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Strasbourg
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Affaire Sophie Le Tan – Jean-Marc Reiser
La Corse en trame de fond au procès de Jean-Marc Reiser
Procès de Jean-Marc Reiser : ce qu’il faut retenir de la deuxième journée
Accablé par ses ex-compagnes, Jean-Marc Reiser les traite de "menteuses"
Jean-Marc Reiser : « C’est comme s’il y avait deux personnes en lui »
Au premier jour de son procès, Jean-Marc Reiser campe sur sa position
19h33. L’audience est terminée. Le procès reprendra ce mercredi à 9h, pour sa troisième journée. Elle sera consacrée à la personnalité de Sophie Le Tan et aux témoignages des enquêteurs.
19h08. Le président de la cour d’assises s’adresse à Jean-Marc Reiser. Il lui demande quel image il a de la femme.
« Il m’est difficile de répondre à cette question, répond l’accusé. Dans l’ensemble, je n’ai pas une vision négative. J’ai pu avoir du ressentiment contre certaines d’entre elles. Il m’est arrivé lors de ruptures conflictuelles d’avoir des comportements inappropriés envers certaines. On a entendu tout et son contraire ; et il y a des choses non conformes à la réalité. » « Dans une relation conflictuelle, il peut y avoir une idée de la femme pas très… Par exemple, Catherine, ce qu’elle ne vous a pas dit, c’est qu’elle avait un petit ami à Paris… »
« Oui, mais vous, vous étiez avec Evelyne ! », lui rétorque le président, Antoine Giessenhoffer.
« On n’entend que les personnes  qui ont quelque chose à me reprocher. Elles ne sont pas toutes là, il y en a d’autres, ajoute-t-il. Il y a eu des relations avec d’autres femmes qui ne me décriraient pas comme ça. »
Antoine Giessenhoffer insiste sur les points identiques des témoignages de toutes ces femmes, qui ne se connaissent pas. 
« Je reconnais que je suis impulsif, que j’ai été violent avec certaines ; ce qu’elles disent est exact », répond Jean-Marc Reiser.
Le président fait observer à l’accusé que « tout n’est pas dans le pulsionnel », notamment les faits de harcèlement. Lui parlant de ceux à Brest à l’encontre de Nathalie  : « Ce n’est pas de la pulsion, Monsieur Reiser ! »
Jean-Marc Reiser répond qu’elle ment. « L’histoire de la baffe à la gare est fausse », insiste-t-il. Il parle d’exagérations chez les témoins. A propos de Catherine, à l’IRA, il note que les dépositions des autres camarades ne vont pas dans le sens de sa déclaration : « Je ne l’approchais pas à l’école ». « Oui mais elle fait venir sa famille  ! », oppose le président. « C’est totalement faux », répète Jean-Marc Reiser à son tour.
« Donc elles mentent, et vous vous dites la vérité ?, questionne Antoine Giessenhoffer. Qu’est-ce que, dans tout ce qu’on a entendu, est vrai ? » L’accusé remet en cause les déclarations des femmes qui ont été entendues comme témoin.
Selon lui, la famille de Catherine, de l’IRA, se serait adressée à « la mafia corse ». « Moi je ne connais personne de la mafia corse », confronte-t-il Jean-Marc Reiser. Quant aux pneus crevés de Catherine  ? Lui aussi a eu ses pneus crevés.
Le président de demander : « Donc finalement, rien n’est vrai dans tout ce qu’on a entendu  ? » « Il y a des choses déformées… », répond l’accusé.
Jean-Marc Reiser parle d’une voie calme. A ses yeux, il y a un phénomène de « médiatisation », de fuites orchestrées au mépris du secret de l’instruction, qui influencent les gens. Il s’étonne que des gens qu’il ne connaissait même pas parlent de lui.  
