Consulter
le journal
Dans toute l’Europe, les prix augmentent et les salaires décrochent
Jeux vidéo : « La pratique de l’intégration verticale est le nouveau combat de l’antitrust américain »
Le sapin de Noël prend feu, les invités sont-ils responsables ?
Travail : « La crise de confiance est assez profonde pour ne pas en rajouter »
« C’est une immense joie » : des millions de supporteurs argentins descendent dans la rue pour fêter la victoire au Mondial
L’ascenseur émotionnel des supporteurs argentins
Les supporteurs français « déçus » mais « fiers » de leur équipe
Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ?
Et à la fin, c’est le Qatar qui gagne
« Les entreprises ont besoin d’ingénieurs, il s’agit d’une priorité nationale qui s’inscrit dans un contexte mondial »
Comment je me suis disputée : « Mon beau-père me traite de connasse et de bonne à rien au repas de Noël »
« Madame la ministre de la culture, la fermeture de nos établissements n’est plus une chimère ! »
« Bardo » sur Netflix, le très long acte de contrition d’Iñarritu
« Le Vent du nord dans les fougères glacées » : la « drive » de Patrick Chamoiseau
De l’Opéra Garnier à l’hôtel de la Païva, les « trésors » du Paris haussmannien
Le film « Avatar 2 » réussit son premier week-end au cinéma
Cinq films sur le vin et l’alcool à regarder sans modération
En joaillerie aussi, la seconde main fait son chemin
Ridley Scott : « J’ai dessiné les étiquettes de tous mes vins »
« Chez les grands-parents, c’est “open bar” » : les écrans sèment la pagaille dans les familles
Services Le Monde
Services partenaires
Service Codes Promo
Suppléments partenaires
Avec leur esthétique décalée, leurs gadgets rigolos et leurs écrans connectés, les « kei cars » font un carton. Pourtant, rien ne laissait présager que ces voitures de poche deviendraient des objets de mode.
Par
Temps de Lecture 4 min.
L’automobile ­japonaise, ce ne sont pas seulement de vertueuses hybrides, de vigoureuses sportives, de massifs 4 × 4 ou d’impersonnelles berlines. Ce sont aussi les kei cars. De tout petits modèles, qui ne circulent que dans l’Archipel et dont la raison d’être aux spécificités urbaines et culturelles du pays. La kei car (littéralement « véhicule léger ») s’inscrit à l’encontre des valeurs dominantes du secteur.
Ses formes géométriques l’éloignent des canons de la beauté, sa mécanique est peu performante et son apparence décalée. Reconnaissable à sa plaque d’immatriculation jaune, cette voiture a vu sa part de marché passer de 20 % à 36 % au cours des deux dernières décennies. Elle a, aussi, atténué sa vocation utilitaire pour devenir un objet de mode débordant de fantaisie.
Lorsqu’elles apparaissent dans les années 1950, les kei cars n’ont rien de ludique ni de branché. Il s’agit de motoriser les classes moyennes dans un Japon rendu exsangue par la seconde guerre mondiale. Dotées d’un modeste moteur de moto (le mode de transport alors le plus usité), ces minivoitures à l’architecture de camionnette se sont d’abord diffusées dans les zones périurbaines et rurales. Face à la saturation du trafic urbain, les gouvernements ont encouragé leur distribution dans les grandes villes, leur réservant un traitement fiscal de faveur, à condition qu’elles ne dépassent pas une longueur de 3,40 mètres (quinze centimètres de moins qu’une Fiat 500 moderne) et 1,48 mètre en largeur (la hauteur est libre !). Quant au moteur, sa cylindrée ne doit pas excéder 660 cm3.
