Publié le 23/11/2020 à 14h01
Michèle GARDETTE
Le 16 octobre dernier, la vie de Liya Ju, médecin immunologiste et correspondante pour l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) bascule. Cette médecin franco-chinoise et son mari, Jean-Pierre Armand, ancien directeur du Centre de lutte contre le cancer de Toulouse, ont été contaminés par le Covid-19.
Diagnostiquée “cas sévère”, Liya Ju va être prise en charge au CHU de Clermont-Ferrand par l’équipe du professeur Jeannot Schmidt. Puis, avant de retrouver sa maison de famille de Chazelle, dans le Cantal, elle séjournera au CH Etienne-Clémentel à Enval, en Soins de suite et réadaptation (SSR).
Parce que les soins qui lui ont été prodigués en Auvergne, lui ont sauvé la vie. Parce qu’elle est médecin en immunologie en lien régulier avec les équipes de Wuhan, Shanghai et Shenzhen, Liya Ju écrit un article scientifique à destination de ses homologues chinois : Mon Covid en Auvergne.
En convalescence dans le Cantal, Liya Ju, médecin immunologiste franco-chinoise, témoigne : « Mon Covid en Auvergne »
Je vais raconter la maladie, cette “saloperie” que j’ai connue de l’intérieur ; les thérapies mises en route pour les cas sévères comme le mien. Je vais expliquer le cas pas à pas, l’organisation des secours, la prise en charge… C’est une expérience extraordinaire relatée en détail comme un journal de bord : signes cliniques et compte rendu scientifique. La méthode de soins en France, ses bonnes pratiques, intéressent la Chine car elle n’a plus actuellement de cas sévères.
Liya Ju, médecin franco-chinoise et le professeur Schmidt du pôle urgences CHU de Clermont-Ferrand où elle a été soignée selon un protocole de corticoïdes, anticoagulants et oxygène.
Le mot-clé en Chine, c’est “contenir”. Il s’agit d’étouffer le Covid dès la première apparition. À Pékin, pour 25 cas positifs, ce sont 22 millions de Chinois testés en une semaine ; pour 6 cas positifs à Qingdao, 11 millions de tests dans la région. C’est donc grâce à ce dépistage massif que la deuxième vague a pu être évitée. La France n’a pas voulu reconnaître cette expérience chinoise. Le travail a repris en Chine, il est bloqué en France.
Il y a trois différences : le manque de connaissances d’utilisation du masque ; l’absence de dépistage massif pour identifier les malades et surtout l’absence d’isolement des malades contaminés. En Chine, dès qu’ils sont détectés, les cas positifs sont isolés dans des hôpitaux provisoires construits à la campagne, ou des hôtels. Les mesures prises en France ont permis de ralentir l’épidémie, mais pas de la bloquer.
Liya Ju, médecin franco-chinoise, et le docteur Yasmine Lepley du CH Etienne-Clémentel d’Enval, où Liya Ju a séjourné pour se remettre, en Soins de suite et réadaptation, de son Covid-19 qui l’a sévèrement touchée. Elle a dû réapprendre les gestes du quotidien.
Le 1er octobre, l’Inserm et l’AP-HP ont fait appel aux bénévoles pour les vaccins de l’Institut Pasteur. Je me suis inscrite immédiatement. Désormais, je suis devenue donneur de sérum, prête pour sauver des vies. Il faut confiner au maximum les gens retraités, âgés, poursuivre le télétravail et permettre aux autres de travailler en respectant les gestes barrières.
Le marqueur CRP est le signe critique de la gravité de la maladie. Il faudrait que les laboratoires établissent un système d’alerte, ne se contentent pas seulement d’envoyer le résultat. Il faut que la personne soit alertée ou son entourage. Le port du masque est essentiel et efficace. Quand on dit aux Chinois que c’est bon pour eux, ils le portent tous. Enfin, le réseau téléphonique n’est pas un gadget, il est vital.

Michèle Gardette
En première ligne avec les soignants dans un service Covid au CHU de Clermont-Ferrand
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