Ce film est le récit de plusieurs maternités possibles et impossibles. Les voir incarner, raconter sur grand écran est une bonne façon de commencer 2023.
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Sachant que l’année écoulée fut pour Marina Foïs particulièrement riche. Entre un thriller espagnol, intitulée “As Bestas”, une comédie hors norme, “l’année du Requin”, qu’on pourrait résumer en disant qu’il s’agit des dents de la mer à Arcachon. Et le tournage d’un film aux côtés d’Isabelle Huppert.
Cet éclectisme est guidé par ses goûts de spectatrice, qui fréquente régulièrement les salles de cinéma et par un viatique aussi, énoncé par Depardieu Gérard et le voici : “il faut savoir se rendre disponible”.
Une enfance avec un grand-père baroque
Quand Rebecca Manzoni demande à la comédienne ce qui la façonnée, elle répond : “Mon grand-père Paolo Foïs était un architecte italien. Un homme d’une fantaisie dingue. Il peignait des visages sur les rochers, dans la forêt, autour de la maison. Très fantasque, il pouvait décider tout d’un coup à trois heures de l’après-midi d’aller distribuer des bonbons dans le village. Donc il enlevait son dentier, le mettait sous le siège de la voiture, prenait des sacs de bonbons de deux kilos que l’on jetait dans le village ! Je l’ai beaucoup aimé, et c’était réciproque. Il a beaucoup compté dans ma vocation artistique et dans mon goût du cinéma.
Maintenant, je suis adulte, je mesure l’importance d’être issue d’une famille multiculturelle, d’être un pur produit de l’immigration, même s’il s’agit d’une immigration invisible parce que blanche et bourgeoise. Je ne viens que de gens exilés. Je suis peut-être plus attiré par l’étranger que d’autres. Je suis prête à toutes les aventures hors frontières. Je crois que j’ai besoin vraiment du mélange et du dépaysement.”
Une puissante détermination à devenir actrice
“Toute petite, j’ai dit que je voulais être actrice. À 16 ans, j’ai eu la possibilité d’aller jouer Agnès dans L’École des femmes à Toulouse. Cela impliquait de quitter le foyer, pour aller vivre avec des adultes. Je ne comprenais pas à l’époque ce que ça pouvait avoir d’inquiétant pour des parents. On s’est beaucoup clashés, et j’ai dû me battre pour obtenir le droit de partir. Ma mère raconte que j’ai cessé de la regarder et que pour elle, ça a été terrible. Au bout d’une semaine, mon père et elle ont compris que cette opportunité était trop importante pour moi, qu’il fallait qu’ils laissent leur inquiétude de côté et me laissent partir. C’était l’heure pour moi de les quitter.”
Une formation dans une école dont elle ne veut pas dire le nom
Marina Foïs explique : “Je ne dis pas le nom de l’école, mais c’était un prénom. Je détestais son patron. Il m’a renvoyée en disant que je jouais si mal que je ne ferai rien comme actrice à part peut-être de la figuration dans Hélène et les garçons, qui était vraiment le sitcom bas de gamme à l’époque. Au-delà de la méchanceté, c’est tellement bête de la part d’un directeur d’école ou d’un pédagogue de dire l’avenir d’un jeune, de décider de ce qu’il sera ou ne sera pas. Si tu n’as pas appris de tes années d’enseignement, que l’on ne sait jamais ce que vont devenir les gens, alors tu es un abruti. Cela ne m’a pas découragée, car j’avais une détermination presque anormale, un désir si fort, que personne n’aurait pu le freiner. Peut-être que Nada Strancar et Isabelle Nanty, que j’avais eues comme professeures, m’avaient suffisamment consolidée.