« Contrairement au reste du monde, les Japonais considèrent que les véhicules aux formes carrées sont très “cool”. » Pierre Loing, chargé du marketing de Nissan
Destinées aux particuliers mais aussi aux entreprises qui doivent effectuer des livraisons en ville, les kei cars (autos minimalistes réservées aux acheteurs peu intéressés par l’automobile, aux petits vieux et aux personnes jugées ringardes) ont longtemps fait l’objet de moqueries. Depuis les années 1990, le vent a tourné. Le Japon connaît une croissance économique languissante, la fiscalité automobile s’alourdit et le prix du carburant s’envole. Bien plus abordables – elles coûtent environ 25 % de moins que les citadines –, les kei cars voient changer le regard porté sur elles. « Contrairement au reste du monde, les Japonais considèrent que les véhicules aux formes carrées sont très “cool”. En outre, ces petites voitures ont gagné en raffinement grâce aux progrès réalisés en matière de sécurité et de qualité perçue par l’utilisateur », souligne Pierre Loing, en charge du marketing chez Nissan. Les kei cars n’ont pas tout à fait renié leurs caractéristiques utilitaires (les plus hautes, qui peuvent culminer à deux mètres, ­permettent par exemple aux enfants de se changer à l’intérieur lorsqu’ils vont faire du sport), mais elles sont devenues des objets que l’on remarque.
Alors que les voitures au Japon sont généralement blanches, noires ou – comble de la fantaisie – gris métallisé, les kei cars adoptent des teintes flashy : rouge, orange, jaune, bleu pétrole ou vert pomme. Les quatre spécialistes de la catégorie – Suzuki, Daihatsu (groupe Toyota), ­Mitsubishi-Nissan et Honda – n’ont pas tardé à réaliser que le succès de leurs minis dépendait très largement des femmes qui, estime Pierre Loing, « expriment plus volontiers leur personnalité que les hommes, en termes automobile comme vestimentaire ». Les Japonaises représentent 40 % des acheteurs de voitures, un pourcentage qui passe à 60 % pour la catégorie des kei cars. Certains modèles leur sont spécialement adressés. Disponible en divers coloris acidulés, dont un « violet perle mystérieux », la Suzuki Alto « Lapin » (en français dans le texte) adopte une esthétique à la Hello Kitty et fait apparaître plein de petits lapins sur l’écran de contrôle. Dans cette gamme, la série limitée « Chocolat » (toujours en français) récompense l’automobiliste pour sa conduite économe en carburant, en affichant sur le tableau de bord une barre chocolatée virtuelle.
Antidote au désamour des jeunes pour les voitures, un phénomène particulièrement marqué au Japon, les kei cars poussent très loin le concept de la voiture connectée, notamment en installant dans leur habitacle des écrans de plus en plus larges. Le concept car Teatro présenté par Nissan lors du dernier Salon de Tokyo, en octobre 2015, propose ainsi de projeter à bord de la Dayz, la kei car vedette de la marque, des images de jeux vidéo voire du faux gazon, des portraits ou divers motifs lumineux. « Un gadget numérique », dixit le constructeur, tels ceux qui équiperont la voiture autonome.
Bref, pour incarner l’avenir de cette industrie, Nissan a choisi une minuscule bagnole aux formes parallélépipédiques… qui n’est jamais sortie du Japon. Après avoir tenté d’exporter leurs minimodèles (Suzuki avec le Wagon R ou ­Daihatsu avec ses petites urbaines), les constructeurs nippons ont renoncé. En Europe, où l’on conduit de façon ­beaucoup moins zen, leur modeste moteur surconsommerait et leur structure, marquée par de très courts porte-à-faux (la distance entre les roues et l’extrémité du véhicule), risquerait de ne pas protéger suffisamment les occupants en cas de collision. Dommage. Chez nous, où la ­plupart des petits gabarits manquent de piquant, les kei cars auraient instillé une dose bienvenue de fantaisie.
Jean-Michel Normand
Voir les contributions
Édition du jour
Daté du mardi 20 décembre
Nos guides d’achat
Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.
Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois
Ce message s’affichera sur l’autre appareil.
Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.
Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).
Comment ne plus voir ce message ?
En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.
Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?
Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.
Y a-t-il d’autres limites ?
Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.
Vous ignorez qui est l’autre personne ?
Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
Lecture restreinte
Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article
Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.
Newsletters du monde
Applications Mobiles
Abonnement
Suivez Le Monde

source

Catégorisé: