des motifs des tissus africains. « En réunissant dans un seul volume un ensemble de pièces parmi les plus belles et les plus représentatives que conservent les musées et les collections privées du monde entier, les auteurs espèrent avoir su mettre en perspective cet univers textile pour célébrer les artistes du passé tout en servant de référence à ceux du présent et de l’avenir, qu’ils travaillent en Afrique ou ailleurs », commente un des auteurs, Duncan Clarke, chercheur et marchand de textile. L’héritage culturel est immense.
À LIRE AUSSIAsantii : la mode made in Africa (vraiment) autrement !
* Fela Anikulapo-Kuti – Rébellion afrobeat, ouvrage collectif, sous la direction d’Alexandre Girard-Muscagorry, Mabinuori Kayode Idowu et Mathilde Thibault-Starzyk. Édition Textuel, en coédition avec la Cité de la musique – Philharmonie de Paris, 208 pages, 49 euros.
C’est un véritable hommage qui est rendu au géant Fela, icône africaine et planétaire qui s’est servie de sa musique comme d’une arme politique pour dénoncer la corruption et les mentalités néo-coloniales. Trompettiste, saxophoniste, chanteur, pianiste et compositeur, le Nigérian Fela Anikulapo Kuti a laissé une œuvre majeure et un héritage autant musical que politique.
À côté de l’exposition à la Philharmonie de Paris, il fallait bien un livre pour raconter l’incroyable épopée de ce géant de la musique africaine qui a influencé, au-delà du continent, des générations d’artistes, de la scène jazz au hip-hop. Ce livre à plusieurs voix dresse le portrait d’un homme aux multiples facettes. Musicien, compositeur mais aussi dissident politique et penseur panafricaniste, Fela Anikulapo Kuti (1938-1997) est l’inventeur d’un style, l’afrobeat, qui trouve ses sources dans les rythmes yorubas, le free jazz en passant par la soul et le funk.
Toute l’histoire de l’afrobeat
L’Afrobeat est né aux États-Unis à l’occasion d’un voyage de 10 mois au cours duquel Fela rencontre Sandra Izsadore, proche des Black Panthers. Grâce aux lectures qu’elle lui conseille, il embrasse le panafricanisme et déclare vouloir jouer de la musique africaine. « Je me suis mis à jouer ce nouveau morceau […] toute la salle s’est mise à sauter et tout le monde a commencé à danser. C’est là que j’ai compris que je tenais un truc », a-t-il raconté à Carlos Moore, écrivain et journaliste. C’est ainsi que « My Lady Frustration », sorti en 1969, est devenu le premier morceau que le musicien nigérian présente comme un morceau d’afrobeat. « Plutôt que d’intégrer des rythmes traditionnels africains à une structure musicale européenne, Fela propose le parti pris inverse : ce sont les instruments occidentaux qui se moulent dans la polyrythmie yoruba », expliquent les auteurs.

À la Philharmonie de Paris et dans un ouvrage extrêmement documenté, tout sur le roi de l’afrobeat, le Nigérian Fela Anikulapo Kuti.  © DR

