De nombreux commerces et industries ont compris que, pour attirer des parents au budget serré, il fallait miser sur les forfaits familiaux. On ne peut pas dire que ce concept fasse fureur dans le sans-fil, où le prix des forfaits est rarement réduit quand on les additionne. Sans le savoir, Google vient peut-être d’offrir le meilleur moyen de déjouer ce système. Grâce à une montre nommée Pixel.
Google a tenu, il y a dix jours, sa conférence annuelle Google IO. Elle s’adresse aux éditeurs d’applications pour ses différentes plateformes informatiques, mais surtout, pour Android, son logiciel mobile. Les téléphones Android ne jouissent pas en Amérique du Nord d’une part de marché aussi écrasante qu’ailleurs sur la planète, où ils représentent plus de trois téléphones sur quatre. Chez nous, c’est à peu près moitié-moitié avec l’iPhone d’Apple.
Mais la domination d’Apple au Canada et aux États-Unis commence à jouer en faveur de Google, qui est devenu chez nous, au fil de la dernière année, un des trois vendeurs de téléphones Android en importance avec Samsung et Motorola (Lenovo). Son Pixel 6, mis en marché l’automne dernier, a réussi à se distinguer des autres produits Android grâce à un look unique et à une personnalisation de son logiciel étonnamment séduisante.
Cela aura pris quelques années, mais Google commence à faire sa marque dans le monde du matériel informatique. Et l’entreprise doit ce succès tout relatif à Rick Osterloh, son vice-président responsable des appareils signés Google, et tout particulièrement de la gamme Pixel.
L’ancien grand patron de Motorola a profité de Google IO pour présenter un nouveau téléphone Pixel 6a, qui sera mis en marché d’ici quelques semaines. Fait rare, il a également levé le voile sur des nouveautés qu’on ne verra que tard l’automne prochain : une nouvelle génération de ce même téléphone appelée Pixel 7, une tablette à système Android appelée Pixel Tablet et une montre connectée appelée… Pixel Watch.
Selon le peu que Rick Osterloh pouvait dire à propos du Pixel 7, ce sera une version joliment actualisée du Pixel 6. La tablette Pixel est plus intrigante, car il lui sera difficile de percer ce marché, où l’iPad domine outrageusement ses rivales, souvent animées par le système Windows 10 de Microsoft. Il existe des tablettes Android, mais elles sont pour la plupart maladroites, Android ne paraissant pas très bien sur grand écran. Google s’est déjà cassé les dents, il y a dix ans maintenant, avec ses tablettes Nexus.
Reste la Pixel Watch, une montre connectée animée par un autre logiciel de Google, appelé Wear OS. Ce logiciel se trouve déjà sur une foule d’autres montres connectées actuellement en marché, y compris la plus récente montre de Samsung, la Galaxy Watch 4. Google va évidemment brancher sa Pixel Watch aux services suivis de l’activité physique de Fitbit, un ancien fabricant de montres racheté officiellement l’an dernier.
Il reste encore beaucoup de détails inconnus à propos de cette montre. Surtout du côté de sa mécanique. Les processeurs utilisés par les fabricants de montres Wear OS ont tendance à vieillir trop vite au goût des acheteurs. Payer 300 $ pour une montre qui ne durera que deux ans, c’est cher… Et c’est ce qu’a su éviter Apple avec sa propre montre, dont le cycle de vie est d’au moins cinq ans.
Bref, très peu de choses garantissent le succès de Google dans le marché de la montre connectée. Sauf peut-être une chose, qui a été révélée au Devoir par Rick Osterloh en personne juste avant l’ouverture de Google IO : la Pixel Watch aura une connexion cellulaire embarquée. Comme l’Apple Watch. Et comme la Galaxy Watch 4 de Samsung.
Ce qui signifie que la Pixel Watch pourra fonctionner pleinement sans être jumelée à un téléphone : signal GPS, musique en diffusion continue, réception d’alertes et de messages, etc. Comme l’Apple Watch. Et comme la Galaxy Watch 4, mais dans une moindre mesure.
Google promet une version adaptée à sa montre de Wear OS, qui inclura sans doute de meilleurs services connectés que la version de base utilisée par Samsung. En fait, Google a la même position qu’Apple dans ce marché puisqu’il produit à la fois le matériel, le logiciel et les services qui constituent la montre.
Bref, Google pourrait avoir entre les mains (ou sur son poignet…) une première vraie montre connectée pouvant rivaliser avec l’Apple Watch. Dans un marché mondial de la mobilité où Android, son autre logiciel mobile, se trouve sur les trois quarts des téléphones en circulation, son potentiel de succès commercial est important.
Plus importante encore est sa capacité à influencer à la baisse le prix des services sans fil. Comment ? Activer une montre connectée au Canada coûte 15 $ par mois. Activer un téléphone intelligent ne coûte jamais moins de 60 $ par mois.
Or, du côté d’Apple, on peut activer sur un même iPhone plusieurs montres à la fois, pour différents membres d’une même famille, par exemple. On peut donc proposer à ses adolescents une Apple Watch plutôt qu’un iPhone et ne payer que le quart du prix tous les mois pour qu’ils puissent garder le contact en tout temps avec leurs amis, leur musique, etc. Tout le reste (TikTok, Instagram, etc.) peut se faire sur un vieux sans-fil connecté au wifi de la maison, donc sans frais mensuels supplémentaires.
Si Google reproduit ce modèle sur sa Pixel Watch et offre la totalité de ses services par connexion cellulaire, il sera dès lors possible pour tous ces parents dotés d’un Pixel d’économiser gros. Ils pourront réduire leurs dépenses familiales en débranchant le téléphone intelligent des enfants… sans les débrancher, eux, de leur si précieuse activité en ligne.
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