Me Gérard Welzer, avocat de la famille Le Tan, l’interroge : « Quel intérêt auraient ces femmes, 20 ou 30 ans après, à venir raconter des histoires ? » Il insiste  : « Catherine, qui est maintenant professeure des écoles, elle ment ? » « Sur les pneus crevés, oui. » « En Corse, à l’époque, on a eu des dégradations sur les véhicules car on se s’était pas fait immatriculer en 2B. » « Quelles autres choses sont fausses ? », demande encore l’avocat. « Quand elle dit que je la suivais dans les rues, à Paris.. » « Donc elle ment ? »
Me Welzer demande à Jean-Marc Reiser de lister ce qui est « faux » dans le témoignage de Catherine. « Vous l’avez insultée ou pas ? » L’accusé a du mal a établir cette liste, il réfléchit. « C’est dur de trouver », commente l’avocat. Qui insiste : « Pourquoi elle dirait quelque chose de faux  ? » « Parce qu’aujourd’hui encore elle m’en veut  ! » Il cite par exemple les propos « Ils ne trouveront pas ! » qu’elle lui a attribués.
L’avocat général Laurent Guy se tourne vers Jean-Marc Reiser. Il l’interroge sur la relation avec Jeanne, sa dernière compagne. Jean-Marc Reiser dit qu’il a « encore de l’attachement pour elle ». Il dit tristement qu’il a cru comprendre qu’elle ne l’aimait pas. Il a vu qu’elle allait « sur des sites de rencontre comme Meetic »  : « Ça fait pas plaisir ».
Lui aussi a eu des maîtresses, il en convient. Yasmine, ce n’en était pas vraiment une, plutôt « un accident ». Il explique qu’il a passé « pas mal d’années » avec certaines de ces femmes. Et qu’il n’y a pas eu que de la violence   : « On a passé de bons moments ensemble ». Certes, il y a eu des conflits « pour trois fois rien », des « suspicions de jalousie ». « Elles me soupçonnaient d’avoir des maîtresses. Moi-même, je me suis posé des questions… », dit-il.
Me Francis Metzger, avocat de Jean-Marc Reiser, demande si ces passages à la violence peuvent être reliés avec ses plus jeunes années. « Je pense que oui, j’ai pas eu une enfance normale. Quand on est élevé dans la violence, s’affirmer, c’est difficile. On se fait une carapace. Ça a pu jouer sur mon comportement ».
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18h. Jeanne, née en 1962, vivant à Lingolsheim, vient témoigner. Elle a eu une très longue relation avec Jean-Marc Reiser, de six à huit ans (huit ans dont deux ans de prison pour lui), en deux fois.
« Dès le début, la relation a été violente », dit-elle. Elle raconte ses exigences pour le menu du dîner, elle apprend qu’il a fait de la prison pour viol. Elle trouvait que les coups étaient donnés avec efficacité, pour faire mal. Elle dit que lorsqu’elle refusait d’avoir des rapports, elle « avai[t] la guerre ».
Elle parle d’un homme qui voulait « toujours décider de tout ». Elle avait l’impression qu’il n’y avait pas vraiment de sentiments. Elle parle de ce vendredi où « il avait des rendez-vous sur Le Bon Coin ». C’est confus. Pour Jeanne, les compagnes de Jean-Marc Reiser lui servaient à « se donner une apparence de normalité ».
Il est question de la lettre que l’accusé a envoyée à Jeanne, où il lui rappelle qu’il ne faut pas faire de déclarations à la légère. Où il parle de la préméditation qui pourrait lui valoir une peine lourde.
Elle pense que « Monsieur Reiser » a « des pulsions de colère vis-à-vis des femmes », lorsqu’elles ne répondent pas à l’image qu’il se fait d’elles. « Une rage qui monte », dit-elle. Mais elle avait l’impression qu’il faisait tout de même attention à ce que « ce ne soit pas trop grave » quand il frappait… « L’impression qu’il contrôlait la force de ses coups ».
Jean-Marc Reiser avait prévenu Jeanne qu’il viendrait chez elle le jeudi soir 6 septembre, et non le vendredi 7, comme d’habitude. A cause de ses rendez-vous sur Le Bon Coin… La témoin trouvait que son compagnon avait « changé » à cette période, début septembre 2018. Il semblait préoccupé. Avait-il une maîtresse ? « Tu ne connais pas mes petits secrets », lui avait-il dit.
Jeanne confirme que Jean-Marc Reiser frappait lorsqu’il était contrarié. Qu’il a démoli son canapé-lit d’une valeur de 2000 euros gagné à un jeu. Que lorsqu’elle refusait la relation sexuelle, « il n’appréciait pas ». Il frappait aussi lorsqu’il voulait la faire taire.
L’avocat Xavier Metzger lui demande si Jean-Marc Reiser » contrôle ses pulsions ». Elle répond que « la colère est parfois pulsionnelle », mais que « parfois, les violences sont faites avec la volonté de faire du mal ».
Jeanne a dit à l’enquêteur que Jean-Marc Reiser s’est mis en rage contre Sophie le Tan, qu’il s’est énervée, qu’il l’a cognée. Comme il l’a fait contre elle. Xavier Metzger l’interroge à ce sujet. Elle est invitée à qualifier ses relations sexuelles avec l’accusé. « Au début, long et passionné ; puis c’est devenu plan-plan. »
Me Pierre Giuriato, avocat de Jean-Marc Reiser, demande de nouveau à Jeanne si elle est certaine que Jean-Marc Reiser lui a dit qu’il ne pouvait pas venir le vendredi 7 septembre parce qu’il avait des rendez-vous sur Le Bon Coin. Celle-ci l’assure : « Oui, elle en est certaine, parce que ça semblait incohérent ».
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A 61 ans, Jean-Marc Reiser a passé dix-huit années de sa vie en détention. Il a fréquenté toutes les catégories d’établissements pénitentiaires depuis sa première incarcération, en 1997, dans une affaire de viols qui lui a valu une peine de 15 ans.
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17h30. Emmanuelle, assistante sociale, vient déposer. Jean-Marc Reiser était le compagnon attitré de sa copine Evelyne, la mère de sa fille, qui a déjà déposé tout à l’heure. « Il était très attiré par moi et me faisait des avances devant ma copine. » Elle allait « souvent danser au Chalet à la Robertsau ». Emmanuelle a compris un jour qu’Evelyne était « victime de violences », « elle avait des ecchymoses ».
Emmanuelle a eu une liaison avec Jean-Marc Reiser, après qu’Evelyne et lui se soient séparés. Un jour, il lui a dit : « J’ai attendu des années et je t’ai eue », une phrase très narcissique.
Evelyne est décrite « comme très intelligente, brillante ». Emmanuelle pense que « c’est pour cela que Jean-Marc Reiser a voulu la détruire ». « Elle était un peu l’objet de cet homme, un pervers narcissique », pense-t-elle.  
Emmanuelle se sentait « sous son emprise ». Elle a « le sentiment d’avoir été un trophée, qu’il a voulu ‘gagner’ ».
Emmanuelle décrit des rapports sexuels « classiques » avec Jean-Marc Reiser, « pas de choses extravagantes ». Un homme « plutôt attentionné », un « souvenir agréable ».
Jean-Marc Reiser a évoqué des relations sexuelles dans plein d’endroits incroyables et une attitude « provocante » d’Emmanuelle. Elle réfute énergiquement. Elle pense qu’il voit les femmes « comme des salopes », « en dessous de l’homme ».
Se pose la question de cet après-midi où elle s’est endormie. Un réveil où elle se sentait groggy, nauséeuse, la nuit. A-t-elle pu ingurgiter quelque chose qui l’aurait droguée ? Elle se souvient d’« une grosse fatigue ». Elle était « étonnée de le voir au réveil », étonnée « de le voir encore là avec les enfants ». Il l’aurait endormie pour abuser d’elle. Elle a reconnu les photos de sa chambre.
17h06. La cour écoute la lecture du procès-verbal d’audition de Yasmine, autre témoin.
Née en 1963 à Téhéran, doctorante en littérature comparée, elle habite à Strasbourg.
Elle a rencontré Jean-Marc Reiser au restaurant universitaire en 2015, où elle partagera souvent des repas avec lui. Ils ont fini par échanger leurs numéros de téléphone. Elle voulait seulement faire connaissance et elle pense que c’était réciproque.
Jean-Marc Reiser lui a donné des coups de main, elle l’a invité à manger iranien pour le remercier. Il a mangé « comme un cochon, très vite, une attitude dégoûtante ». Il manquait d’éducation, à ses yeux.
Yasmine ne connaissait pas d’amis à l’accusé. Elle le voyait toujours seul. Elle sait qu’il aimait le foot, qu’il allait souvent aux matches à la Meinau.
Elle le décrit comme « paresseux », « il ne voulait pas travailler ». Il ne touchait que 400 euros de l’Etat.
Elle est allée chez lui trois fois. « La deuxième fois, il voulait que je reste. Je suis restée dormir chez lui. C’était la première fois que je buvais de l’alcool. J’ai fait des bêtises. Je me suis retrouvée nue à côté de lui dans le lit, il m’a embrassée, il était dévêtu, il a caressé mon corps. Il n’y a pas eu d’acte de pénétration, seulement digitale. »
« Il a frotté son sexe contre le mien, il a éjaculé sur les draps, il ne portait pas de préservatif. Un rapport normal, rien de choquant, rien de forcé. Mais dans mon for intérieur, je n’en voulais pas. Après l’acte, ça a été comme si je n’existais plus, il m’a ignorée… » Yasmine ne faisait pas la bise à d’autre homme que son mari. Jean-Marc Reiser, dit-elle, prenait un « malin plaisir » à l’embrasser.
La troisième fois où ils se voient, au retour d’une promenade dans le massif vosgien, Yasmine a endommagé une casserole. Jean-Marc Reiser s’est mis en colère, a perdu le contrôle de manière instantanée.
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16h07. Le tribunal se connecte en visioconférence Catherine, professeure des écoles, vivant dans le Val d’Oise. Elle fut une des camarades de promotion à l’Institut régional d’administration (IRA) de Bastia, il y a 32 ans, où ils ont entamé une liaison. Elle le qualifie d’« empressé ».
« Un jour j’étais dans sa voiture, la porte était bloquée. Je lui ai dit ‘tu m’as enfermée’. De même, un midi, alors qu’on se parlait de nos vies, il m’a dit ‘je me vois comme un roi auquel on apporte des jeunes filles vierges’ ». Elle poursuit : « Un autre soir, à 23h, il s’est mis à crier : ‘Ils trouveront jamais ! Ils trouveront jamais !’. Je ne sais pas de quoi il parlait ».
Catherine évoque encore « une colère terrible », avec « des chaises en bois balancées à travers l’appartement en poussant des hurlements ». « J’étais terrorisée, je ne savais pas comment la nuit allait se finir », se souvient-elle.
L’ex-compagne parle ensuite d’un jour où il a essayé de défoncer sa porte. Elle s’est réfugiée chez un cousin de sa mère, à Bastia, en s’esquivant de l’appartement, profitant d’un moment où il était dans une cabine téléphonique. Au retour, elle a trouvé du papier toilette avec des inscriptions obscènes, collé sur sa porte. Elle a voulu déposer plainte, elle voulait dormir au commissariat, elle est rentrée en tremblant chez elle.
« Il me disait toujours des insultes à l’oreille. Il me traitait de pute. Beaucoup de lettres d’insultes et de menaces, d’amour aussi. Un jour, il a déposé une petite bague dans ma boîte aux lettres. Plus tard, il m’a dit qu’il l’avait achetée avec de l’argent qu’il m’avait volé. Que jamais il n’avait fait de cadeau à une femme… »
Le commissariat de Bastia a eu des contacts avec celui de Strasbourg et ils ont ainsi pu savoir qu’il y avait « une ombre » sur Jean-Marc Reiser. L’IRA a décidé d’envoyer Catherine à Lille. Elle a refusé, ce n’était pas à elle de partir. Sa famille s’est organisée pour l’escorter. Et un jour, un prof de sport de la salle qu’elle fréquentait a intimidé Jean-Marc Reiser et ça a cessé. Catherine raconte sa peur de l’époque. Jean-Marc Reiser surgissait n’importe quand à Bastia, dans les petites rues. Elle avait toujours un couteau sur elle.
 Leur relation n’a duré qu’un mois. Catherine décrit des relations sexuelles, « sans tendresse, sans brutalité ».
Me Gérard Welzer, avocat de la famille Le Tan, interroge : « Vous voulez rompre, et là c’est l’enfer  ? » Les policiers avaient à l’époque entendu Jean-Marc Reiser. Il leur a expliqué qu’il était « très amoureux ». Les policiers ont alors dit à Catherine que ça allait s’arranger. Même chose avec la direction de l’IRA.
L’avocat laisse entendre que l’accusé a « manipulé » aussi bien les policiers corses que la direction de l’IRA.
Il est question d’un camarade de l’IRA, qui raccompagnait Catherine à moto pour la protéger de Jean-Marc Reiser. Catherine confirme que ce dernier a dit qu’il allait le tuer.
Elle témoigne qu’elle avait « beaucoup de respect » pour le parcours de Jean-Marc Reiser, qu’il avait été facteur… Elle n’avait « aucun mépris » à son encontre.
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15h03. Evelyne, la mère de l’unique enfant de Jean-Marc Reiser, vient déposer à son tour.
Elle a rencontré Reiser en 1987, leur relation a duré dix ans. « On formait un couple. En 1992, j’ai eu une fille avec lui. » Hésitante, Evelyne peine à définir ce couple qu’ils formaient. « On n’habitait pas ensemble », pointe-t-elle.
Jean-Marc Reiser s’absentait, il aimait beaucoup les voyages. Il est aussi parti, « pour ses études », à Bastia, durant leur relation.
Cette étrange relation a pris fin en 1997, lorsqu’il est arrêté. Interrogée sur le père qu’était l’accusé, elle répond que c’était « un père à l’ancienne », « relativement absent », qui « ne partageait pas les tâches ».
Elle en vient à la violence qu’il a pu exercer sur elle. De la violence verbale  ? Oui : « Il partait en vrille, il me reprochait certains trucs et je ne comprenais pas toujours pourquoi ». De la violence physique ? Il pouvait aussi être « méchant ». « Il attrapait l’assiette et il essayait de vous la balancer à travers la figure », donne-t-elle en exemple. Elle cite ensuite une scène beaucoup plus dure : quand elle est tombée la main sur la gazinière et que sa tête a heurté un meuble. « Quand on a des bagarres comme ça, il vaut mieux faire profil bas », lance Evelyne.
L’ex-compagne raconte encore un autre épisode : dans une chambre, il l’a jetée sur un lit, lors de vacances ; puis a voulu la frapper, dehors cette fois, devant des gens. « Monsieur Reiser avait un couteau en main », commente-t-elle. « Il est parti lorsqu’il a appris que ces témoins avaient appelé les gendarmes ».
Evelyne n’avoir pas été surprise de la mise en cause dans l’affaire Sophie Le Tan. Elle ressent en même temps  le sentiment que cette affaire lui a ouvert les yeux. D’évoquer l’emprise, en ces termes : « Monsieur Reiser, vous ne pouvez pas le quitter, c’est lui qui vous quitte ».
Me Gérard Welzer, avocat de la famille Le Tan, interroge Evelyne sur l’une de ses paroles suite à la découverte des restes de Sophie Le Tan : « Il fallait qu’ils la retrouvent, car Reiser aurait encore risqué de s’en sortir… ». « C’est vrai qu’il y a une affaire dans laquelle il s’en est sorti, c’est la disparition de Françoise Hohmann », poursuit l’avocat. Le président Antoine Giessenhoffer « Ah non, on n’en parle pas de l’affaire Hohmann, il a été acquitté ».
A la demande de l’avocat général, Laurent Guy, elle explique que les colères de Jean-Marc Reiser retombent  : « Il partait, mais quand il revenait, il était normal ». « Il s’excusait, raconte-t-elle, mais en disant ‘Tu m’as mis hors de moi’, c’était donc normal qu’il ‘pète un câble’, selon lui. »
Est-ce qu’il compartimentait sa vie ? Evelyne répond « oui », elle parle de « casiers ». Elle dit n’avoir jamais rencontré les gens que Jean-Marc Reiser fréquentait.
Sur une question de Me Pierre Giurato, avocat de Jean-Marc Reiser, sur les accès de colère et la violence : « Forcément, il se contrôlait, ça ne durait pas des heures et des heures, ça durait le temps d’une bagarre ».
Elle liste des voyages qu’ils ont faits ensemble. Mais elle ajoute qu’il y a eu aussi beaucoup de vacances, toutes celles à l’étranger, qu’il a faites sans elle, seul. « Plusieurs semaines chaque année. L’Inde, le Pakistan, l’Indonésie, la Thaïlande… »
Me Francis Metzger, avocat de la famille Le Tan, demande à Evelyne pourquoi elle a répondu, à la question des enquêteurs sur son refus d’habiter avec Jean-Marc Reiser, « je ne l’aimais pas ».
Ce dernier va plus loin, et elle répond  : « Je suis certainement tombée amoureuse de lui, sinon je n’aurais pas fait une fille avec lui… Il correspondait à celui que je voulais comme père… »
Me Francis Metzger livre son sentiment, à l’écoute de toutes ces femmes : « Aucune d’elles ne l’a aimé ». A l’invitation de Me Xavier Metzger, collaborateur de Me Francis Metzger, Evelyne confirme qu’il n’y avait « pas de violences sexuelles » de la part de Jean-Marc Reiser.
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14h23. Nathalie, née en 1964, a été compagne de Jean-Marc Reiser il y a 36 ans.
Elle avait un job d’été de factrice, avenue de la Marseillaise à Strasbourg [l’accusé y a travaillé comme facteur de 1979 à 1989]. « Il a voulu qu’on sorte ensemble, je n’étais pas motivée, mais il était de plus en plus pressant. J’ai dit ‘oui’ pour avoir la paix. »
Elle parle ensuite d’une relation faite de « manipulation ». « J’étais prise en étau, j’avais envie de le quitter au bout de quelques jours. Je sentais bien que ça allait être difficile de m’en dépêtrer », poursuit-elle.
Elle détaille un épisode  : après avoir été « embarquée » dans sa voiture, pour une « promenade nocturne » qui l’a terrorisée, elle a « cherché à partir », mais il l’en a « empêchée », il lui a « serré le cou ». Elle parle d’une « arme » qui se trouvait là. Elle finit par passer la nuit dans le salon. Avec le recul, maintenant, elle se dit « pourquoi je ne suis pas partie  ? »
Jean-Marc Reiser parlait à Nathalie comme de la « femme de sa vie ». « J’étais le messie », dit-elle, précisément parce qu’elle s’appelait « Nathalie ». Lui « semblait donner une dimension mystique à ce prénom ». Au bout de quelques semaines, « heureusement », le contrat de Nathalie à la Poste prend fin. L’occasion de sortir d’entre « ses pattes, ses griffes ».
Dans l’attente de reprendre ses études, à Brest, en géologie, Nathalie se « terre » chez ses parents. Elle est « terrorisée », rapporte-t-elle. Avant son départ pour la Bretagne, en gare de Strasbourg, quelqu’un s’approche d’elle par derrière et la gifle. C’était lui. « J’ai eu peur dans la rue pendant dix ans » après cette histoire, glisse-t-elle.
Un soir à Brest, elle entend quelqu’un marcher sur les gravillons, alors qu’elle était dans sa chambre d’étudiante. « Je savais qui c’était… » Elle parle d’un « harcèlement » pendant une semaine. Il était là tout le temps.
C’est un processus « d’enfermement » que Nathalie décrit. Il l’isolait de ses parents. Elle devait trouver une cabine téléphonique pour leur parler. Les proches de Nathalie lui disaient de partir. Mais il y avait ce boulot, à La Poste, dit-elle. Nathalie a évoqué une relation « pornographique » avec lui. Elle précise : « Relations physiologiques, sans tendresse ». « C’était pas de l’amour », mais « des relations dominant/dominée ». L’ex-compagne semble très marquée par cette histoire, au point d’en avoir inconsciemment oublié des fragments.
Me Gérard Welzer, avocat de la famille Le Tan, lui demande des précisions sur sa déclaration ; elle répond : « La paix, je ne l’ai toujours pas ». Elle est émue : « Vous croyez que j’ai envie d’être ici ? J’ai envie d’être aphone ! A quoi ça sert de parler ! » Elle rappelle qu’elle a déjà témoigné dans un procès précédent [pour deux viols en 1995 et 1996]. Le témoignage de Nathalie évoque emprise et souffrance.
Me Francis Metzger, avocat de Jean-Marc Reiser, titille le témoin à propos de ses déclarations. Elle a dit qu’elle était sûre que, dans la forêt, il n’allait pas la tuer, « parce qu’il l’aimait ». Mais en même temps, elle dit qu’elle avait peur qu’il la noie. L’avocat souligne la contradiction. N’a-t-elle donc pas reconstruit le portrait d’un homme à l’aune des faits présumés qui l’envoient devant les assises ?
Nathalie, interrogée par les avocats de la défense, décrit des relations sexuelles douloureuses, par force.
14h15. Sarah, née en janvier 1961 à Ingwiller, raconte sa relation avec un homme « imprévisible », qui « explosait d’un coup », parfois violent contre elle ou contre des objets. Elle a dû partir en cachette. Elle a fini par déposer une main courante.
Elle raconte qu’il l’a menacée avec un couteau, et qu’il l’a frappée avec ses poings. Elle dit aussi qu’il partait des nuits entières, qu’il rentrait au matin avec une odeur tenace, une odeur d’hôpital. Au lit, Jean-Marc Reiser n’était « pas un foudre de guerre », il était conventionnel.
La témoin raconte qu’« il adorait voyager ». Elle se souvient d’excursions au Pays basque, à Venise. Dans la cité des Doges, ça s’est mal passé avec un chauffeur de taxi, Jean-Marc Reiser avait été violent avec lui.
Sarah se dit « certaine » de la « culpabilité » de Jean-Marc Reiser.
14h. L’audience va reprendre. La cour fait son entrée. Cet après-midi, doivent venir déposer quatre femmes.
12h15. L’audience marque une pause, elle reprendra à 14h.
12h. Maître Pierre Giuriato, avocat de Jean-Marc Reiser, interroge le témoin sur l’inscription de Jean-Marc Reiser pour cette soirée du 7 septembre 2018.
Au premier jour du procès, Jean-Marc Reiser, jugé pour l’assassinat de Sophie Le Tan [c’est-à-dire un meurtre prémédité], a campé sur sa position : il a redit que la jeune femme est morte sous ses coups, tout en contestant l’intention homicide et la préméditation.
Une femme avec laquelle Jean-Marc Reiser a été en contact sur le forum du Guide du routard évoque le projet de voyage de celui-ci  : « Il cherchait une coéquipière pour partir en voyage en Asie ». L’accusé utilisait le pseudo “Oiseau de paradis”.
11h42. Un témoin qui a connu Jean-Marc Reiser via l’association On va sortir (OVS) évoque sa relation particulière aux femmes. « Pour lui, la rencontre avec une femme n’est pas interactive. C’est ‘moi je’. Mais ça ne correspond pas à un macho typique. »
Le 7 septembre 2018, jour de la disparition de Sophie Le Tan, Jean-Marc Reiser s’était inscrit à une soirée rencontre organisée par OVS, mais il n’est pas venu. Le témoin avoue que Jean-Marc Reiser ne lui avait pas fait bonne impression. « C’est un peu comme s’il cloisonnait totalement son existence. »
On m’a présenté comme un monstre, je pense que ça a influé sur le témoignage de beaucoup de monde
11h. Sur sa vie en détention  : « Quand je suis arrivé à la maison d’arrêt de Strasbourg, les trois quarts des détenus voulaient me faire la peau. Même certains surveillants me font la misère. »
« Quand on m’a arrêté, on m’a désigné comme le coupable et on m’a jeté en pâture aux médias. » [En réponse à une question de Maître Gérard Welzer, avocat de la famille Le Tan]Sur les tentatives de cambriolages dans des cliniques vétérinaires à Hoenheim et Strasbourg en 2012 et 2016, Jean-Marc Reiser conteste avoir recherché des anesthésiants. Sur son ordinateur a été retrouvée la trace d’une commande de chloroforme en Belgique. « J’ai sniffé ça par curiosité, mais ça donnait mal à la tête. Il m’est aussi arrivé de prendre de la cocaïne et de fumer du haschich. Je buvais beaucoup d’alcool aussi ».
«On m’a présenté comme un monstre, je pense que ça a influé sur le témoignage de beaucoup de monde. »
10h49. Lorsqu’il est arrêté en 1997 dans le Doubs, les douaniers trouvent une arme volée dans son véhicule. « Je ne me sentais pas très bien dans l’Education nationale. C’est l’époque où j’avais prévu mes premiers vols à main armée. J’ai toujours aimé les armes. Mon père m’avait initié dans ma jeunesse au stand de tir de Niederbronn-les-Bains. »
Questionné sur les photos de femmes dénudées et pénétrées sexuellement par des objets découvertes dans son coffre, il évoque « des mises en scène consenties pour au moins deux d’entre elles ». La troisième a eu lieu sur sa maîtresse pendant son sommeil et a entraîné une condamnation pour viol.