Un homme à facettes multiples
« Il fallait accepter qu’une exposition et une publication ne puissent pas saisir toutes les facettes de celui que les Nigérians surnommaient Abami Eda [celui qui est mystérieux] », expliquent les trois coordinateurs de cet ouvrage, Alexandre Girard-Muscagorry, Mabinuori Kayode Idowu et Mathilde Thibault-Starzyk. Grâce à la vingtaine d’auteurs, ce livre propose une vision « diffractée et polyphonique » de Fela, articulée autour de quatre chapitres : la jeunesse de Fela (Lagos Baby), son engagement politique (Kalaltuka Republic), la naissance de l’afrobeat (Afrika Shine) et le succès mondial (Abami Eda).
À LIRE AUSSIFemi Kuti : « Avoir nos cultures en partage »
Des documents inédits pour une histoire exceptionnelle
Au fil des pages, on découvre de nombreuses archives et des photographies inédites : de sa famille à ses concerts, des coupures de journaux aux flyers et pochettes de disque, ainsi que de très beaux portraits des Queens, ces jeunes femmes qui ont rejoint Fela comme danseuses, chanteuses ou DJ. Le chanteur a aussi son côté sombre et notamment son rapport misogyne avec les femmes. Le livre rend aussi hommage à ces Queens, celles qui ont contribué au succès du musicien. Il s’est marié avec 27 d’entre elles lors d’un unique mariage. La controverse ne pointe pas uniquement le nombre de ces mariées, mais aussi leur jeune âge, certaines étaient adolescentes.
Fela le rebelle décrypté
On découvre les clichés de ses premiers meetings, le manifeste de son parti Le Mouvement du Peuple. Cet engagement lui a valu bien des arrestations, séjours en prison et tracasseries, dont le paroxysme sera l’incendie en 1977 de sa résidence baptisée République de Kalaltuka, par les militaires dans un déferlement inoui de violence sur les personnes présentes, dont la défenestration de la mère du musicien qui mourra des suites de ses blessures. Ce tragique épisode sera source de deux chansons : « Unknown Soldier » et « Coffin for Head of State ». Vingt ans après sa disparition, la musique de Fela reste actuelle tant par sa sonorité que par ses combats.
À LIRE AUSSINigeria : Tony Allen, de l’afrobeat à la source vive du jazz
* Sur les routes des chefferies du Cameroun, du visible à l’invisible, catalogue d’exposition, Édition Skira Paris, coédition musée du quai Branly-Jacques Chirac, 224 pages, 39 euros
Après l’exposition Sur la route des chefferies du Cameroun, du visible à l’invisible, qui s’est tenue au deuxième trimestre 2022 au musée du quai Branly, un catalogue permet d’entrer dans la magie des communautés des Hauts Plateaux, des Grassfields, à l’ouest du Cameroun. Masques, fétiches, trônes, totems… Près de 300 œuvres, précieusement gardées depuis des siècles par les chefs traditionnels, dépositaires du patrimoine matériel et immatériel, sont présentées dans une perspective inédite portée par l’association La route des chefferies de Nantes.
Quand le Sud expose au Nord
Ce livre retrace la démarche de cette exposition, à rebours de ce qui se fait habituellement dans les musées où l’on présente des objets, des œuvres qui viennent des collections européennes ou nord-américaines. À l’inverse, l’exposition comme le catalogue cherchent à expliquer comment vivent les chefferies des Grassfields, comment s’exerce leur pouvoir, tant spirituel que social, à travers ces objets remis dans leur contexte. C’est aussi l’histoire d’une rencontre de l’invisible et du visible. Les chefs traditionnels, investis de pouvoirs quasi-divins, veillent au respect des traditions et servent de lien entre le monde des ancêtres et celui des vivants. Certains objets ont dû être « déchargés » de leurs pouvoirs pour voyager, grâce à des rites traditionnels organisés au sein des chefferies pour apaiser les esprits. Les objets exposés, à leur retour au Cameroun, ont retrouvé leur rôle cultuel et culturel dans la vie quotidienne des communautés.

Parmi les éléments forts du Cameroun, il y a les chefferies qui s’accompagnent de plusieurs éléments matériels et immatériels, visibles et invisibles.  © DR

Diversité de perspectives
Le livre offre une diversité de points de vue, des écrits de spécialistes, des récits de chefs et de reines, des créations d’artistes qui éclairent cet art vivant, ce lien entre sacré et profane. En avant-propos, Yannick Noah écrit : « Cette exposition nous plonge dans le monde de symboles forts […] qui nous rappelle qu’une écriture invisible est nécessaire pour l’équilibre et le bien-être du monde. Elle nous invite à percevoir l’objet comme patrimoine matériel qu’on doit comprendre en tentant de percer l’invisible dans lequel on navigue. » Depuis 2017, le champion de tennis, chanteur, est aussi le chef traditionnel du village d’Etoudi. « La marque du génie créatif foisonne tout au long de l’exposition, se découvrant dans la précision d’un motif sculpté, la délicatesse d’un tissage perlé, la richesse d’une expression picturale ou architecturale », évoque en ouverture du catalogue Emmanuel Kasarhérou, président du musée du quai Branly. Les textes et les illustrations permettent au lecteur de partir à la rencontre de cet univers magique de la cosmogonie, de l’art, des sociétés secrètes, de toucher du doigt la ligne entre le visible et l’invisible.
À LIRE AUSSIEntrez dans le mystère des chefferies du Cameroun
* Black Infinity, L’art du Fantastique noir, d’Ekow Eshun, traduit par Marie Delaby, Textuel, 308 pages, 49 euros.
Voilà un ouvrage qui dresse un séduisant panorama visuel des mouvements qui s’inscrivent dans l’« afrofuturisme » et le « fantastique noir ». On se rappelle, l’exposition Black Infinity à la Hayward Gallery de Londres l’été dernier avait été louée par la critique. Pour ceux qui n’ont pas pu la voir ou ceux qui veulent en garder une trace, il reste le très beau livre de son curateur Ekow Eshun. Black Infinity, l’art du fantastique noir rassemble 300 reproductions d’œuvres d’artistes, dont celles de Kara Walker, Rashaad Newsome, Ellen Gallagher, Hew Locke et Nick Cave. Des œuvres qui explorent les thèmes du féminisme noir, du post-colonialisme, de la culture populaire.
L’ « afrofuturisme » expliquée
« Afrofuturisme », « Fantastique noir » ? Des notions qui peuvent en dérouter plus d’un. La longue introduction d’Ekow Eshun, écrivain, commissaire d’exposition basé à Londres, permet de définir ces concepts et de les replacer dans leur dynamique historique. Ainsi, il définit le « Black Fantastic » comme des œuvres d’art qui incorporent le mythe, la fantaisie et la science-fiction pour réinventer la culture et l’identité noires. Il retrace un historique de ce mouvement qui rencontre une longue tradition du réalisme noir et comment le rêve et l’imagination prennent le pas pour devenir des outils de résistance et de changement.
À LIRE AUSSIMichael Roch, la nouvelle voix de l’afrofuturisme
De l’afrofuturisme au fantastique noir
Eshun attribue l’invention du terme « afrofuturisme » au critique Mark Dery en 1993. Celui-ci définit le genre comme « une fiction spéculative qui traite de thèmes africains-américains et répond à des problématiques africaines-américaines dans le contexte de la technoculture du XXe siècle ». Il dresse alors les critiques émises vis-à-vis de ce courant, jugé trop phallocrate, et son impossibilité à concevoir le blackness en dehors de la diaspora noire américaine.

