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Avoir peur avec les autres spectateurs fait partie des grands plaisirs du cinéma. Au cours des cent dernières années, l’art de faire peur a usé de toutes les ficelles possibles pour nous effrayer, nous déstabiliser, nous faire dresser les cheveux sur la tête, nous faire frissonner, nous faire vibrer et toucher à nos peurs les plus primaires. Et puis, juste au moment où l’on pense pouvoir retourner au cinéma en toute sécurité, quelque chose d’autre vient nous rappeler qu’il y a toujours de nouvelles façons de nous faire hurler dans le noir… Voici la liste définitive (ou du moins, notre liste définitive !) des meilleurs films d’horreur.
10 – Hérédité (2018)
Ari Aster réinvente les histoires de maisons hantées et de surnaturel avec ce généreux festin d’horreur folklorique, qui commence comme un film sur une famille profondément dysfonctionnelle avant de se muer en un film sur des cabales démoniaques et des héritages corrompus. Toni Collette offre une performance vivifiante et déchirante dans le rôle d’Annie, sculptrice talentueuse dont la mère dominatrice meurt et qui va traverser une série de tragédies. L’artiste commence à remarquer les esprits sombres qui se rassemblent autour de sa maison et se lance bientôt dans une enquête qui pourrait révéler que tout son clan a été pris au piège d’une conspiration infâme. Hérédité n’hésite pas à user des grandes ficelles du genre, comme les choses qui se passent la nuit ou les enfants qui gloussent de manière compulsive et angoissante. Mais ce film traite davantage des maux dont il est difficile de se débarrasser, car ancrés dans les fondements mêmes de l’endroit où l’on vit.-N.M.
9 – Massacre à la tronçonneuse (1974)
Tobe Hooper n’essayait pas de créer un classique : comme il l’a dit plus tard, il voulait simplement faire un film qui capture « l’ambiance de la mort ». Mission accomplie. Malgré tous les remakes, les suites, les reboots et les imitations qu’il a inspirés, Massacre à la tronçonneuse règne toujours en maître, sa vision sinistre d’une maison impie nichée dans un coin oublié du Texas étant toujours aussi convaincante et repoussante. Un groupe d’amis insouciants découvre par hasard une maison à la campagne, sans se rendre compte qu’ils sont entrés en enfer, tourmentés par un homme imposant portant un masque qui les tue méthodiquement. Avant que les films d’horreur ne deviennent une formule, Hooper a inventé leur langage, créant un méchant anonyme, imparable, ouvrant ainsi la voie à tous les tueurs qui menaceront les adolescents pendant les décennies à venir. Aucun film d’horreur n’a mieux compris qu’il n’est pas nécessaire d’avoir des gadgets ou des concepts compliqués pour terrifier les gens. Tout ce qui compte, c’est de saisir de manière troublante et élémentaire une peur universelle, celui d’être coincé au milieu de nulle part avec un monstre qu’on ne peut pas raisonner.-T.G.
8 – Zombie (1978)
Dix ans après avoir canalisé la folie des années 1960 dans un film choc à petit budget sur une Amérique qui se consume littéralement, George Romero a réalisé une suite à La nuit des morts-vivants se déroulant dans une nouvelle ère de matérialisme, de rock progressif italien et de viscères en couleurs. Plus encore que son prédécesseur, ce film nourrit le cerveau aussi sûrement qu’il retourne l’estomac, et le choix de barricader les humains dans un centre commercial tentaculaire, entourés des consommateurs les plus abrutis, inspirerait des décennies de lectures satiriques. Mais Romero ne laisse jamais le commentaire social prendre le pas sur les frissons, contrairement à de nombreux films aujourd’hui. Zombie est complet, avec sa dose de gore à vous arracher les tripes, de l’action haletante, du burlesque zombie inattendu, et quelques survivants qui essaient de vivre dans un paradis luxueux alors que le monde entier sombre en enfer… une critique des États-Unis aussi mordante que la morne coda de l’original.-A.A.D.
7 – Get Out (2017)
Le scénariste-réalisateur Jordan Peele est surtout connu pour être la moitié du duo comique Key & Peele. Dire qu’il a appliqué les leçons apprises en tant qu’humoriste à la formule fondamentale de l’horreur, à savoir la tension et le relâchement, serait un euphémisme. Son style émerge pleinement dans son premier long métrage inspiré, un récit sur un photographe noir (Daniel Kaluuya) qui part en week-end pour rencontrer la famille de sa petite amie blanche (Allison Williams). Quelque chose lui semble un peu… étrange dans leur côté accueillant. L’approche « horreur sociale » de ce film à succès a relancé le débat sur l’horreur noire et a été un des rares films de ce genre à attirer l’attention des Oscars. Mais ce n’est pas seulement un film important, c’est aussi un film terriblement effrayant et bien conçu. Et je ne parle même pas de la distribution, qui est exceptionnelle de bout en bout.-K.R.
6 – À l’intérieur (2007)
Qui est cette femme mystérieuse (Béatrice Dalle) qui semble vouloir terroriser une future maman (Alysson Paradis) le soir de Noël ? Au début, cette femme menaçante veut simplement entrer dans la tête de sa victime potentielle, qui ne sait pas trop pourquoi elle est visée. Puis, la harceleuse réussit à s’introduire chez elle. Son objectif : l’utérus de la future maman. Même parmi les plus grands fans d’horreur, ce film des réalisateurs Julien Maury et Alexandre Bustillo a acquis la réputation d’être particulièrement implacable, impitoyable et éprouvant pour le système nerveux des spectateurs. La vague d’horreur gore connue sous le nom de « New French Extremism » a permis de briser de nombreux tabous et de repousser les limites du « bon goût ». Pourtant, en mettant en danger une femme enceinte, le duo a poussé le concept dangereusement près du point de rupture. De bout en bout, on se demande jusqu’où ils vont aller. La réponse, cher lecteur, c’est jusqu’au bout, dans un final inévitable et extrêmement sanglant. Et croyez-nous quand on vous dit que si elle n’a pas le palmarès d’un Michael Myers, la maniaque interprétée par Dalle mérite certainement une place au Panthéon de l’horreur. Vous êtes prévenus… D.F.
5 – Halloween : La Nuit des masques (1978)
Le film Halloween de John Carpenter n’a pas inventé le film gore, mais il l’a redéfini. Depuis sa partition indélébile jusqu’à ses prises de vue glaçantes, ce film d’horreur implacable a inspiré d’innombrables imitateurs (dont beaucoup existent dans la même franchise). Le côté le plus effrayant de Michael Myers est la soif de sang inexpliquée qui alimente le meurtre de sa sœur, le massacre d’innocents et sa poursuite obstinée de Laurie Strode (Jamie Lee Curtis). C’est une menace lente, méthodique mais imprévisible. Curtis, en revanche, imprègne Laurie d’une innocence chaleureuse qui en fait la « dernière fille » par excellence. Les tentatives de recréer la magie sinistre de Carpenter n’ont jamais vraiment fonctionné, en partie parce que la plupart d’entre elles gâchent tout avec trop de bla bla. Halloween est toujours la preuve que ce que vous ne savez pas est plus effrayant que ce que vous savez. -E.Z.
4 – Ne vous retournez pas (1973)
Le regard désorienté et inquiétant de Nicolas Roeg sur des parents qui font face à la mort de leur fille vous donne l’impression d’assister à un véritable cauchemar. Le cinéaste britannique a toujours joué avec le temps et la chronologie narrative, et a utilisé la couleur et le montage avec beaucoup d’effet dans la plupart de ses films. Cette fois, il se surpasse sur l’histoire de Daphne du Maurier et laisse votre propre sentiment d’instabilité et de dislocation faire le reste. On ne sait jamais si Donald Sutherland et Julie Christie doivent être optimistes lorsque deux sœurs médiums leur annoncent que leur petite fille est « en paix », ou si leur crainte qu’une force venue d’un autre monde se dirige vers eux est fondée ou non. C’est un film qui génère la terreur par la confusion, la perplexité et le sentiment troublant que quelque chose de très, très mauvais se faufile dans les ruelles et les canaux de Venise. Et une fois que vous avez vu le final, vous comprenez que certains cauchemars restent avec vous même lorsque vous vous êtes réveillé.-D.F.
3 – Ring (1998)
C’est juste une cassette vidéo, remplie d’images apparemment aléatoires d’un homme pointant du doigt, d’une éruption sur une île, et d’un puits. La vidéo s’arrête avant même que vous ayez eu le temps de comprendre ce que signifie ce court métrage d’avant-garde. Mais une fois que vous l’aurez regardé, votre téléphone sonnera, et sept jours plus tard, vous serez mort de peur. C’est le genre de légende urbaine qu’une journaliste (Nanako Matsushima) ne prendrait jamais au sérieux, jusqu’à ce qu’elle commence à enquêter sur la mort mystérieuse d’adolescents de la région, et qu’elle tombe sur une cassette qu’ils regardaient exactement une semaine avant leur disparition….. Le film d’Hideo Nakata, qui a connu un énorme succès au Japon dès sa sortie, est une mise à jour technophobe de l’histoire de l’esprit vengeur qui avait déjà donné le coup d’envoi de la résurgence de l’horreur dans son pays d’origine. Une fois que le film a commencé à faire son chemin vers l’Occident (ironiquement, par le biais de cassettes vidéo pirates), Ring est rapidement devenu l’un des films d’horreur les plus influents de ces 30 dernières années. La brillante parabole de l’effroi de Nakata a fini par donner naissance à la fois à un style de film d’horreur et à un mouvement international. L’idée que les malédictions paranormales sont virales, qu’elles doivent passer d’un hôte à l’autre comme une maladie ou une chaîne de lettres, est née ici et est rapidement devenue l’un des concepts dominants de l’horreur du 21e siècle. Et nous classerions la scène dans laquelle le fantôme aux cheveux ternes rampe hors du puits, avant de sortir de l’écran de télévision lui-même, comme un moment qui change la donne, au même titre que la main de Carrie White sortant de la tombe.-D.F.
2 – Psychose (1960)

On pourrait penser que le fait de connaître tous les petits secrets de ce film d’Alfred Hitchcock depuis plus de 60 ans aurait atténué le choc. Savoir ce qui arrive à Janet Leigh lorsqu’elle entre dans le motel Bates, qui est derrière tout ça et pourquoi tant de gens ont été terrifiés à l’idée de prendre une douche après avoir vu ce film, a en quelque sorte émoussé Psychose. Pourtant, ce film a perduré, au point d’apparaître aujourd’hui comme le principal pivot du cinéma d’horreur : le premier film d’horreur vraiment moderne, dans lequel les monstruosités n’avaient pas un aspect grotesque ou ne ressuscitaient pas d’entre les morts. Certaines d’entre elles ressemblaient aux garçons d’à côté, même s’ils vivaient dans d’imposantes maisons gothiques situées juste à côté de l’autoroute, avec de longs escaliers et des ampoules qui se balançaient dans les caves…..
À ce stade, Hitchcock avait déjà tourné des films sur les tueurs en série et affiné ses compétences en matière de manipulation du public. On peut voir le maître du suspense combiner ici son expérience du sujet et sa facilité à manier l’art de la diversion pour obtenir un effet saisissant et angoissant. Personne ne s’attend à ce qu’un acteur de renom « disparaisse » avant la moitié du film. Les spectateurs ont été choqués non seulement par ce qui se passe dans la fameuse scène de la douche, mais aussi par l’impact de sa présentation, depuis la bande-son de Bernard Hermann à l’utilisation experte de coupes. La « surprise » finale est désormais de notoriété publique, et il est universellement reconnu que la coda fait perdre de la puissance au film. Pourtant, si l’on revient aux expressions faciales de Perkins dans les deux scènes, on en a encore la chair de poule. Dans la première, il a l’air maniaque. Dans la seconde, il semble étrangement calme, même lorsque Hitchcock superpose un crâne sur lui avant le fondu final. Les films de monstres n’avaient jamais disparu. Mais c’est à ça que ressemblerait l’horreur maintenant. D.F.
1 – L’Exorciste (1973)
Le film qui a redonné à l’Amérique la peur du diable. Le roman de William Peter Blatty, paru en 1971, a été le point de départ, mais c’est le film de William Friedkin, sorti en 1973, qui a déclenché une vague d’anxiété religieuse, d’une ampleur que les prédicateurs n’avaient jamais rêvé. L’Exorciste a réintroduit le concept de possession démoniaque auprès des masses, en présentant un obscur rituel catholique comme la dernière ligne de défense de l’humanité contre un mal immortel et vorace. Il a murmuré aux oreilles des cinéphiles qu’il y avait peut-être des choses que la science ne pouvait pas expliquer. La longue préparation du film jusqu’à la scène déchirante de l’exorcisme élimine systématiquement toutes les raisons pour lesquelles Reagan MacNeil (Linda Blair), une jeune fille de 12 ans apparemment heureuse et normale, pourrait commencer à agir de manière inquiétante. Même le prêtre principal du film, Damien Karras (Jason Miller), est un homme moderne qui doute de l’existence des démons… jusqu’à ce que, comme le public, il soit forcé d’admettre qu’il n’a plus le choix.
L’approche méthodique de Friedkin amène les spectateurs à croire que ce qu’ils voient est réel, puis il les assomme avec des séquences d’effets novateurs pour amener l’enfer dans une chambre d’enfant ordinaire. Ce déferlement soudain de terreur intense a ébranlé le public qui n’était pas habitué à un changement aussi choquant, et les reportages sur la première diffusion de L’Exorciste en décembre 1973 décrivent des spectateurs qui s’évanouissent, vomissent et fuient les salles. (Un article du New York Times de 1974 fait également état d’une augmentation du nombre de catholiques ayant renoué avec la foi après avoir vu le film).
Sa narration solide a marqué un tournant dans le genre de l’horreur, et les acolytes du maquilleur du film, Dick Smith, ont continué à étendre les possibilités de ce qui pouvait être fait avec de la fibre de verre et du latex liquide. Mais le succès commercial et artistique de L’Exorciste a changé la perception du public sur ce que pouvait être un film d’horreur. Il a rendu le mal réel et l’a amené dans le monde réel. Aucun château brumeux et aucune malédiction de conte de fées ne pourra jamais rivaliser avec ça.-K.R.
 
Par David Fear, A.A. Dowd, Stephen Garrett, Katie Rife, Tim Grierson, Jason Bailey, Keith Phipps, Kory Grow, Esther Zuckerman, Robert Daniels et Noel Murray
Traduit par la rédaction

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Le 10 novembre 1928 naissait Ennio Morricone, compositeur italien ayant marqué à jamais le monde de la musique et du cinéma. Sa carrière a été marquée par d’innombrables thèmes de nombreux classiques du cinéma ainsi que de films plus cultes.
A cette occasion, Rolling Stone a exploré l’oeuvre de ce gigantesque compositeur qui a travaillé avec les plus grands et a sélectionné 10 de ses thèmes inoubliables pour revivre une partie de l’oeuvre de cet artiste incroyable.
Thème épique comme on n’en fait plus, l’extase de l’or a su faire rêver de nombreux mélomanes, au-delà des fans de western, dépassant ainsi le classique dont il est tiré : Le Bon, la brute et le truand. Un thème qui a inspiré de nombreux artistes, dont Metallica, qui l’utilise en ouverture de chacun de ses concerts, mais qui l’a aussi repris à sa sauce en hommage à Ennio Morricone.

Le Hautbois de Gabriel n’est autre que l’inoubliable thème principal de La Mission, sorti en 1986. Une bande originale marquante qui a valu au compositeur une nomination aux Oscars et un Golden Globe de la meilleure musique de film.

Quelle meilleure musique pour raconter l’histoire du célèbre gangster Al Capone que celle d’Ennio Morricone ? Un thème de fin épique et poignant à déguster sans modération.

Dans ce classique de Sergio Leone, la partition d’Ennio Morricone, en plus de fournir des thèmes mémorables, établit un lien temporel entre les différents moments dépeints dans le film. On y retrouve notamment Cockeye’s song, qui présente une utilisation inédite de la flûte de pan.

Ennio Morricone excelle toujours avec les ambiances de western. L’homme à l’harmonica s’imprime immédiatement dans l’esprit de chacun et rappelle sans peine les panoramas de Sergio Leone. Il a aussi été une source d’inspiration pour de nombreux artistes, dont Muse, qui n’a pas manqué de le reprendre sur scène.

En grand passionné de cinéma, Quentin Tarantino ne pouvait pas se passer des services du compositeur italien dans son film-hommage aux grands westerns : Le 8 Salopards. Voici le thème d’ouverture, à redécouvrir de toute urgence.

Si ses thèmes instrumentaux ont fait des merveilles, ses morceaux chantés ne sont pas en reste. Difficile de passer à côté de l’hymne engagé Here’s to You, interprété avec conviction par Joan Baez. Tiré du film Sacco et Vanzetti, ce morceau rend hommage aux deux anarchistes d’origine italienne Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, victimes d’un scandale judiciaire dans les années 20 aux États-Unis.

Un autre thème mémorable de ce film d’Henri Verneuil, qui évoque une enquête sur fond d’affaire d’État.

Un air classique connu et reconnu pour un film avec Belmondo qui a marqué bien des esprits à sa sortie. S’il a été repris à l’envi, la mélodie reste intemporelle.

Quoi de mieux qu’un film pour raconter la gloire du Cinéma ? Ce classique franco-italien reste une valeur sûre malgré les années. Quoi de mieux qu’une bande originale signée Ennio Morricone pour sublimer cette oeuvre unique.

Allez plus loin avec la rencontre entre Ennio Morricone et Rolling Stone
Mathieu David

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On ne peut pas être chef d’État pendant près de trois quarts de siècle sans être tourné en dérision de temps en temps. En tant que constante culturelle, la reine Elizabeth II a tout inspiré, de la caricature affectueuse aux hymnes punk narquois. Elle a également excellé dans l’art de s’incarner aux côtés d’autres personnalités britanniques comme l’ours Paddington et James Bond. Voici 18 exemples de l’influence démesurée de la monarque sur la culture pop.
1969 : The Beatles – « Her Majesty »


Long de 23 secondes et non listé sur Abbey Road, « Her Majesty » parle d’être trop ivre pour avouer ses sentiments à une femme capricieuse et énigmatique : la reine Elizabeth II. Paul McCartney a déclaré qu’il avait écrit cette petite chanson en fingerpicking comme une blague en son honneur. « C’était assez drôle parce que c’est fondamentalement monarchiste, avec un ton légèrement irrespectueux, mais c’est très ironique, a-t-il déclaré. C’est presque comme une chanson d’amour à la Reine ». Tous les membres du groupe n’étaient pas du même avis. Quatre mois après que McCartney a écrit la chanson, John Lennon a rendu sa médaille de l’Empire britannique des Beatles pour protester contre la guerre du Viêt Nam, le rôle de la Grande-Bretagne dans la guerre civile nigériane et, comme il l’a prétendu plus tard dans une lettre, parce que le dernier single du Plastic Ono Band ne marchait pas bien. La disctinction avait été décernée au groupe quatre ans plus tôt, en 1965, dans le cadre des célébrations du 39e anniversaire de la Reine. – Andrea Marks
1977 : Sex Pistols – « God Save The Queen »


Il est difficile d’imaginer une époque où insulter Sa Majesté vous mettrait sur liste noire pour un pays entier, mais c’est exactement ce qui est arrivé aux Sex Pistols en mai 1977 avec la sortie de leur chanson « God Save the Queen ». Empruntant son titre à l’hymne national britannique, cette critique cinglante est sortie pendant le jubilé de diamant de la reine. Ils l’ont même jouée en live sur un bateau pendant les célébrations estivales, en criant qu’il n’y avait « aucun avenir » pour l’Angleterre sur la Tamise. Cette performance a été interrompue, ils ont été bannis de la BBC, et le chanteur John Lydon a même été attaqué dans la rue, mais la chanson est restée un hymne durable pour les anarchistes du monde entier. (Lydon, il faut le noter, a depuis changé de discours sur la monarchie : « Que Dieu bénisse la Reine, a-t-il écrit plus tôt cette année pour son jubilé de platine. Elle a supporté beaucoup de choses. ») – Elisabeth Garber-Paul
1986 : The Smiths – « The Queen is Dead »


Le titre de l’album 1986 des Smiths fait franchir une étape supplémentaire à « God Save the Queen ». Impossible de sauver la monarchie au pays de Morrissey. Il n’y a que des promenades calmes durant lesquelles on étudie les poètes romantiques. « J’ai trouvé, au fil du temps, que ce bonheur que nous avions s’éloigne lentement et est remplacé par quelque chose de totalement gris et de totalement triste, a-t-il déclaré au NME en 1986. L’idée même de la monarchie et de la reine d’Angleterre est renforcée et rendue plus utile qu’elle ne l’est vraiment. Tout cela ressemble à une blague. Une blague hideuse. » -Angie Martoccio
1988 : Y a-t-il un flic pour sauver la reine ?


Dans la comédie classique Y a-t-il un flic pour sauver la reine ?, le détective Frank Drebin (Leslie Nielsen) doit protéger la reine Elizabeth II (Jeannette Charles) d’un complot visant à l’assassiner (en contrôlant l’esprit de passants peu méfiants) alors qu’elle est en visite à Los Angeles. Bien sûr, sa majesté subit l’indignité de se faire plaquer par Drebin lors d’un dîner d’État chic, mais elle a aussi l’occasion de lancer une première balle époustouflante lors d’un match de baseball Angels-Mariners. En apprenant la mort de la vraie reine Elizabeth jeudi, la légende du baseball Reggie Jackson (qui joue le rôle de l’un des tueurs de reines) a tweeté : « Maintenant, nous savons tous que j’étais innocent ! Amen ! RIP Reine E ! » – Lisa Tozzi
1992-2015 : Les Simpsons, Family Guy, Les Minions

La reine ne s’est peut-être pas intéressée aux voix-off, mais cela ne l’a pas empêchée de faire des apparitions dans quelques franchises animées. Dans les Simpsons, elle a failli faire chevalier Krusty le clown lors de sa première apparition, mais elle a un rôle beaucoup plus important dans un épisode de la saison 15, « Les monologues de Regina », lorsque la famille visite le Royaume-Uni. Après que Homer a embouti sa voiture au palais de Buckingham, elle le fait naturellement jeter dans la Tour de Londres pour attendre son exécution. Eddie Izzard imite la reine pour un gag ultérieur qui révèle qu’elle est fan d’une émission de télé-réalité sur les citoyens de Springfield. Cate Blanchette a prêté sa voix à la monarque dans un segment de Family Guy qui a réimaginé l’émission comme une sitcom britannique et a également présenté un accident de calèche (un accident fatal dans un tunnel, une référence plutôt mesquine à la mort de la princesse Diana). Le plus surprenant, peut-être, est le rôle d’Elizabeth II dans les Minions, où les blobs jaunes qui parlent en charabia conspirent pour voler sa couronne à la fin des années 1960 et (vous l’avez deviné) détruisent son carrosse royal en cours de route. Elle parvient toutefois à en gifler un. – MK
2002-2003 : Austin Powers, Johnny English
Ce ne serait pas une comédie d’espionnage britannique sans la reine. Dans Johnny English et Austin Powers, le pouvoir de la reine Elizabeth II d’adouber ceux qui ont rendu un grand service à la couronne s’avère utile plus d’une fois. Dans la suite d’Austin Powers, l’espion titulaire est fait chevalier par la reine pour son rôle dans la défaite du Dr. Evil, mais il est tellement déchiré par ses propres problèmes qu’il ne profite pas de cet honneur. Si les joyaux de la couronne sont à l’origine de l’intrigue de Johnny English, c’est la reine Elizabeth II elle-même qui attire l’attention du méchant. Après que ses corgis ont été menacés, la reine est convaincue d’abdiquer pour sauver sa précieuse couvée de chiots. Après l’échec de ses tentatives de subterfuge, Johnny English assomme le méchant et est couronné souverain, titre qu’il abandonne rapidement à la reine en échange d’un titre de chevalier. Le film n’a pas dû déranger la vraie reine Elizabeth II, puisqu’elle a ensuite fait de Rowan Atkinson, l’acteur de Johnny English, un Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique, l’un des plus grands honneurs qui puissent être accordés à un civil. – CT Jones
2006 : The Queen


La reine Elizabeth II n’était pas seulement un monarque : elle était aussi une belle-mère. Cette caractérisation et son effet humanisant expliquent peut-être la popularité des histoires entourant la reine et sa relation avec son ancienne belle-fille, la princesse Diana Spencer. En 2006, l’actrice Helen Mirren a remporté un oscar pour sa prestation dans The Queen, un film dramatique du réalisateur Peter Morgan centré sur les jours qui ont suivi la mort de Diana Spencer. Dans ce film, la reine et le prince Charles refusent d’accorder à Spencer la reconnaissance officielle qui sied habituellement au décès d’un membre de la famille royale. Au lieu de porter le deuil avec le reste du pays, ils poursuivent leurs vacances. Lorsque le parti politique au pouvoir pleure aussi publiquement la mort de Diana, le pays commence à se demander si l’Angleterre a encore besoin d’une famille royale, ce qui entraîne un questionnement plus large sur la famille et le rôle de la monarchie dans la vie moderne. La relation du couple a également été dépeinte dans le film cérébral Spencer, dans le film involontairement hilarant Diana: The Musical et d’autres projets comme The Princess, Diana : Her True Story et Princess in Love. Si ces films ont connu des succès divers, ils ont tous posé une question similaire : la reine en a-t-elle fait assez pour protéger Diana ?
2012 : Une James Bond Girl aux Jeux olympiques de Londres

Bien sûr, il ne s’agissait que d’un sketch promotionnel pour les Jeux olympiques, mais la reine elle-même a pu jouer le rôle d’une James Bond girl avec Daniel Craig. Lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de 2012, Elizabeth est apparue aux côtés de Daniel Craig dans une courte vidéo, où ce dernier l’a escortée jusqu’à un hélicoptère avant que le duo ne semble sauter au-dessus de la foule du stade de Londres. La reine aurait eu son mot à dire sur son personnage, notamment en changeant sa réplique de « Bonsoir, James » à « Bonsoir, M. Bond », selon sa couturière royale Angela Kelly. Si les bonnes manières doivent être profondément ancrées dans la lignée royale, il en va de même pour les secrets, car des membres de la famille royale ont déclaré qu’ils n’étaient pas au courant de la décision de la reine de participer à l’événement. « Je me souviens que certains jurons sont sortis de ma bouche lorsque j’ai réalisé ce qui se passait. C’était en fait un secret très bien gardé, a déclaré le prince William lors de l’hommage télévisé Elizabeth at 90. Probablement plus un secret d’État que certains des documents de renseignement qu’elle reçoit… rien n’a été dit à aucun d’entre nous. Il est clair qu’ils savaient que certains petits-enfants en diraient trop à tout le monde ! » – CTJ
2015 : Escapade princière


Si vous êtes un anglophile désireux de voir une version (semi-)historique du classique de Disney des années 1990 Rendez-vous à la Maison-Blanche, ne cherchez pas plus loin que Escapade princière, une aventure qui se déroule dans les années 1940 avec Sarah Gadon dans le rôle de la jeune reine Elizabeth, Bel Powley dans celui de sa sœur Margaret plus rebelle (et Rupert Everett dans celui de leur père, le roi George VI). Le jour où l’Europe déclare enfin la fin de la Seconde Guerre mondiale, Elizabeth et Margaret sont autorisées à s’éclipser du palais et à faire la fête avec les gens du peuple. Elles abandonnent rapidement leur garde rapprochée pour se lancer dans une série de pitreries et se mêler à des soldats séduisants. Le film est basé sur des événements réels, même s’il prend quelques libertés (en réalité, les sœurs étaient de retour à temps pour leur couvre-feu royal). Mais il répond aux attentes de ceux qui cherchent à en savoir plus sur l’adolescence de la reine, avant Philip.
De 2016 à aujourd’hui : The Crown

Aucune série n’a aussi bien fait la lumière sur les rouages de la famille royale (malgré les protestations de cette dernière) que The Crown, la série Netflix extrêmement populaire mettant en scène Claire Foy, puis Olivia Colman, dans le rôle du monarque toujours stoïque. Dans les premières saisons, Foy joue le rôle d’Elizabeth II en tant que contrepoids à sa sœur Margaret, plus flamboyante, une matriarche plus sage que son âge qui porte le poids du monde sur ses épaules. Les saisons suivantes montrent comment la Reine s’installe dans son rôle de leader de sa nation, avec une Colman pleine d’assurance qui navigue habilement dans diverses crises (l’épisode de la catastrophe d’Aberfal, dans lequel la Reine doit faire face aux conséquences d’un glissement de terrain au Pays de Galles ayant entraîné la mort de dizaines de jeunes enfants, est à voir absolument) et se heurte à une Première ministre ultra-ambitieuse, Margaret Thatcher (jouée par une Gillian Anderson glaciale). Immédiatement après la mort de la Reine, la série a annoncé qu’elle ferait une courte pause dans le tournage de sa sixième saison, en son honneur. – EJD
2016 : Le Bon Gros Géant

Qu’est-ce qui est plus grand que l’Empire britannique ? Dans le film Le Bon Gros Géant de Steven Spielberg, basé sur le livre éponyme de Roald Dahl, ce sont de véritables géants mangeurs d’enfants. Le film d’animation suit une orpheline londonienne nommée Sophie et son amitié avec un vieux géant extrêmement amical. Au début, le duo s’amuse à travers des terres magiques en attrapant des rêves. Mais lorsqu’ils se rendent compte qu’une horde de géants méchants mangent des enfants dans le monde entier, ils demandent l’aide de la reine Elizabeth II, interprétée par Penelope Wilton. Après que Sophie et le géant ont envoyé à la reine un cauchemar d’enfants dévorés, la reine est convaincue d’aider le couple et envoie son armée à la poursuite des géants. À la fin du film, Sophie est adoptée par des membres du personnel de la reine et peut vivre dans le palais. Mais pas le géant. Il doit rentrer chez lui.
2022 : Thé avec l’ours Paddington

Il n’y a rien de plus typiquement britannique que la monarchie, sauf peut-être le thé. Ajoutez-y l’ours Paddington, le charmant petit ourson adoré dans tout le pays, et vous obtenez une véritable célébration nationale. À l’occasion du jubilé de platine de la reine (le 70e anniversaire de son règne) au début de l’année, la reine Elizabeth II, qui arborait un ensemble jaune moutarde et bleuet, a tourné une adorable vidéo avec l’ours Paddington (interprété par Ben Whishaw) lors d’un thé au palais de Windsor, révélant enfin ce qu’elle transportait dans son sac à main emblématique (sans vouloir spoiler, il s’agit d’un sandwich à la marmelade). Les Britanniques étaient, pour une raison ou une autre, perplexes quant à la technologie utilisée pour réunir ces deux icônes, mais il s’avère que ce n’était qu’une bonne vieille image de synthèse.
 
Angie Martoccio, EJ Dickson, Elisabeth Garber-Paul, Andrea Marks et CT Jones
Traduit par la rédaction


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Lorsque le numéro 1 d’Action Comics est sorti dans les kiosques en juin 1938 et que les lecteurs ont découvert Superman, l’événement a donné le coup d’envoi de ce qui allait devenir une grande obsession américaine pour les super-héros. Naturellement, le cinéma a très vite cherché à profiter de cet engouement. Ainsi, quelques années plus tard, des séries comme The Adventures of Captain Marvel (1941), Batman (1943) et Captain America (1944) deviennent des incontournables. Superman aura lui aussi droit à sa propre aventure en 15 épisodes en 1948. Plus tard, ces personnages ont débarqué sur cette nouvelle invention appelée « télévision » : George Reeves courait plus vite qu’une balle de révolver, Adam West et Burt Ward affrontaient des Bat-méchants et Bill Bixby se transformait en Hulk vert enragé. Et c’est sans parler des dessins animés du samedi matin…
Lorsque les super-héros ont commencé à revenir sur le grand écran à la fin des années 1970 et dans les années 1980, ils étaient devenus des icônes universellement reconnues. Et lorsque le premier film X-Men et le premier Spider-Man de Sam Raimi sont sortis en salles à quelques années d’intervalle, le décor était planté pour que la première partie du 21e siècle donne naissance à ce qui est désormais l’âge d’or des films de super-héros.
Ainsi, après avoir navigué dans plusieurs univers cinématographiques et traversé une multitude de multivers, nous avons classé les 50 meilleurs films de super-héros de tous les temps. Des films les plus fous aux plus sombres, voici les films qui ont définit le genre.
50 – Zack Snyder’s Justice League (2021)
© HBO Max
Oubliez l’espace d’une seconde les campagnes en ligne toxiques, les récriminations des studios, les manigances en coulisses et la version sortie dans les salles de ce qui devait être l’apogée de l’univers étendu de DC. La version longue de l’épopée de Zack Snyder ne se contente pas d’améliorer son prédécesseur : elle témoigne d’un respect pour ces personnages historiques, étoffe certaines histoires clés et entraîne tout le monde dans une bataille royale contre un méchant bien plus intéressant. (Bravo au champion poids lourd de l’univers d’Apokolips, Darkseid !) C’est le film de super-héros qui se prend au sérieux, une épopée wagnérienne, une foule de séquences d’action au ralenti et de grands mouvements narratifs qui, pendant au moins quatre heures, vous donne l’impression qu’il y a toute même quelqu’un qui traite ces héros et ces méchants comme les dieux et les monstres qu’ils sont dans les comics. -D.F.
49 – Ghost Rider (2007)
©Sony Pictures Imageworks
Applaudissez l’iconoclaste Nicolas Cage : dans le rôle de Johnny Blaze, il tombe d’une moto et s’enflamme, se tordant de douleur et émettant des cris d’agonie sur fond de musique d’opérette alors qu’il se transforme en antihéros macabre des années 1970 dans une scène particulièrement impressionnante. Mais il y a aussi son couple avec Eva Mendes, et la façon dont le duo fait des étincelles à l’écran. Dans l’ensemble, Ghost Rider est un film qui n’a pas honte d’être un pur divertissement loufoque et qui se savoure mieux si l’on n’en attend rien de particulier. Nous n’avons pas eu Cage en Superman, mais au moins, nous avons eu Cage en Ghost Rider. -M.R.
48 – Megamind (2010)
©Paramount/Everett Collection
Ce film d’animation ose poser la question : « Et si Lex Luthor était un extraterrestre bleu à grosse tête qui avait un faible pour Lois Lane, et qu’il gagnait parce que Superman n’était pas vraiment intéressé par son travail ? ». L’ignoble méchant Megamind de Will Ferrell s’en donne à cœur joie face au gallant Metro Man, l’homme d’acier de Brad Pitt. Tina Fey est un faire-valoir semi-romantique impeccable et David Cross est né pour jouer le rôle du serviteur sérieux mais obséquieux du méchant, un poisson juché sur un corps de robot. C’est drôle, sincère et c’est l’une des rares parodies de super-rivalité qui fonctionne aussi bien qu’un film de super-héros. -J.G.
47 – Infra-Man (1975)
© Everett Collection
Inspiré par le succès fulgurant de la série télévisée japonaise Ultraman, le légendaire producteur de films de Hong Kong Runme Shaw a décidé de créer sa propre histoire, celle d’un scientifique (Danny Lee) transformé en un héros bionique doté d’une super force, d’yeux à rayons laser et de la capacité de grandir de 20 étages, afin de combattre tous les kaiju qu’une princesse démoniaque récemment réveillée lui envoie. Bien sûr, c’est un peu kitsch, comme beaucoup de films de Godzilla dans les années 1970. Mais c’est aussi un véritable régal, et on peut sentir l’influence de ce défenseur de la Terre (décrit dans la bande-annonce comme étant « six millions d’années-lumière au-delà de la crédibilité ! ») alimenté par l’énergie nucléaire et adepte des arts martiaux dans de nombreuses franchises, depuis Power Rangers jusqu’à Pacific Rim. -D.F.
46 – Scott Pilgrim (2010)
©Double Negative
L’adaptation étourdissante par Edgar Wright des romans graphiques de Bryan Lee O’Malley, qui raconte l’histoire de Scott Pilgrim (Michael Cera), un musicien qui doit affronter les sept ex de la fille de ses rêves Ramona Flowers (Mary Elizabeth Winstead), puise dans la culture geek, le rock hipster néo-garage, des dessins animés japonais ou encore les jeux vidéo de type Mortal Kombat. Mais, à l’instar de l’œuvre d’origine, il tire un grand coup de chapeau aux comics et, par extension, aux films de super-héros. Regardez Pilgrim se frayer un chemin à coups de poing entre les hommes et les femmes maléfiques qui se dressent entre lui et le bonheur, et vous comprendrez que ce film se glisse magnifiquement dans le genre. Il ne lui manque que le masque et la cape. -D.F.
45 – The Old Guard (2020)
©AIMEE SPINKS/NETFLIX
Depuis des millénaires, un groupe de guerriers immortels (menés par Charlize Theron, au sommet de son art) loue ses services aux gentils comme aux méchants, selon le prix et « selon le siècle ». Ils découvrent bientôt qu’une jeune femme possède les mêmes pouvoirs de régénération qu’eux. Mais le gang et sa nouvelle recrue doivent faire face aux conséquences d’une mission qui a mal tourné et à un méchant qui veut découvrir la source génétique de leur pouvoir. Le scénariste Greg Rucka adapte sa propre histoire à l’écran et la réalisatrice Gina Prince-Blythewood complète son goût pour le carnage avec une charge émotionnelle et des scènes de combat dignes de ce nom. Une suite est actuellement en préparation. Longue vie à cette nouvelle franchise. -D.F.
44 – Batman : le film (1966)
©20thCentFox/Everett Collection
POW ! BAM ! CRASH ! Batman et Robin affrontent le Joker, le Pingouin, le Riddler et Catwoman dans ce tourbillon d’autodérision et de décors colorés inspiré par la sensibilité Pop Art de la série télévisée à succès. Les débuts sur grand écran du justicier d’Adam West constituent également l’apparition cinématographique la plus loufoque du personnage, avec des requins qui explosent, des missiles Polaris qui écrivent dans le ciel des messsages cryptiques, un attirail de Bat-ceci et de Bat-cela ainsi qu’un dispositif qui réduit les dirigeants politiques du monde en fioles de cristaux déshydratés… Un peu comme si DC Comics avait eu un enfant avec le magazine Mad dans les années 1960. -S.G.
43 – Thor (2011)
©Zade Rosenthal/Marvel Studios
Le réalisateur Kenneth Branagh a puisé dans son expérience pour conférer une gravité shakespearienne à ce premier film entièrement consacré à notre dieu du tonnerre préféré, Thor, fils d’Odin et détenteur du marteau Mjölnir. Exilé du royaume mythique d’Asgard par son père, la divinité blonde (Chris Hemsworth a-t-il été créé dans un laboratoire dans le seul but d’incarner ce personnage ?) attire rapidement l’attention de l’astrophysicienne Jane Foster (Natalie Portman). Il commence à se faire à son nouveau chez-lui, mais son frère Loki (Tom Hiddleston) a d’autres plans. Il s’agit d’une excellente introduction au personnage, avec une remarquable interprétation par Hiddleston d’un super-vilain qui deviendra bientôt un élément clé du Marvel Cinematic Universe (MCU). -D.F.
42 – Lego Batman, le film (2017)
©Warner Bros. Pictures
Merci au réalisateur Chris McKay et aux producteurs Phil Lord et Christopher Miller de nous rappeler que Batman n’est pas forcément sinistre 24 heures sur 24. Il peut aussi être drôle. En transformant un caméo remarquable du film Lego en un long métrage, le trio nous a offert un Bat-Toy Story, avec Will Arnett dans le rôle du Batman le plus imbu de lui-même et Michael Cera dans celui du Robin le plus sincère. Rempli de méchants plus ou moins obscurs et de nombreuses références qui font le bonheure des amateurs de DC Comics, ce film que tout le monde peut apprécier est instantanément devenu un Bat-classique. -J.G.
 
