En Chine, les « hôtels à porcs » se multiplient pour répondre à la demande croissante des consommateurs et s’adapter aux épidémies qui ravagent le bétail.
Il était une fois, trois petits cochons qui vivaient avec leur maman dans une petite maison… Correction. Il était une fois, 600 000 porcs entassés dans une méga-ferme en béton de 26 étages. Avec ça, le loup n’a qu’à bien se tenir.
Construire le « site d’élevage porcin le plus haut du monde », telle est l’ambition de la Hubei Zhongxinkaiwei Modern Farming Co. Ltd., une société chinoise qui prévoit de démarrer la production à la fin du mois d’août. Situé près de la ville d’Ezhou, en Chine, le lieu comprendra deux structures de 400 000 mètres carrés, équipées de machines d’alimentation automatisées et de systèmes intelligents de filtration et de désinfection de l’air. L’objectif : produire 54 000 tonnes par an de porc dans chacun des deux bâtiments.
De l’extérieur, le futur « hôtel à cochons » n’a pourtant rien d’une ferme ou d’une étable, loin de là. Cet imposant rectangle couleur guerre froide est néanmoins destiné à assouvir l’appétit croissant des Chinois. En effet, l’Empire du Milieu est à la fois le premier fournisseur et le premier consommateur de porc au monde, et la demande devrait passer de 51,77 millions de tonnes à 60,77 millions de tonnes au cours des dix prochaines années, selon les estimations officielles.
Mais le rendement n’est pas le seul objectif qui explique la construction de ces HLM pour gorets. En effet, les agriculteurs et les consommateurs chinois ont subi, outre le Covid-19, de nombreuses épidémies qui ont ravagé le bétail. Ainsi, la peste porcine africaine a causé plus de 200 millions de décès annuels, entraînant une hausse record des prix de la viande ainsi que la disparition d’une multitude de petites exploitations traditionnelles.
Some companies in China are putting pigs in multi-story « hog hotels » to keep them from getting sick https://t.co/j2S8ax7p8k pic.twitter.com/2jnbvhL4B7
Pour éviter les risques de transmission, les hauts responsables de la réglementation agricole ont classé en 2021 le pays en cinq zones géographiques et suggéré de ne pas transporter le bétail d’une zone à l’autre, tandis que les autorités régionales ont encouragé une augmentation des capacités locales pour faire face à la demande. En 2019, le ministère de l’Agriculture et des Affaires rurales a même levé les restrictions sur la construction de fermes porcines à plusieurs étages.
En 2020, le Guardian s’est rendu à quelques kilomètres au sud de la ville de Guigang pour découvrir l’un des complexes appartenant à la société Yangxiang, fer de lance de l’industrie porcine en Chine. Comme le rappelle le journal d’information britannique, « l’approvisionnement alimentaire de la Chine dépendait autrefois des petites exploitations, mais avec l’explosion de la demande de viande et l’augmentation des risques de maladies animales, l’ancien système est mis à rude épreuve ». D’où l’avantage des méga-fermes : « Ici, les normes de biosécurité sont très élevées et les systèmes de nettoyage et d’élimination sophistiqués ». Alors que « les entreprises en Chine ont perdu environ la moitié de leurs animaux [avec la peste porcine africaine, ndlr] », Yuanfei Gao, vice-président de Yangxiang, explique au Guardian que sa société a «  réussi à les contenir à 10 % ».

 
Animal welfare advocates have a new horror: China’s high-rise “hog hotels.” pic.twitter.com/ICEOXLtlK8
Mais qu’en est-il du bien-être des animaux ? Dans les fermes de Monsieur Gao, les porcs sont confinés à un seul étage pendant toute leur vie pour éviter d’être contaminés et certains chercheurs estiment que l’espace limité, les sols en béton, l’impossibilité de s’enraciner et de manifester d’autres comportements naturels, ainsi qu’un sentiment permanent de frustration, peuvent entraîner une baisse de l’immunité des cochons.
 

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