La couverturre de l’ouvrage « Black Infinity » d’Ekow Eshun. © DR

« A contrario, le fantastique noir est moins un genre ou un mouvement qu’une manière de voir partagée par des artistes qui affrontent l’héritage de l’esclavage et des injustices de la société contemporaine radicalisée en créant de nouveaux récits du potentiel noir », explique Eshun. « Le fantastique noir commence par une compréhension de la race comme une fiction socialement construite plutôt que comme une vérité scientifique, bien qu’elle maintienne une influence déterminante sur les perceptions populaires du monde », écrit Eshun.
De belles œuvres à voir
Au fil des pages se dévoilent des œuvres le plus souvent oniriques, fantastiques, voire magiques. Il y a les toiles de Hellen Gallagher, les costumes de Nick Cave, les photographies de David Uzochukwu, d’Aïda Mulunch et de Jean-Claude Moschetti, les sculptures de Wangechi Mutu, mais aussi des pochettes de disques de Miles Davis (Bitches Brew) ou de Public Enemy (Fear for a Black Planet), des images de film et même des bâtiments comme la pyramide d’Abidjan ou la tour de la BCEAO à Bamako.
Dans la culture populaire, le genre fantastique s’est décliné aussi bien dans la littérature que le cinéma avec les Marvels ou la série Game of Thrones. Sans surprise, ce genre irradie aussi la création contemporaine des Afro-américains et des Africains. Ils s’en emparent pour porter d’autres visions, d’autres récits.
À LIRE AUSSINnedi Okorafor : « les Africains sont des conteurs extraordinaires »
* Décadrage colonial, sous la direction de Damarice Amao, édition Textuel, 192 pages, 45 euros.
L’entre-deux-guerres est mise en avant dans ce livre, Décadrage Colonial, qui accompagne l’exposition éponyme au Centre Georges-Pompidou. Il propose une observation critique des images produites pendant la colonisation dans la décennie 1930-1940. « Ne visitez pas l’Exposition coloniale », tractaient les surréalistes, en réaction à l’ouverture de l’Exposition coloniale internationale de 1931 à Vincennes, dénonçant la politique impérialiste de la France. L’Exposition coloniale, qui va attirer près de 8 millions de visiteurs, promet de faire découvrir, en une journée, les confins de l’empire. Les surréalistes avec le Parti communiste vont même organiser une contre exposition pour dénoncer la colonisation politique, économique, mais aussi culturelle. C’est sur cet événement que s’ouvre le récit critique de la production photographique dans le contexte colonial de l’entre-deux-guerres proposé par l’exposition Décadrage colonial et le livre qui l’accompagne. L’exposition au Centre Georges-Pompidou se déroule jusqu’au 23 février.
L’exploration d’une époque
« L’exposition et le livre explorent les tensions et les ambivalences qui traversent la production de la nouvelle scène photographique parisienne de cette période : fascination pseudo-scientifique pour les cultures dites de l’ailleurs, fétichisation et érotisation des corps noirs, participation au renouvellement de l’ethnographie ou encore contribution à l’élaboration d’une nouvelle image de la nation », détaille Damarice Amao, commissaire d’exposition.

Le « Décadrage colonial » a fait l’objet d’un ouvrage et d’une exposition. © DR

Les photographies et les tirages présentés sont extraits pour la plupart du fonds de l’historien Christian Bouqueret, fonds riche de plus de 7 000 tirages et acquis par le Centre Georges-Pompidou il y a 25 ans. Ce sont des images réalisées par des photographes dans le sillage des missions ethnographiques, des commandes de l’administration française, mais aussi des envoyés spéciaux des magazines qui se passionnent pour les confins de l’Empire, dont beaucoup sont teintés de ce prisme de la fascination pour ces « univers exotiques ».
La particularité de l’approche est aussi de donner au lecteur, en parallèle à ces photographies, une autre voix, en contre-point, avec des extraits de textes comme ceux de l’homme de lettres Aimé Césaire ou des sœurs Jeanne et Paulette Nardal. Arrivées en France pendant l’entre-deux-guerres, premières étudiantes noires à la Sorbonne, elles se sont extrêmement investies dans la mise en valeur des cultures et des littératures noires. Pour certains voyageurs et photographes, Cartier Bresson, Marc Allegret, Fabien Loris, le voyage, notamment en Afrique ou à Tahiti, provoque l’éveil d’une conscience critique face au contexte colonial.
À LIRE AUSSITaina Tervonen : « Qu’a-t-on restitué, au juste, d’un point de vue historique ? »
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