41 – Avengers (2012)
©Zade Rosenthal/Marvel Studios
Repousser une invasion extraterrestre à Manhattan pourrait sembler banal maintenant que l’enjeu est devenu « la moitié des êtres vivants de l’univers sont sur le point de se désintégrer ». Mais l’audace du premier volet de la saga Avengers reste indéniable : personne n’avait jamais essayé d’intégrer autant de super-héros dans un seul film auparavant. C’est surtout la solidité du casting (dont Mark Ruffalo dans le rôle de Bruce Banner/Hulk et Jeremy Renner dans celui de Hawkeye, ainsi que Scarlet Johansson, Samuel L. Jackson et Tom Hiddleston qui nous rappellent que la présence à l’écran est aussi un superpouvoir) qui a empêché le tout de glisser vers le ridicule d’un film pour enfants. La bataille de New York est un point culminant universellement reconnu du MCU, de même que des moments de comédie comme Hulk écrasant Loki. -B.H.
40 – The Dark Knight Rises (2012)
Photo : Wally Pfister/Warner Bros
S’il y a un moment à retenir du grand final de la trilogie de Christopher Nolan, c’est la scène où Bane et Batman combattent au corps à corps et où le super-vilain détruit le plus grand détective du monde. Ensuite, il y a le discours fou de Bane appelant à l’anarchie, qui a suscité des comparaisons avec des groupes très réels comme les Proud Boys. Et bien que sa fin soit cathartique, cette conclusion sombre de la saga de Nolan ressemble à une mise en garde, même si elle est très divertissante. Ce film est le portrait d’une société aussi brisée que le dos de Batman. Une œuvre à la fois excitante et effrayante, qui explore des thèmes et des idées que la plupart des superproductions ont peur d’aborder. -M.R.
39 – Doctor Strange in the Multiverse of Madness (2022)
Photo : Marvel Studios
Bon retour parmi nous, Sam Raimi ! Le réalisateur de Spider-Man revient au genre qu’il a aidé à créer et ajoute des éléments d’horreur très old-school à cette suite, dans laquelle Stephen Strange (Benedict Cumberbatch) et une jeune femme nommée America Chavez (Xochitl Gomez) traversent des univers alternatifs pour empêcher Wanda Maximoff (Elizabeth Olsen) de déchirer la réalité. S’il est vrai qu’il faut un doctorat en études avancées du MCU pour suivre l’intrigue (ou au moins connaître WandaVision sur le bout des doigts), il n’est pas nécessaire d’être un expert de Marvel pour apprécier la façon dont Raimi transforme le dernier tiers du film en une maison hantée cinématographique tout en livrant un blockbuster, ou la façon dont il utilise le concept de multivers pour tordre et modifier un grand nombre d’éléments de la franchise. Comme, par exemple, lorsqu’il introduit certains choix de casting intrigants et de versions alternatives de personnages… pour faire littéralement exploser l’idée entière sous vos yeux. Félicitations, monsieur. -D.F.
38 – Captain America: First Avenger (2011)
Photo : ©2011 Marvel Entertainment, LLC
Le film le plus négligé du MCU ressemble à un croisement entre Indiana Jones et Les aventures de Rocketeer. Ce qui n’est pas surprenant, puisqu’il a été réalisé par Joe Johnston, protégé de George Lucas. (Johnston a également assuré la direction artistique des deux premiers Indiana Jones et a conçu Boba Fett). Le rythme du film appartient heureusement à une époque révolue : on passe 37 minutes à faire connaissance avec la version numériquement démusclée du Steve Rogers de Chris Evans avant qu’il ne soit transformé en Captain America. Ce genre d’approche à l’ancienne permet d’obtenir l’une des meilleures scènes de la franchise : un Rogers impuissant qui jette son corps sur ce qu’il croit être une grenade. Une excellente introduction à un héros qui allait devenir un acteur clé du MCU. -B.H.
37 – The Batman (2022)
Photo : Jonathan Olley/Warner Bros
Avouons-le, nous étions un peu dubitatifs lorsque Matt Reeves a annoncé qu’il allait réaliser un nouveau Batman avec dans le rôle titre… Robert Pattinson. Il s’est avéré que c’était un coup de génie, car l’acteur apporte un véritable sentiment de malaise, de traumatisme et d’intensité à ce chevalier noir des premiers jours, qui n’a pas encore obtenu son titre de « plus grand détective du monde ». C’est un Batman constamment au bord de la crise psychotique, ce qui, à bien des égards, fait de lui la personne idéale pour traquer une version tout aussi déséquilibrée du Riddler (Paul Dano). La Catwoman de Zoe Kravitz et un Colin Farrell presque méconnaissable dans le rôle du Pingouin complètent la galerie des malfrats. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’un ajout impressionnant au canon de l’homme chauve-souris, en perpétuel essor. -D.F.
36 – Tank Girl (1995)
Photo : ©MGM/Everett Collection
Le public ne savait pas trop quoi penser du film de Rachel Talalay, qui a porté sur grand écran l’aventurière postapocalyptique de Jamie Hewlett (lequel est devenu célèbre au sein de Gorillaz). C’est un tourbillon excentrique et inoubliable, avec sa bande-son signée Courtney Love et les apparitions de Iggy Pop dans le rõle d’un personnage appelé « Rat Face » et de Ice-T, pratiquement méconnaissable, dans le rôle d’un kangourou appelé T-Saint. Lori Petty est le choix parfait pour incarner l’héroïne punk, on l’aurait cru toute droit sortie des cases de Hewlett. La tournure subversive que Tank Girl donne aux histoires de super-héros continue d’être débattue par les spécialistes du féminisme et les amateurs de films de genre jusqu’à aujourd’hui. -M.R.
35 – Ant-Man (2015)
Photo : Zade Rosenthal/Marvel Studios
Il est facile d’oublier la diversité de ton qu’on pouvait trouver dans les premières phases du Marvel Cinematic Universe. La pure comédie de Ant-Man, réalisé par Peyton Reed, était l’une des expérimentations les plus appréciées du MCU, et Paul Rudd dans le rôle d’un gentil détenu qui veut juste voir sa fille était peut-être le plus charmant de ses personnages principaux. La décision la plus intelligente du film, cependant, a été de suivre l’exemple des bandes dessinées et de faire du Scott Lang de Rudd le deuxième Ant-Man, ce qui a permis au film de partir avec une mythologie préétablie et de laisser Michael Douglas (et plus tard Michelle Pfeiffer) jouer un super-héros. -B.H.
34 – The Suicide Squad (2021)
Photo : Warner Bros.
La version Synder de l’univers DC a toujours été étrangement adaptée à sa source comprenant un Superdog, divers diablotins interdimensionnels et une étoile de mer extraterrestre géante nommée Starro. Heureusement, le réalisateur des Gardiens de la Galaxie, James Gunn, n’a pas inclus Krypto ou Batmite dans sa version du super-groupe de super-vilains, mais ça ne l’a pas empêché de construire une intrigue entière autour de l’étoile de mer susmentionnée. Avec sa cohorte de personnages secondaires et sa vedette Margot Robbie dans le rôle de l’incandescente Harley Quinn, Suicide Squad atteint un ton de loufoquerie grand-guignolesque qu’aucun autre film de super-héros n’a encore égalé. Points bonus pour la séquence d’ouverture (avec l’introduction d’une équipe entière bientôt vouée à une mort horrible) et pour avoir donné naissance à un spin-off télévisé absolument parfait, Peacemaker, avec John Cena. -B.H.
33 – Blade II (2002)
Photo : Everett Collection
Il n’a pas échappé à Guillermo del Toro qu’à l’origine, le chasseur de vampires de Wesley Snipes était un personnage à mi-chemin entre le monde des super-héros et celui des bandes dessinées d’horreur des années 1970. Sa suite au film de 1998 s’assure de donner aux deux genres un traitement égal. Une nouvelle race de suceurs de sang décime à la fois les communautés humaines et les créatures de la nuit. Blade doit faire équipe avec un groupe de renégats morts-vivants connu sous le nom de « Blood Pack » pour vaincre ces vampires. C’est une version sombre des histoires de super-héros, avant que celles-ci ne soient à la mode. On sent que del Toro respecte le matériau d’origine tout en s’amusant comme un petit fou : la façon dont les mâchoires des vampires s’ouvrent, la mise en scène de Blade tranchant un trio de méchants comme s’il s’agissait d’un panneau d’affichage… -D.F.
32 – Incassable (2000)
Photo : ©Walt Disney Co./Everett Collection
David Dunn (Bruce Willis), agent de sécurité, fait l’expérience d’une profonde renaissance personnelle après s’être sorti indemne d’un énorme accident de train. Avec l’aide d’Elijah Price (Samuel L. Jackson), un intellectuel infirme, il découvre lentement son propre potentiel. M. Night Shyamalan a réussi son plus grand exploit narratif en transformant un mystère lugubre aux émotions réalistes et aux personnages ordinaires en une histoire de super-héros qui ne dit pas son nom. C’est aussi un commentaire sur la délicate danse symbiotique entre les protagonistes et leurs antagonistes, ainsi que le premier volet d’une trilogie cinématographique inattendue et follement originale qui s’étend sur deux décennies. -S.G.
31 – V pour Vendetta (2005)
Photo : ©Warner Bros/Everett Collection
Le récit dystopique d’Alan Moore sur un justicier masqué (dont le visage allait devenir le symbole des activistes politiques clandestins du XXIe siècle) dévie radicalement de la mythologie des super-héros. Cette adaptation du réalisateur James McTeigue et des producteurs/scénaristes Lily et Lana Wachowski est très proche de la voix de la légende des comics. Elle s’appuie fortement sur l’idée qu’il existe une frontière ténue entre les terroristes et les combattants de la liberté, même lorsque des super pouvoirs (issus de mutations d’un virus commandité par le gouvernement) sont impliqués. Bien avant d’aider le Dieu du Tonnerre, une Natalie Portman au crâne rasé soutient l’homme connu sous le nom de « V », alors qu’il mobilise une armée contre les forces totalitaires. Disons simplement que c’est l’un des rares films de super-héros qui semble devenir de plus en plus prémonitoire au fil des années. -D.F.
30 – Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux (2021)
Marvel Studios
Enfin, le premier grand film américain consacré à un super-héros asiatique. Au centre de ce film se trouve la star sino-canadienne Simu Liu, dont la performance réaliste alimente cette histoire racontant l’origine du personnage des années 1970 Shang-Chi et sa lutte contre les organisations criminelles, les menaces d’un autre monde et son propre destin. Comme dans tout film Marvel, il y a de l’action à profusion (une scène où Shang-Chi combat des voyous dans un bus à San Francisco est particulièrement palpitante), mais ce sont les relations tendues entre Liu et sa famille (jouée par les légendes de Hong Kong Tony Leung et Michelle Yeoh) qui résonnent le plus. -M.R.
 
 
29 – The Crow (1994)
DR
Hantée à jamais par la mort de sa star Brandon Lee (fils du légendaire Bruce Lee) sur le plateau de tournage, cette histoire d’un musicien ressuscité devenu un super-héros mort-vivant déterminé à se venger reste à la fois un hommage à l’acteur et une référence du genre. Le créateur James O’Barr a réalisé la bande dessinée après que sa fiancée a été tué par un conducteur ivre. Le réalisateur Alex Proyas traduit la mélancolie inhérente à la bande dessinée en quelque chose d’exaltant et de transcendant, tout en restant gothique. Le fait que Michael Wincott soit parfait dans le rôle d’un méchant criminel de Détroit et que la formidable bande-son soit l’une des meilleures des années 1990 en matière de rock alternatif est un atout supplémentaire. -J.G.
 
28 – Batman Begins (2005)
Warner Bros
Le premier volet de la trilogie de Christopher Nolan a été le premier Batman à s’inspirer des meilleures interprétations modernes du personnage dans les comics (en particulier Batman: Year One de Frank Miller et David Mazzuchelli) dans un monde tellement ancré dans la réalité qu’on apprend même comment sont fabriqués les batarangs. Christian Bale incarne un Bruce Wayne obsessionnel comme il se doit, mais ce sont les seconds rôles (l’Alfred paternel mais sardonique de Michael Caine, qui fait immédiatement autorité, le Lucius Fox de Morgan Freeman, l’Épouvantail de Cillian Murphy, sous-estimé et terriblement effrayant, et le Jim Gordon fatigué de Gary Oldman) qui donnent vraiment vie à cette vision du chevalier noir. -B.H.
 
27 – Hellboy (2004)
©Columbia Pictures/Everett Collection
La version de Guillermo del Toro de Hellboy, démon romantique adepte de cigares, reflète parfaitement la vision et le ton de son créateur Mike Mignola, passant de l’horreur surnaturelle à la fantaisie merveilleuse, de l’action militaire au cynisme obscur, parfois en l’espace de quelques secondes. Une grande partie de la réussite du film est due à Ron Perlman, qui incarne le géant avec une intelligence pugilistique proche de celle de Gray Hulk. La performance de Selma Blair dans le rôle de la psychokinétique Liz Sherman et la voix de David Hyde Pierce pour l’amphibie Abe Sapien sont également remarquables. Mais, en fin de compte, ça reste du pur del Toro, et la scène dans laquelle Hellboy affronte Raspoutine suffira à enthousiasmer les lecteurs de comics de la vieille école tout comme les fans de son illustre filmographie. -M.R.
 
26 – Darkman (1990)
©Universal/Everett Collection
Avant de lancer le MCU avec Spider-Man et de plonger Dr Strange dans le multivers, Sam Raimi a créé un super-héros de toutes pièces. Peyton Westlake (Liam Neeson), un scientifique spécialisé dans la régénération de la peau, horriblement défiguré et laissé pour mort par des truands, survit grâce à une procédure expérimentale qui l’immunise contre la douleur et le rend sensible aux montées d’adrénaline qui augmentent sa force. Sa seule faiblesse : un profond sentiment d’aliénation. Ses masques synthétiques, aussi réalistes qu’instables, font de lui un maître du déguisement dans la lutte contre le crime, mais son instabilité mentale le rend imprévisible et monstrueux. -S.G.
 
 
25 – Les aventures de Rocketeer (1991)
©Walt Disney Co./Everett Collection
La plupart des adaptations de super-héros de l’après-Batman de Tim Burton étaient oubliables, mais cette histoire de Joe Johnston, sur un pilote de l’époque de la Seconde Guerre mondiale doté d’un jetpack combattant des gangsters et des nazis, est un délice rétro. Y a-t-il jamais eu un couple de super-héros plus photogénique que Billy Campbell et Jennifer Connelly ? Des années plus tard, Johnston appliquera un ton rétro similaire à sa contribution au Marvel Cinematic Universe (voir n° 38). Mais cet hommage à l’esprit de la série des années 1930, c’est-à-dire aux premiers films de super-héros, est arrivé le premier. -A.S.
 
 
 
24 – Batman : Le Défi (1992)
©Warner Bros/Everett Collection
Le Batman original de Tim Burton (1989) est peut-être le film le plus important du point de vue historique, car il a fait du film de super-héros un incontournable, mais sa suite bizarre (avec Danny DeVito dans le rôle d’un Pingouin mutant grotesque et Christopher Walken dans celui d’un politicien à la Trump) est finalement le film le plus mémorable, en particulier grâce au ronronnement merveilleusement pervers de Michelle Pfeiffer dans le rôle de Catwoman. Il ressemble également plus à un film de Burton que son prédécesseur, de par son ton mélancolique et ses allusions au gothique, et l’étrange friction entre son style et la traditionnelle lutte du bien contre le mal. Tout ceci contribue à en faire un excellent Batman. -A.S.
 
 
23 – Deadpool (2016)
©20thCentFox/Everett Collection
Vous vous souvenez peut-être avoir rencontré Wade Wilson dans X-Men Origins: Wolverine (2009). Cependant, ce personnage culte des comics est beaucoup plus violent et vulgaire dans le film de Tim Miller. Ryan Reynolds a compris pourquoi cet assassin était si populaire auprès des lecteurs : il est extrêmement bon dans ce qu’il fait (c’est-à-dire tuer des gens) en plus d’être incapable de la boucler. L’acteur et le film se sont appuyés sur le comportement odieux et hargneux de Wade Wilson et n’ont pas hésité à faire entrer le genre dans la comédie noire trash. Résultat : les autres films de super-héros « subversifs » ressemblent à des dessins animés Disney en comparaison. -D.F.
 
 
22 – Robocop (1987)
©Orion Pictures Corp/Everett Collection
L’impitoyable satire sociale de Paul Verhoeven sur l’obsession de l’Amérique pour la loi et l’ordre est aussi un film de super-héros (ou peut-être un film de super-anti-héros), et un très bon film. Dans une ville de Détroit dystopique, le policier interprété par Peter Weller est assassiné puis transformé en un cyborg vendu comme étant à la pointe de la lutte contre le crime. Rapidement, cet agent de police robotisé commence à soupçonner que quelque chose de louche se trame avec les patrons de son entreprise. La violence est tellement exagérée qu’elle ressemble à une parodie des histoires moralisatrices des comics, ce qui est en partie le but recherché. Pas étonnant que l’auteur Frank Miller ait emprunté le personnage pour ses propres histoires. -D.F.
 
21 – Doctor Strange (2016)
Jay Maidment/Marvel Studios
Voici Stephen Strange, ancien chirurgien égocentrique devenu maître des arts mystiques. Benedict Cumberbatch prête juste ce qu’il faut de fierté blessée et d’humour pince-sans-rire à la première aventure sur grand écran du Sorcier Suprême, tandis que le réalisateur Scott Derrickson vous donne l’impression de regarder toutes ces planches surréalistes de Steve Ditko prendre vie. La scène de poursuite reste l’une des plus merveilleuses et hallucinantes du MCU à ce jour. Il n’est pas surprenant que Strange soit devenu la guest star surnaturelle par excellence dans pratiquement tous les films Marvel qui ont suivi. -D.F.
 
 
©WARNER BROS/EVERETT COLLECTION
20 – Superman II (1980)
Même l’homme de fer a parfois besoin de faire une pause ! Dans cette suite signée Richard Lester, Superman souhaite se retirer pour profiter d’une vie normale avec Lois Lane. Malheureusement, il décide de s’arrêter au moment où trois super-vilains kryptoniens s’échappent de la Zone fantôme et tentent de conquérir la Terre. Le noyau dur Christopher Reeve/Margot Kidder/Gene Hackman porte réellement le film, tout comme l’accent mis sur la relation entre Superman et la femme qu’il aime. -A.S.
 
©WARNER BROS/EVERETT COLLECTION
19 – Batman contre le fantôme masqué (1993)
Les bat-experts considèrent Batman, la série animée comme l’adaptation la plus fidèle du personnage à l’écran, et ce spin-off cinématographique mérite amplement sa place. Il prend au sérieux la douleur et le chagrin de Bruce Wayne (interprété par Kevin Conroy) sans rendre son Batman insupportablement sinistre et grinçant. Mark Hamill (oui, le Mark Hamill) fait rire dans le rôle du Joker. Le design de Gotham City est magnifique sur grand écran. Et l’introduction du personnage de Dana Delany, une femme surgie du passé de Bruce, met en place l’une des conclusions les plus tragiques de toute les histoires de Batman. -A.S.
ZADE ROSENTHAL/©WALT DISNEY STUDIOS MOTION PICTURES/EVERETT COLLECTION
18 – Captain America : Le Soldat de l’hiver (2014)
La première des suites de Captain America s’est distinguée en modelant son histoire sur les thrillers paranoïaques des années 1970 comme Les Trois Jours du Condor. Elle a même fait jouer à Robert Redford le rôle d’un fonctionnaire du S.H.I.E.L.D. aux motivations louches. Elle a également obligé le héros patriotique à se battre contre son propre gouvernement, sans parler d’un autre supersoldat tout droit sorti de son propre passé. Le Soldat de l’hiver a montré que le MCU pouvait intégrer des styles d’histoires beaucoup plus larges dans ses sagas. Il donne également plus de temps à l’écran à un grand nombre de seconds rôles clés (Black Widow, Falcon) et offre certaines des meilleures scènes de combat (la mêlée dans l’ascenseur) de tous les films Marvel. -A.S.
©20THCENT FOX/EVERETT COLLECTION
17 – X-Men 2 (2003)
La suite du film X-Men comporte une scène véritablement perturbante dans laquelle un Homo superior malveillant piège le Professeur X de Patrick Stewart pour qu’il chasse des innocents. Et ce n’est qu’une des nombreuses pièces maîtresses de ce film. De l’assaut de la Maison-Blanche à la séquence tout droit sortie des comics où le Wolverine de Hugh Jackman combat seul un bataillon armé, cette suite a contribué à placer la barre très haut pour les films de super-héros en termes d’action (et de métaphores sur l’intolérance). -B.H.
 
MARVEL STUDIOS
16 – Avengers : Infinity War (2018)
Les critiques exaspérés par le MCU ont tendance à négliger le caractère unique de sa narration entrelacée : en 2018, c’était déjà l’univers le plus élaboré de l’histoire du cinéma. Tout cela porte ses fruits dans Infinity War, qui regorge de délicieuses équipes spécialement conçues pour faire plaisir aux fans (Captain America et Groot, Thor et Star-Lord, Dr Strange et Spider-Man), de séquences d’action gigantesques (cette bataille au Wakanda) et d’un véritable pathos lorsqu’il devient évident que Thanos va mettre à exécution son plan d’anéantissement de millions de personnes en un claquement de doigts. On a l’impression que, pour une fois, le méchant va gagner. -B.H.
MARVEL STUDIOS
15 – Les Gardiens de la Galaxie (2014)
Qui aurait pu deviner qu’un groupe hétéroclite de personnages secondaires d’une obscure bande dessinée de science-fiction allait sauver l’univers Marvel ? James Gunn, vétéran des studios Troma, a apporté un sens de l’humour loufoque à cette histoire de hors-la-loi interstellaires traversant le cosmos, menés par le voleur Peter Quill, alias Star-Lord, de Chris Pratt, et mettant en scène le raton-laveur le plus hargneux et le plus grossier qui ait jamais manié un blaster. C’est une véritable explosion, depuis la bande-originale vintage jusqu’aux répliques entre Pratt et une Zoe Saldana au teint vert. -D.F.
COLUMBIA PICTURES/EVERETT COLLECRTION
14 – Spider-Man (2002)
Rien que les scènes où Spider-Man se balance sur sa toile auraient permis à ce classique de gagner sa place. Elles ont montré comment les images de synthèse pouvaient enfin permettre aux cinéastes de reproduire à l’écran les images des comics, ouvrant ainsi la porte à toute une époque. Mais plus important encore, Sam Raimi a compris l’essence romanesque de la création de Stan Lee et Steve Ditko, en approfondissant l’histoire d’amour centrale du film entre Peter Parker (Tobey Maguire) et Mary Jane Watson (Kirsten Dunst). Ce faisant, il a offert au monde un baiser à l’envers qui restera à jamais gravé dans les mémoires. -B.H.
ALAN MARKFIELD/20TH CENTURY FOX FILM CORP. ALL RIGHTS RESERVED/EVERETT COLLECTION
13 – X-Men : Days of Future Past (2014)
La franchise X-Men a réalisé sa propre version d’Infinity Wars/Endgame bien avant le MCU, et les ambitions folles de Days of Future Past portent leurs fruits avec une épopée qui ressemble autant à un énorme crossover de comics que n’importe quel film jamais réalisé. Le film parvient à faire cohabiter efficacement les versions originales et le reboot des personnages de l’univers X-Men, qui doivent éviter l’extinction des mutants dans plusieurs lignes temporelles, et réussit même à placer la Mystique de Jennifer Lawrence, actrice alors très demandée, au centre de l’histoire sans que cela paraisse artificiel. -B.H.
CHUCK ZLOTNICK/COLUMBIA PICTURES
12 – Spider-Man : Homecoming (2017)
Le caméo de Tom Holland dans le rôle de Spider-Man dans Captain America: Civil War (2016) suggérait qu’il apporterait quelque chose de nouveau à l’icône de Marvel. Son premier film solo dans le rôle de l’homme-araignée l’a confirmé. Ce Spider-Man nouvelle génération est une mise à jour du personnage pour l’ère du MCU et canalise brillamment le Peter Parker de la série originale de Stan Lee des années 1960, l’adolescent angoissé par ses grands pouvoirs qui impliquent de grandes responsabilités. Ajoutez à cela Zendaya dans le rôle de M.J., Robert Downey Jr dans celui d’Iron Man, figure paternelle, et Michael Keaton dans celui du Vautour, menaçant et hautain, et vous obtenez un film de super-héros vraiment étonnant. -D.F.
©PARAMOUNT/EVERETT COLLECTION
11 – Iron Man (2008)
Tony Stark et son costume métallique existent depuis le début de l’âge d’or de Marvel. En dehors des comics, cependant, on peut dire que c’était un inconnu dans la culture populaire. La seule raison pour laquelle il a eu droit à son propre film, c’était que Marvel avait vendu les droits de Spider-Man et des X-Men à Sony et Fox, respectivement. Sans compter que la carrière de Robert Downey Jr. avait connu des jours meilleurs. Mais l’alchimie parfaite entre l’acteur et le rôle a ouvert la voie à la conquête des multiplexes par le MCU et a mis en place ce qui est devenu la franchise cinématographique dominante des temps modernes. Sans parler de l’époustouflante séquence post-générique qui suggère que nous n’avons fait qu’effleurer la surface. -A.S.
DISNEY/PIXAR
10 – Les Indestructibles (2004)
Le premier film Pixar de Brad Bird est un hommage aux sitcoms des années 1950 et aux films d’espionnage élégants des années 1960. Mais il s’agit aussi d’un excellent dessin animé de super-héros, avec sa version humoristique des Quatre Fantastiques, qui prennent la forme d’une petite famille. Le look rétro et les séquences d’action de premier ordre ajoutent au plaisir, mais il faut reconnaître que ce sont les voix qui font vraiment briller ce film d’animation : Holly Hunter et Craig T. Nelson dans le rôle de Maman et Papa Indestructibles ; Samuel L. Jackson dans le rôle de Frozone, un autre combattant du crime ; Bird lui-même dans le rôle d’Edna Mode, l’avatar d’Anna Wintour et la plus grande costumière du monde ; et Jason Lee dans le rôle d’un super-vilain à la chevelure électrique qui nourrit une vieille rancune. -A.S.
WARNER BROS. PICTURES
9 – Wonder Woman (2017)
Gal Gadot rayonnait de bienveillance dans le rôle de la guerrière amazone Wonder Woman. Aucune actrice et aucun acteur n’y était parvenu aussi bien dans un film de super-héros depuis Christopher Reeve. La réalisatrice Patty Jenkins a choisi de faire se dérouler le film pendant la Première Guerre mondiale, ce qui a contribué à apporter un peu de fraîcheur aux tropes familiers. Et puis, tout simplement, une super-héroïne avait enfin droit à son propre grand film. La scène de bataille du No Man’s Land, avec le costume de Wonder Woman qui brille sur la toile de fond grise tandis qu’elle dévie les balles et assomme les soldats, est indélébile. -B.H.
MARVEL STUDIOS
8 – Thor : Ragnarok (2017)
Le réalisateur Taika Waititi a poussé l’autodérision habituelle du MCU jusqu’à sa limite (et au-delà) dans cet opus, débloquant chez Chris Hemsworth un penchant pour le comique qu’il n’avait jamais montré dans ses précédents films Thor. C’est à la fois un ajout parfait aux récits mythiques des dieux qui se battent entre eux et une satire générale du ton pompeux de toute la franchise. Sans oublier que M. Waititi en a eu pour son argent avec les droits de la chanson « Immigrant Song » de Led Zeppelin. -A.S.
 