Il conteste le viol de l’autostoppeuse allemande en Gironde à l’été 1995 [viol pour lequel il a été condamné]. « Je suis réellement innocent dans cette affaire », insiste Jean-Marc Reiser.
10h38. A propos de son parcours professionnel à la sortie de l’Institut régional d’administration (IRA) de Bastia, où Jean-Marc Reiser a étudié en 1990-1991 : « La vie parisienne, je la trouvais trop trépidante, c’était pas pour moi. C’est pour ça que j’ai choisi un poste dans l’Education nationale [en province] ». En 1995, il devient cadre au Centre régional des œuvres universitaires et sociales (Crous), à Strasbourg.
Jean-Marc Reiser est très disert sur son parcours professionnel.
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Élevé dans un contexte familial difficile, Jean-Marc Reiser a vécu un début de scolarité chaotique. Mais, intelligent et cultivé, il a su décrocher des concours et se sortir de sa condition.
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10h24. L’interrogatoire de Jean-Marc Reiser a commencé.
« J’ai plusieurs précisions à apporter. Malgré la durée des entretiens, je trouve que son rapport [celui de l’enquêtrice] est assez parcellaire », dit-il.
« A la Poste [où il a travaillé comme facteur de 1979 à 1989], nous étions 180 et je connaissais presque tout le monde. Elle s’est contentée d’interroger deux personnes qui l’avaient déjà été par les policiers. » « C’est pareil pour mes études. Elle n’a parlé qu’avec des personnes qui avaient des choses négatives à dire sur moi. Je trouve que cette enquête de personnalité était à charge. »
Sur son père : « Il lui arrivait souvent de rentrer ivre et de lever la main sur ma mère. Je m’interposais ». Sur les violences qu’il a subies  : « Ça a commencé à Sainte-Marie-aux-Mines, ça a continué à Niederbronn-les-Bains. J’ai été battu par mon père et par mon grand-père maternel. » 
« On m’a orienté vers un BEP à Schiltigheim. J’ai habité à Strasbourg. Ça m’a fait un petit choc d’être en ville. J’étais habitué à la campagne, à la forêt. J’ai eu un peu de mal à m’habituer à la vie citadine. »
Il éprouve de la satisfaction à ce que l’attention soit portée sur lui
L’enquêtrice de personnalité
9h36. L’enquêtrice de personnalité a noté que Jean-Marc Reiser « se complaît à se raconter. Il éprouve de la satisfaction à ce que l’attention soit portée sur lui. Il a une haute estime de lui-même. Il parle avec fierté de son parcours dans l’enseignement supérieur. »
Elle le décrit comme « un père peu investi » avec sa fille née en 1992. Il est entré en prison quand sa fille avait 5 ans. Lorsqu’il a recouvré la liberté, sa fille était majeure. Cette incarcération correspond à sa peine de 15 ans de réclusion pour viols
9h18. L’enquêtrice de personnalité qui a rencontré Jean-Marc Reiser trois fois trois heures en détention dépose à la barre. Elle détaille l’enfance de l’accusé. « Il était plus proche de sa mère que de son père. »
Certaines de ses compagnes successives ont fait part à l’enquêtrice de personnalité des violences qu’elles avaient subies au sein du couple. Aucune n’a en revanche fait état de violences de nature sexuelle. 
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A 61 ans, Jean-Marc Reiser a passé dix-huit années de sa vie en détention. Il a fréquenté toutes les catégories d’établissements pénitentiaires depuis sa première incarcération, en 1997, dans une affaire de viols qui lui a valu une peine de 15 ans.
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8h45. Il sera question ce mardi de la personnalité de Jean-Marc Reiser, avec l’interrogatoire de l’accusé ce matin et les témoignages d’anciennes compagnes cet après-midi.
8h30. Bonjour, et bienvenue dans ce direct consacré à la deuxième journée d’audience du procès de Jean-Marc Reiser devant la cour d’assises du Bas-Rhin.
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