La société Vivoka s’est inspirée du super-héros Marvel et de son assistant vocal pour développer son innovation. L’entreprise la présentera au CES de Las Vegas qui s’ouvre ce jeudi et jusqu’à dimanche
Comme quoi, être étudiant et mater un film Marvel au lieu de réviser n’est pas forcément une perte de temps. Cela peut être le début d’une grande aventure, bien réelle et qui emmène, des années plus tard, au CES Las Vegas. En 2015, William Simonin et Vincent Leroy, tous deux sur les bancs d’une école d’ingénieurs spécialisée en expertise informatique mais aussi en master de commerce à Londres, ont eu comme une révélation. Tony Stark, héros du film Iron Man, utilise une intelligence artificielle nommée Jarvis. Une technologie qui peut tout contrôler à la voix : les lumières, les volets de sa maison… « On a trouvé ça très cool et on a regardé sur Internet pour trouver une solution similaire, raconte William Simonin. On s’est aperçu que cela n’existait pas. Dommage, car cela pouvait vraiment être utile. Alors on s’est dit : “On va le faire.” »
Le début d’un nouveau monde pour les deux étudiants qui, sept ans après et toujours pas trentenaires, développent et commercialisent leur innovation. Leur technologie de reconnaissance vocale basée sur l’intelligence artificielle est en terrain connu au CES Las Vegas. C’est leur cinquième participation avec cette fois, la version 5 de leur VDK Silbo.
Cette innovation, c’est un logiciel, une sorte de boîte à outils qui permet à n’importe quelle entreprise d’intégrer facilement une interface vocale. Dans un robot, un micro-ondes, une cafetière, un casque VR… « On a toujours été persuadés que l’interface homme-machine vocale serait la plus intuitive et la plus logique pour un être humain. Mais en 2015, on était au tout début de Siri. C’était très tôt pour cette technologie. »
A présent, leur société, Vivoka, dont le siège et le département recherche et développement sont basés à Metz, emploie près d’une quarantaine de personnes à travers le monde. « Quand on a créé l’entreprise, on n’était pas encore sorti de nos études, se rappelle William Simonin. On a eu un peu de chance car c’était le bon moment. Alors qu’on commençait à parler des assistants vocaux, à travailler sur ces sujets, deux ans après, Google annonçait Google Home en disant à tout le monde que l’interface du futur serait la voix. On a été assez précurseurs et on a surfé sur cette vague. C’était le début de tout. Comme il n’y avait rien de comparable à Jarvis, nous avons décidé de créer notre propre solution de maison intelligente. Elle a rapidement obtenu son avatar, un petit raton-laveur nommé Zac ».
Un premier succès qui « s’est accéléré au moment du Covid car on a eu énormément de commandes d’entreprises diverses et variées : robotique, logistique… Mais ils étaient plus intéressés par notre technologie que par le produit fini. Ils avaient surtout besoin d’introduire de la reconnaissance vocale dans leurs équipements, leurs systèmes, leurs solutions. Mais cela n’était pas si facile en raison de la quantité quasi illimitée de spécificités des projets, des différents budgets, environnements sonores, environnements techniques selon les clients, détaille William Simonin. Notre stratégie n’était pas du tout évolutive à ce moment-là. Comme il y avait trop de demandes et qu’on n’arrivait pas à y répondre, on s’est dit que si on voulait vraiment que la reconnaissance vocale révolutionne les interfaces homme-machine, il fallait qu’elle soit accessible par tout le monde. » Ainsi est née l’idée du VDK.
Outre le fait d’être accessible et simple selon Vivoka, cette technologie vocale à l’avantage de fonctionner en 42 langues. Et elle est « embarquée », en « off line », souligne William Simonin. En clair, l’assistant vocal n’a pas besoin d’Internet pour fonctionner. Votre cafetière à reconnaissance vocale, même au milieu du désert, va marcher. « C’est un très grand avantage pour des systèmes industriels, une des conditions sine qua non car on entend de plus en plus parler des problématiques de protection de la data, de confidentialité », souligne le jeune entrepreneur.
Un plus considérable sur ce marché qui fait aujourd’hui 12 milliards de dollars d’après Vivoka, alors que « les trois quarts des acteurs de la reconnaissance vocale sont positionnés sur des technologies Cloud ». Une indépendance à Internet qui peut faire la différence. « Nous faisons partie des pionniers en la matière, confie William Simonin. Il y a très peu de sociétés qui arrivent avec autant de langues sur cette technologie hors ligne. Et il y a très peu de sociétés qui ont commencé à faire ces travaux de recherches. On a donc une longueur d’avance. » Une avance qui a ouvert à la société messine « les portes de grands groupes du domaine industriel, principalement de sociétés travaillant dans la logistique ». Et de nombreux autres domaines d’activité sont intéressés. « On a fait une grosse annonce avec le leader mondial de la robotique pour l’éducation qui s’appelle Miko. Un petit robot qui va embarquer des centaines de jeux éducatifs pour les enfants. » Un produit qui sera d’ailleurs en démonstration au CES de Las Vegas.

source

Catégorisé: