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Le produit Ecowatt
Photo : Radio-Canada / La facture
Ces derniers mois, les réseaux sociaux louangent les avantages d'EcoWatt, un gadget de 70 $ qui permettrait de réduire la facture d'électricité de moitié. Une aubaine? Nous l'avons vérifié. Il s'agit d'une arnaque sur toute la ligne.
Un texte de Jean-Luc Bouchard, de l’émission La facture 
Edyth Morissette n’est pas une habituée des réseaux sociaux. Elle n’est pas non plus du genre impulsif. Pourtant, au printemps dernier, elle s’est surprise à prendre une décision qu’elle allait aussitôt regretter.
En naviguant dans sa boîte de messagerie, elle est attirée par une publication accrocheuse. EcoWatt, un appareil incroyable, réduit la facture d’électricité de moitié. Intriguée, elle clique sur le lien pour être dirigée vers un blogue techno, Super Gadgets.
En tête de page, la photo d’un petit boîtier qui se branche dans une prise électrique et ces mots : « Les grandes compagnies électriques veulent vous cacher cet appareil de réduction de consommation ».
Le blogueur qui aurait découvert ce produit européen révolutionnaire se présente comme Philippe Bonnet, père de famille et électricien. Edyth, elle-même mère de deux enfants, est séduite par les valeurs du blogueur. Sauf que l’histoire de Philippe Bonnet est fausse, tout comme ses prétentions.
Edyth Morissette
Photo : Radio-Canada / La facture
« Ça m’a interpellée. On a reproduit des belles courbes […], qui montrent qu'il y a une économie d'énergie », raconte Edyth Morissette.
« Très rapidement, j’ai cliqué sur la page, où je pouvais acheter le produit. De ma lecture de la publicité jusqu'à ce que j'envoie mon numéro de carte de crédit, ça a peut-être duré une quinzaine de minutes. Ça s'est fait vite. »
Pourquoi Edyth Morissette est-elle tombée dans le piège? Tous les éléments du site sont construits pour convaincre les consommateurs. Des arguments-chocs, des commentaires mirobolants en fin d’article, une vidéo éloquente qui inclut même des factures d’Hydro-Québec. Rien n’est laissé au hasard. Pas même la date limite pour se procurer EcoWatt à prix réduit, qui se met à jour quotidiennement.
Mais ce travail de persuasion n’est pas sans failles. En seulement quelques clics, le chroniqueur web Jeff Yates a soulevé plusieurs drapeaux rouges sur la légitimité du site.
D’abord, l’histoire de l’électricien Philippe Bonnet, père de trois enfants, est reprise sur d’autres faux blogues en différentes langues. Par exemple, Philippe Bonnet devient James Davis aux États-Unis. Même scénario, noms différents.
Autre drapeau rouge, les utilisateurs ne peuvent pas écrire de commentaires, même si on en retrouve une vingtaine sur la page, tous positifs. Impossible aussi de cliquer sur d’autres onglets du blogue. L’internaute est limité à la page d’EcoWatt et à celle qui mène vers l’achat de l’appareil.
Selon Jeff Yates, chroniqueur web à Radio-Canada, il s’agit d’un bel exemple d’une technique de marketing éprouvée, mais parfois utilisée à des fins malhonnêtes : le marketing d’affiliation.
« Il y a deux acteurs là-dedans. D’abord, on retrouve un site déguisé en blogue techno, qui est en fait une publicité. Peu importe où l’on clique, ça nous amène au site pour acheter l'objet. C'est une entente de marketing », explique le chroniqueur web.
« Les personnes derrière le faux blogue font de l'argent chaque fois qu'ils envoient un client acheter le produit EcoWatt. »
Contre toute attente, quelques semaines après avoir effectué la transaction, Edyth Morissette reçoit son gadget EcoWatt. Faux blogue, produit bidon? C’est l’occasion de le tester avec un expert.
Le reportage de François Sanche, Jean-Luc Bouchard et Martin Jolicoeur est diffusé le 11 septembre à l’émission La facture sur ICI TÉLÉ.
Entre en scène Frédéric Sirois. L’ingénieur et professeur titulaire au Département de génie électrique de Polytechnique Montréal s’est prêté au jeu de l’analyse du produit. Déjà, au moment où il reçoit l’EcoWatt, il met en doute les données techniques inscrites sur l’étiquette du boîtier. Sans compter que le poids de l’appareil est suspicieusement léger.
L’animateur de «La facture», François Sanche, et l’ingénieur Frédéric Sirois constatent que la boîte est vide.
Photo : Radio-Canada / La facture
« Il n’y a pas grand-chose là dedans! On a un peu d’électronique de base pour alimenter les DEL. Ici, il y a un élément qu'on appelle un condensateur, mais il est si petit qu’il n'a aucun impact à l'échelle d'une consommation domestique. »
En laboratoire, notre expert exécute une expérience simple, mais qui laisse peu de place au doute. Une ampoule de 50 watts est branchée à un appareil qui simule le compteur électrique.
Frédéric Sirois teste l’EcoWatt en laboratoire, en compagnie de François Sanche.
Photo : Radio-Canada / La facture
Dès qu'on allume l’ampoule, la consommation est bien de l’ordre de 50 watts. Selon les déclarations de l’électricien fictif Philippe Bonnet, EcoWatt devrait réduire significativement le chiffre au compteur. Frédéric Sirois branche le boîtier. Rien ne bouge.
« L'appareil est censé réduire la consommation de puissance, et ce qu'on voit, c'est qu'il n'y a aucune différence […]. C'est un appareil totalement inutile. C'est de l'argent perdu. Une arnaque. »
Pourtant, la vidéo promotionnelle présentée sur le blogue Super Gadgets montre que dès que l'on branche l’appareil, une aiguille passe de 0,6 à moins de 0,4, sans plus de précision sur l’unité de mesure.
Frédéric Sirois, professeur titulaire au Département de génie électrique de Polytechnique Montréal
Photo : Radio-Canada / La facture
« La mesure qui est présentée n'en est pas une de puissance électrique. Donc, ce n'est pas la mesure qui sert à vous facturer au compteur. On peut effectivement induire de fausses attentes en présentant des données qui ne sont pas les bonnes », explique le professeur Sirois.
Pour Frédéric Sirois, aucune place au doute. EcoWatt ne sert à rien. Mais dès que l’achat est confirmé, les consommateurs qui veulent se faire rembourser ont du pain sur la planche.
Les compagnies de crédit hésitent à rembourser leurs clients lorsqu’il s’agit d’un cas de représentations trompeuses. Visa Desjardins, par exemple, explique que le client doit d’abord tenter de s’entendre avec le commerçant.
Dans le cas d’EcoWatt, l’entreprise est basée en Estonie. Si le consommateur ne reçoit pas de réponse fructueuse, il peut demander la rétrofacturation de son achat sur son compte de crédit, mais non sans peine. Il doit notamment fournir une expertise pour démontrer que le produit ne fonctionne pas. Un lourd fardeau pour un appareil à 70 $.
Comme le rappellent le Centre antifraude du Canada et le Bureau de la concurrence, le meilleur moyen de se prémunir contre ce type d’escroqueries est encore de les détecter avant d’acheter.
De simples vérifications sur l’intégrité du site web et du commerçant peuvent éviter aux consommateurs de tomber dans le panneau de l’arnaque en ligne et de la publicité mensongère.
Le site d’EcoWatt
Photo : Radio-Canada / La facture
Le Bureau de la concurrence encourage les personnes qui estiment avoir été induites en erreur lors d’un achat à communiquer avec lui et à formuler une plainte en fournissant le plus de renseignements possible.
À l’ère des transactions en ligne, Edyth Morissette espère au moins que son expérience permettra de sensibiliser les consommateurs à prendre les bonnes décisions devant ce type de stratagème. Sa détermination a d’ailleurs été mise à l’épreuve alors que la compagnie derrière EcoWatt lui proposait un nouveau produit : un climatiseur portatif. Cette fois, l’offre n’a pas trouvé preneur.
Ni les responsables de l’entreprise derrière EcoWatt ni les administrateurs du blogue Super Gadgets n’ont répondu à nos questions.
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