Le bateau-atelier de Monet, reconstitué dans une extension de la maison louée par le peintre.
©Ville d'Argenteuil
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1874, c’est la date officielle de la naissance de l’impressionnisme, ou plutôt de sa dénomination – ironique à la base – par le journaliste satirique Louis Leroy, lors de l’exposition collective organisée par quelques artistes avant-gardistes boulevard des Capucines, où figure alors Impression, soleil levant de Claude Monet. Trois ans plus tôt, le peintre avait fait un flop outre-Manche, ne parvenant pas à se faire un nom lors de son exil londonien de quelques mois. Avant de s’établir à Argenteuil en 1871 dans une demeure aujourd’hui disparue. Autant dire que lorsqu’il déménage à quelques rues de là, il est loin d’être la star des cimaises qu’il deviendra par la suite 
Cette année 1874, donc, à près de 34 ans, le futur leader du mouvement impressionniste s’installe dans une autre maison de la commune, située sur l’artère rebaptisée plus tard la rue Karl-Marx. A proximité de la gare, c’est une construction dont le style architectural évoque celui du chalet suisse, très en vogue à l’époque. L’artiste y reste quatre ans, en compagnie de sa femme Camille Doncieux et de leur fils Jean. Et il peint au cours de ces six années argenteuillaises 159 tableaux de la ville et de ses environs immédiats.  
Carte postale où figure le tramway du Pont-Neuf (1918).
©Archives municipales d’Argenteuil
Acquise en 2005 par la mairie, qui entame sa rénovation cinq ans plus tard, l’habitation louée par Monet voit ses façades ravalées aux teintes originelles – rose pour les murs, verte pour les persiennes en bois -, tout comme les balcons et lambrequins reconstitués à l’identique. A l’intérieur, c’est une tout autre histoire, car les témoignages, visuels ou écrits, manquent. Si les sols en pierre et les parquets de chêne ainsi que les portes aux poignées en laiton ont été conservés, le reste a été imaginé à partir des archives et des peintures de l’occupant. 
A deux pas de la gare d’Argenteuil, la demeure occupée par la famille Monet quatre années durant.
©Ville d’Argenteuil
“Nous avons essayé de retrouver l’atmosphère d’origine de la maison en chinant du mobilier pour reconstituer un intérieur bourgeois mais modeste de la fin du XIXe siècle, tout en introduisant des éléments directement inspirés des toiles de Monet comme le papier peint”, explique Stéphanie Feze, la responsable de l’unité Patrimoine-Musée de la ville d’Argenteuil. Ambiance “bonbonnière” garantie, à défaut de traces plus tangibles du prestigieux locataire. 
Du jardin d’hiver, au rez-de-chaussée, le peintre contemplait un vaste terrain arboré clos – désormais amputé par des constructions postérieures -, dont ne subsistent qu’une partie des murs de clôture, un puits, un cabanon et un sol pavé. Ici, aujourd’hui, point d’oeuvres originales de Claude Monet, mais des trompe-l’oeil et fenêtres virtuelles ouverts sur ses tableaux, des rives bucoliques de la Seine au tout nouveau pont ferroviaire reliant les deux rives du fleuve, en passant par les fameuses régates, rendez-vous dominical à la mode dans cette cité devenue villégiature francilienne populaire depuis le mitan du XIXe siècle. Offertes en immersion numérique, ces toiles entrées dans la légende impressionniste se prolongent par des documents iconographiques “témoignant de la mutation de cette ville à vocation maraîchère et viticole en passe de basculer dans l’ère industrielle”, rappelle Stéphanie Feze. 
Le pochoir à l’effigie de Claude Monet du street artiste C215.
©Ville d’Argenteuil ©C215
Point fort du parcours, dans une construction attenante, érigée après le séjour des Monet, le bateau-atelier du maître est reconstitué à grande échelle. Des reproductions de peintures rétro-éclairées occupent l’espace des fenêtres et de la proue, dont l’emblématique Monet peignant dans son atelier, où Edouard Manet immortalise son ami au côté de son épouse sur l’embarcation que Claude Monet a aménagée en 1871 pour peindre sur le motif, au plus près de l’eau. Le parcours, tourné vers le passé et éminemment pédagogique, prend des allures contemporaines une fois le perron regagné. Là, sur le mur d’enceinte extérieur, un portrait à l’effigie de Monet signé du pochoiriste C215 claque, comme pour rappeler qu’Argenteuil, d’Edouard Pignon à Zloty, a été une commune pionnière du street art. Une peinture revendiquée de plein air, là encore. 
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