Alors que la réglementation environnementale des bâtiments neufs se fait de plus en plus exigeante en France, la filière de la construction et de la rénovation dite “passive” s’est développée de manière croissante ces dernières années.  
En France, le secteur du bâtiment génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre et représente 43 % des consommations énergétiques annuelles du pays, selon le ministère de la Transition Écologique. Afin d’atteindre son objectif de neutralité carbone d’ici 2050, le gouvernement s’applique à imposer une réglementation de plus en plus exigeante en matière de performance énergétique, pour les constructions comme pour les rénovations. Mais en parallèle, certains acteurs se positionnent depuis déjà plusieurs années sur un type d’habitat qui, pour eux, représente la solution à ce défi : le bâtiment passif.
L’habitat “passif” se construit sur trois principes : une isolation performante, l’étanchéité à l’air et une ventilation double flux avec récupération de chaleur – et ce, combiné au respect de critères très exigeants. Résultat : les besoins en chauffage sont compensés par la chaleur intérieure du bâtiment et par les apports solaires, réduisant drastiquement la consommation énergétique au mètre carré ainsi que la pollution de l’atmosphère.
Si le concept de la maison passive et ses critères ont été définis précisément par le Passivhaus Institut, fondé en 1996 à Darmstadt en Allemagne, celui du bioclimatisme (qui consiste à adapter le bâti à son environnement et sur lequel le passif s’appuie) est bien plus ancien. “On pourrait croire que le passif est quelque chose de très technique, alors que cela relève d’un bon sens ancestral“, comme l’affirme Florian Brunet-Lecomte, président et cofondateur de FEMAT, distributeur spécialiste des matériaux et des solutions pour le bâtiment performant. “Il suffit de regarder certaines maisons anciennes, orientées au sud et isolées au nord, pour se protéger du froid en hiver et garder la fraîcheur l’été“.
Lui-même propriétaire d’une maison passive, Florian Brunet-Lecomte a pu mesurer les avantages concrets de ce type d’habitation, en termes d’économie d’énergie mais aussi de confort. “Pour 180 m² et 5 personnes dans le foyer, je dépense 1 000 euros en énergie par an au lieu de 3 000 euros. L’été, lorsqu’il fait 38 °C dehors, la température monte à 23 °C maximum à l’intérieur, et ce, sans climatisation“, détaille le président de FEMAT. Même constat de la part des clients d’Ecoxia, spécialiste de l’éco-construction. “Certains nous ont écrit pendant le premier confinement avec des retours très positifs. Une maison passive, c’est aussi un confort acoustique grâce à l’isolation et aux fenêtres triple vitrage, mais également une très bonne qualité de l’air via à la ventilation double flux“, précise Laurent Riscala, fondateur et PDG d’Ecoxia.
Selon Franck Janin, gérant du bureau d’études thermiques HELIASOL, le développement du passif souffre de certaines idées reçues, notamment en ce qui concerne l’aspect financier. Si une étude mesure le surcoût de ce type de bâtiment à environ 17 % en moyenne en France, l’expert constate que c’est un point qui tend à baisser progressivement, et que la dépense peut être compensée. “Un bâtiment passif ne nécessite qu’un chauffage d’appoint, pas un système plus onéreux à l’achat ou en entretien comme une chaudière ou une pompe à chaleur, qu’il faut en plus remplacer tous les 7 à 15 ans“, affirme Franck Janin. Les économies sur les dépenses énergétiques que le passif permet de réaliser présentent également un avantage indéniable, à l’heure où les coûts liés à l’énergie ont tendance à augmenter.
D’autres solutions à grande échelle pourraient également rendre ce type de construction aussi accessible qu’un bâtiment classique. Ecoxia a, par exemple, mis au point l’enveloppe intelligente® : une solution complète englobant tous les aspects du passif (parois, isolation, menuiseries, étanchéité à l’air…) adaptable à chaque type de bâtiment. “Lorsque nous avons conçu cette enveloppe, nous avons intégré un aspect pré-fabrication en bois, qui nous permettra, à terme, d’atteindre un grand volume de production et donc de baisser le prix de revient“, précise Laurent Riscala, fondateur et PDG d’Ecoxia.
Lors de sa création en 2007, l’association La Maison Passive, qui œuvre à la promotion de ce type de bâtiment et propose des formations professionnelles, rassemble majoritairement des particuliers intéressés par la construction d’un habitat individuel passif. Depuis, de nombreux professionnels se sont spécialisés dans l’éco-construction, constituant aujourd’hui 93 % des 1 898 membres de l’association (bureaux d’études, architectes, constructeurs, fournisseurs de matériaux, etc.).
La Maison Passive, l’un des deux organismes accrédités pour délivrer le label “Bâtiment Passif – Passivhaus” en France, a recensé 380 projets de ce type entre 2007 et 2020, notant une croissance constante pour les maisons individuelles, et une augmentation pour les habitats collectifs et les bâtiments dans le tertiaire depuis 2011. C’est un changement d’échelle pour le passif, désormais partie prenante de grands projets telle que la future cité administrative de Lille et ses 40 000 m². Certaines villes, comme Rouen ou Rennes, intègrent également les critères du passif dans leur Plan d’Urbanisme Local, en vue d’encourager le développement de ce type de construction.
Si les critères du passif n’imposent pas l’utilisation de matériaux respectueux de l’environnement, dans les faits, la majorité des bâtiments passifs y ont recours. “Nous avons de plus en plus de demandes d’artisans pour certains matériaux biosourcés comme de l’isolant lin chanvre coton par exemple, alors qu’auparavant, il y avait une certaine défiance. Les choses évoluent dans le bon sens“, note Florian Brunet-Lecomte, président de FEMAT. Certains poussent même le curseur encore plus loin, avec la construction de bâtiments à énergie positive, qui produisent leur propre énergie par le biais de sources renouvelables. Utiliser une enveloppe passive pour ce type de bâtiment permet de compenser totalement les consommations d’énergie d’ores et déjà très faibles.
Selon Franck Janin, gérant d’HELIASOL, il n’y a aucun doute : “Faire le choix du passif, c’est faire le choix du futur, avec un bâtiment moins gourmand en énergie et qui a un impact réduit sur la nature. L’énergie la plus propre est celle qu’on ne consomme pas“.
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