Que diriez-vous de pouvoir acheter une maison neuve conçue selon vos moindre désirs, livrée en un quart du temps qu’il faut normalement pour construire une maison neuve, tout en laissant la moitié de l’empreinte carbone comparé aux autres types de construction ?
Alors que les Américains sont acculés par une pénurie de logements, une entreprise fondée et dirigée par des Israéliens à San Mateo, en Californie, Veev, promet de faire exactement cela, en réinventant la construction préfabriquée grâce à de nouvelles façons d’assembler les maisons plus rapidement, de façon plus écologique et plus efficace que de nombreux autres types de méthodes de construction.
Veev, l’une des rares licornes présentes dans le secteur des technologies de construction, a débuté en 2008 en tant que gestionnaire d’actifs immobiliers. Elle a pivoté il y a environ cinq ans, abandonnant son nom initial – Dragonfly Group – en cours de route. Aujourd’hui, elle est en charge de construire un certain nombre de projets haut de gamme dans le nord de la Californie, et envisage de se lancer dans des projets plus importants dans le sud du Golden State ainsi qu’au Texas. La société a bénéficié d’un investissement de 400 millions de dollars en mars pour étendre ses activités aux États-Unis et renforcer son équipe de recherche et développement de 100 personnes à Tel Aviv.
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Si les matériaux utilisés pour construire les maisons ont changé au fil du temps, de nombreux autres aspects du processus de construction sont restés les mêmes depuis des centaines d’années. Ce processus très fragmenté implique l’intervention d’au moins une dizaine de sous-traitants et d’environ 200 ouvriers sur un chantier standard, chacun s’occupant d’un aspect différent de la maison, de l’excavation à la charpenterie, en passant par l’éclairage et jusqu’à l’aménagement paysager. Chaque corps de métier a ses propres matériaux de construction et son propre agenda. Dans le meilleur des cas, chacun se préoccupe de fournir un travail de qualité pour sa partie, mais ne considère pas le projet dans son ensemble.
Les fondateurs de Veev ont passé des années à rechercher des innovations sur le marché et à repenser le processus de construction d’une maison.
Les maisons modulaires préfabriquées font partie du paysage américain depuis près d’un siècle et se répandent dans le monde entier. Le marché des maisons préfabriquées devrait atteindre quelque 153,7 milliards de dollars d’ici 2026, la demande la plus forte étant enregistrée aux États-Unis et en Chine, suivis du Japon, du Canada et de l’Allemagne. Le marché nord-américain connaît une croissance de 2 % par an et est estimé actuellement à 10 milliards de dollars par an, avec 934 entreprises travaillant dans ce secteur.
Mais les maisons préfabriquées sont également stigmatisées comme étant fabriquées à bas prix, sans charme et d’un standing inférieure aux maisons construites de façon traditionnelle. Veev a renversé cette idée préconçue : la société affirme qu’en intégrant verticalement le processus de construction des maisons et en construisant une grande partie de celles-ci en usine, elle peut fournir une maison de haute qualité, rentable et durable plus rapidement que la concurrence.
Pour ce faire, Veev pré-construit les murs des maisons dans son usine, y intègre la plomberie et le câblage, et texturise les finitions des murs. Les panneaux, qui sont facilement personnalisables, sont ensuite transportés sur le site de construction, où ils s’assemblent comme des Lego.
Veev crée ses murs à partir d’une ossature en acier et en aluminium et d’un revêtement haute performance qui est généralement utilisé pour construire les salles d’opération des hôpitaux.
Les panneaux qui en résultent sont plus résistants que les murs traditionnels, affirme la société, et peuvent être texturés et imprimés dans n’importe quelle finition, ce qui leur permet de remplacer le granit, le revêtement en bois, la terre cuite ou les carreaux de salle de bains. Ils ne nécessitent aucun entretien, résistent entièrement aux moisissures et aux odeurs, n’ont pas besoin d’être peint ;  un système d’insonorisation y est également intégré.
Veev affirme que sa méthode permet de réduire les coûts de construction, les déchets et les risques associés aux projets qui prennent beaucoup de temps à réaliser (ce qui augmente également les coûts). À partir de plans architecturaux, l’entreprise construit un jumeau numérique, modélisant les maisons au centimètre carré près avant qu’un seul morceau de terre ne soit déplacé.
L’inspection du site est réduite au minimum, car les blocs de construction sont inspectés et approuvés avant l’assemblage. La directrice des revenus et cofondatrice de Veev, Dafna Akiva, a déclaré au Times of Israel que ces changements leur ont permis de réduire leur empreinte carbone de 47 % par rapport à la construction traditionnelle et de créer des maisons qui peuvent être habitées de manière plus durable en utilisant des circuits à plus faible voltage et une climatisation plus intelligente.
