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DÉCRYPTAGE – C’est la nouvelle manie des voyageurs qui culpabilisent à l’idée de prendre l’avion, encore à ce jour le moyen de transport le plus polluant du monde. Mais ces calculs sont-ils fiables ?
C’est le nouveau réflexe de certains voyageurs, qui culpabilisent à l’idée de prendre l’avion dans un contexte d’urgence climatique martelé à chaque rapport du GIEC. Est-ce bien raisonnable de continuer à emprunter le moyen de transport le plus polluant du monde à en croire l’Agence européenne de l’environnement (AEE) ? Selon ses chiffres, un passager en avion émet 285 grammes de CO2 par kilomètre, contre 158 grammes en voiture et seulement 14 grammes en train.
Certains voyageurs renoncent à voler, quitte à abandonner leurs vacances à l’autre bout du monde. D’autres se tournent plutôt vers des calculatrices de CO2 en ligne dans l’idée de compenser, ensuite, l’empreinte de leur trajet. Sauf que, selon les acteurs, les résultats diffèrent grandement. La majorité d’entre elles appartiennent en outre à des compagnies aériennes, ce qui pose la question d’un éventuel conflit d’intérêts. Peut-on donc réellement se fier à ces nouveaux outils ? Décryptage.
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L’empreinte carbone d’un trajet en avion résulte de deux choses. Primo, de la combustion de kérosène qui produit du dioxyde de carbone (CO2). Secundo d’un certain nombre d’autres facteurs d’émissions comme les traînées de condensation, l’extraction du kérosène, son transport, son raffinage… contribuant à l’effet de serre. Pour la calculer, il faudrait donc – logiquement – estimer ces deux paramètres. Tout d’abord, le CO2.
Pour ce faire, «il suffit de mesurer la distance entre les deux aéroports de référence, le modèle d’avion, et le nombre de passagers. Une fois ces données collectées, calculer le kérosène nécessaire à ce trajet puis le diviser par le nombre de personnes à bord de façon à déterminer la part de chacun», explique au Figaro Matthieu Jousset, directeur du pôle Action de la fondation GoodPlanet. C’est ainsi que l’on va pouvoir comptabiliser les tonnes de gaz à effet de serre émis par la combustion du kérosène pendant le voyage, par personne. Soit.
«C’est ce que renseignent la plupart des compagnies aériennes à travers leurs calculatrices, ce que la loi leur impose de communiquer», commente Jean-Luc Manceau, directeur de Climat Mundi, structure spécialisée dans l’accompagnement des entreprises vers la transition écologique. Ainsi, en se fondant sur cet algorithme, Air France calcule 176 kg de CO2 par passager pour un aller-retour Paris (ORY) – Madrid (MAD). Selon Transavia, ce chiffre s’élève à 180 kg. Ce qui correspond à environ 1000 km en voiture, à près de 100.000 km en TGV et à la consommation de 345 repas végétariens ou une vingtaine avec du bœuf, selon les données de l’Ademe.
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Pourtant, vous l’aurez compris, le calcul n’est pas complet. Quid des autres facteurs d’émissions ? «C’est là que le bât blesse», selon les deux professionnels. «Le kérosène ne représente que la partie émergée de l’iceberg», alerte Jean-Luc Manceau. Pour être tout à fait exact, il faudrait également prendre en compte les traînées de condensation, ces longues traces blanches qui s’étendent derrière les avions et sont liées à la condensation de la vapeur d’eau et des autres résidus issus de la combustion du carburant. Elles n’ont aucune conséquence lorsqu’elles s’effacent immédiatement, mais dans certains cas, elles stagnent dans le ciel pendant plusieurs heures, accentuant l’effet de serre et donc le réchauffement climatique. «Elles peuvent faire passer l’addition carbone du simple au double», révèle le directeur de Climat Mundi.
Autres paramètres qui ne sont aujourd’hui pas pris en compte par les calculatrices carbone des compagnies aériennes, les émissions liées à la fabrication de l’appareil, à la construction des infrastructures aéroportuaires ou encore à l’extraction du kérosène. «Des facteurs qui feraient encore grimper les chiffres de l’empreinte carbone s’ils étaient intégrés au calcul», rapporte Matthieu Jousset. Ainsi, en prenant en compte ces derniers paramètres, pour le même aller-retour Paris-Madrid, Good Planet calcule 610 kg de CO2 émis par passager. En équivalence, cela correspond à près de 3000 km en voiture, près de 300.000 km en TGV, 1 196 repas végétariens ou 84 avec du bœuf. Soit près de quatre fois les résultats d’Air France et Transavia…
Sauf que rien ni dans les réglementations françaises, ni dans les lois européennes n’oblige les compagnies aériennes à communiquer ces données. Elles sont, de plus, difficiles à calculer. Selon Antoine Laborde, responsable climat chez Air France : «les traînées de condensation dépendent de l’altitude de l’avion, du taux d’humidité de l’air, du moment du jour ou de la nuit, du type de moteur. Idem pour les oxydes d’azote rejetés, qui produisent de l’ozone d’un côté mais détruisent du méthane de l’autre…», explique-t-il. Ce calcul ne fait donc pas «l’unanimité chez les scientifiques» selon la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) qui ne les prend pas non plus en compte dans son calcul. De nouvelles études à ce sujet sont en cours et devraient prochainement trancher.
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Quid de la compensation carbone, la suite logique du calcul de son empreinte, désormais proposée par la majorité des compagnies ? «Chez nous, on parle plutôt de geste climat», lance Antoine Laborde d’Air France. «Nous proposons aux voyageurs de faire un don en faveur de projets de reforestation». Une action bénéfique pour la planète, certes, mais qui présente certaines limites pour les associations écolos. «Pour moi, c’est un peu comme si EDF travaillait volontairement sur la réduction de la consommation d’énergie. Éthiquement, ça n’a pas de sens», s’insurge le gérant de Climat Mundi, qui s’interroge également sur la nature de ces «projets». Quels sont-ils ? Qui les dirige ? Quelle marge réalisent les intermédiaires ?
Pour lui, tout cela «c’est juste la formule magique pour se donner “bonne conscience”. La solution ? Réduire ses voyages en avion, point». Air France parle logiquement plutôt «d’investir dans une flotte moderne qui consomme moins et donc émet moins de gaz à effet de serre, de réduire le poids à bord car plus un avion est léger, moins il consomme de carburant et de voler plus bas, un autre moyen de limiter la consommation».
[Cet article a été publié initialement en mai 2022.]
Politiquement incorrecte
le
Comment dire pour rester polie ?
Je choisis mon moyen de transport en fonction de sa commodité. Je choisis ma compagnie en fonction de sa fiabilité, de son confort et de son prix. Quant à ceux qui se torturent les méninges, leur vie doit être un cauchemar. Surtout, il faut éviter qu’ils le transmettent aux autres. Et qu’ils restent surtout chez eux.
Capitaine P. Flam
le
Ils feraient mieux d’aller voir un psy…
Blanchette
le
Je me fous de mon empreinte carbone cette dernière fait partie de la panoplie abrutissante des écologistes devenus fou allié
LE SAVIEZ-VOUS ? Régulièrement pris l’un pour l’autre, les deux archipels espagnols ont pourtant des identités bien distinctes. Récapitulons.
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Calculer l’empreinte carbone de son trajet en avion : vrai outil ou écran de fumée ?
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