Le précieux conseil d’Isabelle Nanty
Marina Foïs se souvient : “Elle était une prof géniale de théâtre. Je me souviens à l’époque que je passais de classe en classe. J’allais voir comment les professeurs travaillaient. Dans son cours, les gens jouaient tous différemment, comme il était. Je me suis dit que cela devait être cela être acteur. Au-delà des comédiens, je voyais des gens, et ça m’a plu. Je suis restée dans son cours. Un jour, elle a dit : “La confiance en soi n’existe pas, c’est de la merde. Personne n’a confiance en soi, et c’est la fausse question. Il faut seulement qu’à un moment le désir soit plus fort que la peur, C’est tout”. Donc quand j’ai peur, je consulte mon désir, je lui donne plus de place qu’au reste. Et alors la machine se remet en marche et je surmonte mon appréhension.”
Le mystère et la complexité des personnages
Marina Foïs reconnaît qu’elle aime ce qu’elle ne comprend pas. Elle apprécie “que certaines questions restent sans réponse. Je trouve ça plus sexy. La vie est belle quand elle est mystérieuse. Un jour, j’ai lu une interview d’Isabelle Huppert qui disait à peu près : “Dans la vie, il y a des moments où on agit et il y a des moments où “on est agit””. Il y a des instants où on ne comprend pas nos réactions, nos émotions, mais qui sont intéressants à mettre en scène. Si un metteur en scène a envie de quelque chose, et que nous, en interprétant le personnage, on ne comprend pas, ce n’est pas une raison suffisante pour ne pas le faire. Ce qui est chouette en pratiquant ce métier sur de longues années, c’est qu’on apprend à lâcher prise à plein d’endroits. Je pense que c’est la partie la plus intéressante du travail.
J’ai un souvenir alors que j’étais élève de théâtre, avec Nada Strancar. C’est une grande actrice et une prof géniale. Et on travaillait à la tragédie classique. Elle m’avait dit : “Quand tu joues une tragédie, il faut que tu trouves le comique du tragique. Et à l’inverse, quand tu joues quelque chose de léger ou de drôle cherche le tragique”. Et si la vie n’est pas intéressante à l’endroit où elle est contrastée, alors je n’y comprends rien. Le plus intéressant chez l’humain, c’est sa complexité et ses paradoxes. C’est ce qui est intéressant à jouer. Et comme jouer, c’est restituer quelque chose qui ressemble à la vérité. La vérité, est parfois opaque, et complexe.”
Une admiration pour Isabelle Huppert
Pour Marina Foïs : “Cette actrice est très intelligente. Ça se lit dans ses choix de films, dans la façon dont elle joue… On n’est pas forcément obligé d’être une très grande actrice pour parler très bien de ce métier ou du cinéma. Elle, elle fait les deux. Plus je la connais, plus je l’aime, mais aussi plus je l’admire. Il y a du génie en elle.”
Actrice
Honnête l’actrice avoue : “Bien sûr, comme actrice, j’ai besoin qu’on me propose des choses, de sentir le désir des autres, peut-être plus qu’une personne normale. On ne choisit pas d’être acteur en se disant qu’on se fiche du regard des autres. Ce n’est pas vrai. Ensuite je n’ai pas de méthode et je n’ai pas envie d’en avoir.
Je veux avoir la technique adaptée à tel metteur en scène là pour un film précis. Ce qui me plaît, c’est de m’adapter. Je suis interprète : l’un intermédiaire entre le metteur en scène et le public. C’est intéressant d’être le plus modulable et le plus transformable possible. Il n’y a pas une manière unique de faire.”
La dureté du personnage de Cet été là
Sur ce rôle de mère dans Cet été là : “Cela a été facile à jouer, car j’ai en moi une dureté que mon entourage me raconte. C’est quelque chose qui me dépasse, que je subis. Quand j’ai lu ce scénario, je me suis dit que j’allais pouvoir expier ma propre dureté. J’ai ce travers, que je peux comprendre, de me renfermer sur moi. Mais je crois que je m’adoucis avec les années. À un moment ce personnage dit : “Je ne peux plus répondre à vos attentes et laissez-moi ce temps de rien, de ce temps de parenthèse”. Et je crois que c’est un truc que toutes les femmes qui sont devenues mères peuvent comprendre”
La suite est à écouter…
LIL NAS X – Montero
BENJAMIN BIOLAY – Les joues roses
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