Veev est en train d’atteindre sa vitesse de croisière au moment même où les États-Unis sont secoués par une pénurie de logements, les constructeurs ayant du mal à suivre le rythme alors qu’ils sont confrontés à une pénurie de main-d’œuvre. Les projets de l’entreprise, qui doivent se situer à proximité d’une usine de fabrication de murs pour être rentables, ont tous été basés dans la baie de San Francisco, l’une des régions les plus durement touchées par la pénurie.
En construisant rapidement, Veev et d’autres entreprises faisant de la préfabrication se sont positionnées comme une solution potentielle à la crise.
En 2020, Veev a obtenu un contrat pour construire 78 unités de logement d’urgence – chacune avec une chambre individuelle et un accès à une zone commune – à San Jose, en Californie, pour les sans abri de la ville. Les promoteurs du projet, dont le gouverneur Gavin Newsom, ont vanté la rapidité du projet et le faible coût des logements : la ville a déclaré que chacun d’entre eux lui avait coûté 85 000 dollars, contre les 700 000 dollars que coûte normalement un appartement dont la construction prend plusieurs années.
« San Jose est un exemple de la façon dont nous pouvons construire des logements en quatre mois – alors qu’il fallait auparavant quatre ans – pour un huitième du coût standard. Cela va devenir un modèle national pour sauver des vies et reconstruire des communautés », a déclaré le maire Sam Liccardo en octobre 2020.
Mais dans la hâte de terminer les maisons et d’éviter les dépassements de coûts, Veev a été accusé de prendre des raccourcis en matière de sécurité, d’inspections et de pratiques de travail. Entre autres choses, la ville affirme que Veev doit toujours à ses ouvriers des centaines de milliers de dollars de salaires impayés.
La plupart des projets de Veev, cependant, ne concernent pas des logements publics, mais plutôt des maisons haut de gamme qui coûtent des millions de dollars, et qui sont construites en partenariat avec des promoteurs privés.
À la mi-avril, une maison Veev de sept salles de bains et cinq chambres, d’une superficie de 500 mètres carrés, située à Palo Alto, a été remise sur le marché pour 8,5 millions de dollars (alors qu’elle était cotée à 9,2 millions de dollars pendant plusieurs mois l’année dernière). Dans la ville voisine de San Carlos, un appartement d’une chambre à coucher situé dans un immeuble construit par Veev est coté à plus d’un million de dollars.
Dans une interview accordée à Haaretz fin 2020, les fondateurs de Veev ont reconnu que les coûts de leur approche de construction étaient environ 20 % plus élevés que ceux de la construction de luxe en Israël, alors que leur prix au détail peut être presque doublé.
Ces prix devraient baisser à mesure que Veev se lance dans des projets de plus grande envergure comprenant des milliers d’unités sur des marchés moins onéreux, notamment le sud de la Californie et le Texas. Pour pénétrer ces marchés, il faudra d’abord construire une usine de production à proximité, ce qui augmentera l’efficacité et pourra ainsi réduire les coûts.
Selon le cofondateur de Veev, Ami Avrahami, interrogé sur l’orientation de la société avant le dernier tour de financement, la société s’est jusqu’à présent tenue à l’écart de l’immobilier commercial et de la construction de tours, estimant que le plus grand potentiel de croissance du marché pour sa capacité à combiner des lignes de production informatisées et la personnalisation réside dans l’espace résidentiel.
Elle ne prévoit pas non plus d’entrer sur le marché israélien, où les prix des logements continuent de grimper et où les coûts de construction ne cessent d’augmenter.
Veev est loin d’être la seule entreprise à innover dans les méthodes de construction de logements. La société californienne Factory_OS utilise des technologies similaires, mais en mettant l’accent sur la réduction des coûts. Une entreprise australienne permet aux acheteurs de concevoir et de commander en ligne une maison préfabriquée, qui leur est ensuite expédiée. Au moins deux entreprises américaines proposent des maisons imprimées en 3D. D’autres proposent de nouvelles technologies qui transforment d’autres aspects de la construction de logements.
Sans oublier, qu’il y a bien sûr, l’industrie traditionnelle de construction de maisons.
Selon Akiva, la concurrence vient à la fois des constructeurs traditionnels et d’autres innovateurs, et ce tout au long de la chaîne de développement et de construction. « Mais nous sommes ceux qui réduisent tout ce qui est imprévisible et qui créent des maisons qui ne vieillissent pas », a-t-elle affirmé. « Veev a repensé la façon dont les maisons sont construites, et en fait un meilleur endroit pour les personnes qui y vivront. »
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