©WARNER BROS/EVERETT COLLECTION
7 – The Dark Knight (2008)
Le deuxième volet de la trilogie de Christopher Nolan, candidat sérieux au titre de meilleur film de Batman de tous les temps, s’appuie sur le personnage de Christian Bale, le chevalier noir inquiétant de Batman Begins (2005). Mais c’est le Joker de Heath Ledger, à la fois cauchemardesque et assez drôle, comme le Joker devrait l’être, qui élève véritablement ce film dans le canon des films de super-héros. Et certaines scènes comme l’assaut vertigineux de Batman dans un immeuble de Hong Kong sont des spectacles IMAX inégalables qui permettent à Nolan d’atteindre son objectif déclaré de battre la franchise Bond. -B.H.
©COLUMBIA PICTURES/EVERETT COLLECTION
6 – Spider-Man : Into the Spider-Verse (2018)
Cette extension animée à l’univers de Spider-Man (enfin, aux univers) déborde de couleurs, d’imagination, d’hommes et de femmes araignées… et d’un spider-cochon. C’est compliqué, mais jamais difficile à suivre. Miles Morales (Shameik Moore), artiste graffeur afro-puerto ricain, hérite du costume de Spider-Man. L’adolescent rencontre bientôt ses pairs issus de réalités parallèles, dont les voix sont interprétées par Jake Johnson, Hailee Steinfeld et, bien sûr, Nicolas Cage. Ensemble, ils doivent croiser leurs fils d’araignée et sauver le multivers. Une nouvelle version éblouissante d’une très vieille histoire. -A.S.
©WARNER BROS/EVERETT COLLECTION
5 – Superman (1978)
Le film qui vous a fait croire qu’un homme pouvait voler. Mais le plus grand effet spécial de tous les temps arrive un peu plus de 90 minutes après le début du film de Richard Donner : Clark Kent se tient dans l’entrée de l’appartement de Lois Lane alors qu’elle se prépare pour le rendez-vous qu’elle a oublié. Lorsqu’elle regarde ailleurs, Clark enlève ses lunettes, redresse sa posture, et le geek maladroit se transforme en l’Homme d’acier. Telle est la magie de la performance de Christopher Reeve dans les deux moitiés du rôle, sans parler de la Lois parfaite de Margot Kidder et du Lex Luthor mégalomane de Gene Hackman. Superman prouve qu’il est possible de porter à l’écran des héros et des méchants des comics de façon spectaculaire. Tout commence ici. -A.S.
©WALT DISNEY CO./EVERETT COLLECTION
4 – Avengers : Endgame (2019)
Si vous avez vu ce chapitre final de la saga « Infinity Stones » de Marvel le jour de sa sortie, il y a de fortes chances que la réaction du public à la séquence où reviennent T’Challa, Spider-Man et tous les autres héros que Thanos a réduit en poussière à la fin d’Avengers : Infinity War ait été la réponse la plus forte et la plus enthousiaste que vous n’ayez jamais entendue dans une salle de cinéma. C’est l’avantage de Endgame, qui agit comme la saison finale d’un récit long, compliqué et extrêmement divertissant qui a nécessité plus d’une décennie de travail. Il rassemble un certain nombre de personnalités du MCU pour un dernier tour de piste et règle de manière satisfaisante les questions laissées en suspens. Et puis cette bataille finale épique contre Thanos donne des frissons. -A.S.
BEN ROTHSTEIN/©20THCENTFOX/EVERETT COLLECTION
3 – Logan (2017)
Dans les années 1980, les créateurs de comics ont contribué à définir un mode de narration de super-héros pour adultes, avec des histoires noires et ultraviolentes se déroulant dans un monde quasiment réel. Le magnifique Logan de James Mangold transpose cette approche au cinéma, avec une version lugubre, dystopique et pleine de décapitations des derniers jours du Wolverine de Hugh Jackman. Clin d’œil aux westerns classiques (L’Homme des vallées perdues, en particulier), cet ajout à l’univers X-Men dépeint un futur qui ne nous est pas tout à fait étranger, où le rêve super-héroïque et le rêve américain s’éteignent ensemble. Et l’interprétation glaçante de Patrick Stewart, qui incarne l’esprit le plus puissant du monde atteint de démence, aurait dû lui valoir des prix. -B.H.
©COLUMBIA PICTURES/EVERETT COLLECTION
2 – Spider-Man 2 (2004)
Au départ, le premier Spider-Man devait mettre en scène le Bouffon Vert et le Docteur Octopus. Le réalisateur Sam Raimi craignait toutefois que ce soit trop pour un seul film. Il a donc gardé Doc Ock pour ce chef-d’œuvre, où l’approche extrêmement sincère du cinéaste à l’égard de Spider-Man a fait mouche sur tous les plans, depuis la crise de confiance de Spidey jusqu’à Alfred Molina dans le rôle de l’ennemi tragique de Peter Parker doté de tentacules en métal. Il s’agit de l’une des meilleures performances de méchant dans un film de comics, et le combat dans le métro (et ses conséquences) reste la séquence la plus émouvante du genre à ce jour. -A.S.
MARVEL STUDIOS
1 – Black Panther (2018)
Le récit de Ryan Coogler sur T’Challa, régent de l’empire africain fictif connu sous le nom de Wakanda et Avenger à mi-temps, est plus que le joyau de la couronne du Marvel Cinematic Universe. Il s’agit d’une épopée à l’ancienne, qui associe sensations fortes, esthétique afro-futuriste magnifique et véritable gravité morale. Le film a prouvé qu’il était possible d’intégrer la sensibilité d’un cinéaste dans le MCU sans compromettre les résultats de l’entreprise, et il nous a offert une tragédie shakespearienne en costume de super-héros, avec un héros tiraillé et un méchant aux multiples facettes grâce au Erik Killmonger de Michael B. Jordan. Mais surtout, il a prouvé que les films de super-héros pouvaient être plus qu’un simple divertissement. Ils pouvaient refléter le monde réel tout en nous transportant ailleurs. Ils pouvaient, en fait, être quelque chose de proche du cinéma. -D.F.
Par David Fear, Brian Hiatt, Alan Sepinwall, Mosi Reeves, Joe Gross et Stephen Garrett
Traduit par la rédaction

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Le 4 juillet 1776, le congrès vota à Philadelphie de rompre tout lien politique avec l’Empire Britannique, promulguant ainsi l’indépendance des États-Unis. Une date, appelée « jour de l’indépendance » (Independance Day) qui met fin à plus d’un an de conflit avec le Royaume-Uni.
A cette occasion, Rolling Stone vous a sélectionné dix morceaux d’artistes américains célébrant leur pays, chacun à leur manière.
Impossible de passer à côté à côté de ce monument de Bruce Springsteen. D’apparence patriote pour les anglophobes et certains communicants politiques, il s’agit en fait d’un cri de contestation contre la guerre du Vietnam.

Un autre classique, cette fois par le géant James Brown, qui a été immortalisé par son utilisation au sein du film Rocky IV, afin d’accompagner l’image patriotique du personnage d’Apollo Creed.

Tiré de l’album éponyme, sorti en plein scandale du watergate, ce morceau est un cri de patriote, porté par un texte scandé par un Johnny Cash habité.

Dans leur quatrième album, Bookends, Paul Simon et Art Garfunkel n’avaient pas perdu leur sens de la poésie. La preuve avec America, qui conte le périple en autostop d’un couple qui cherche son Amérique, au propre comme au figuré.

Un morceau écrit par le prolifique Rivers Cuomo sorti en 2016 qui ne manque pas de piquant. Notons que ce titre a effectivement été utilisé comme célébration des États-Unis en 2016, à l’occasion de l’arrivée du vaisseau Juno aux abords de la planète Jupiter.

Inspiré par la Californie et citant même Dementia 13 de Francis Ford Coppola, American Girl est une autre forme d’hommage aux États-Unis.

Ce grand classique de la bande de John Fogerty a été ensuite élevé en véritable hymne anti-guerre, notamment contre celle du Vietnam.

L’esprit de l’Amérique s’applique aussi à la plage, comme le montrent les Beach Boys sur leur album du même nom.

Un autre hommage aux États-Unis, par Lynyrd Skynyrd, mais cette fois en 2003, qui montre que la ferveur du groupe est restée intact, même plusieurs décennies après leur formation.

Le début des années 80 n’est pas la période la plus mélorable d’Alice Cooper, néanmoins, l’album DaDa surnage et offre son lot de pépites, notamment le piquant I Love America, qui offre un regard amusé sur le patriotisme.

Mathieu David

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C’est la décennie qui nous a donné l’administration Reagan, les Rubik’s cubes, « The Reflex » et Run DMC. (Merci pour trois de ces choses.) Et si vous alliez régulièrement voir des films au cinéma, vous aviez la chance d’avoir un régime régulier d’adolescents en chaleur, de robots tueurs, d’extraterrestres nostalgiques, de « raging bulls », de guerriers de la route, d’équipes de flics et de policiers, et plus de visions dystopiques du futur que vous ne pouvez en imaginer avec une DeLorean voyageant dans le temps. Pendant longtemps, les années 80 ont été considérées comme une sorte de zone morte cinématographique, coincée entre le Nouvel Hollywood et les superproductions modernes des années 70, d’une part, et la révolution indépendante des années 90, d’autre part.
C’était une accalmie, un bouton de pause enfoncé, un raclage de gorge entre deux arias. Mais cette période de dix ans a permis à une poignée de stars du cinéma de figurer au panthéon. La culture du multiplex a prospéré. Des genres comme la science-fiction et l’horreur atteignent de nouveaux sommets. Plusieurs grands réalisateurs ont apporté leur pierre à l’édifice dans les années 1980, une transfusion de cinéastes au sang neuf a fait son apparition avec des œuvres révolutionnaires et des débuts audacieux, et une poignée d’auteurs internationaux chevronnés ont réalisé des chefs-d’œuvre tardifs. Les documentaires sont devenus formellement innovants, socialement perspicaces et plus populaires que jamais. Cette décennie n’a jamais vraiment été la décennie perdue que l’on prétendait.
Il n’a donc pas été très difficile, après de nombreuses nuits passées à faire tourner des cassettes VHS dans nos magnétoscopes, d’établir une liste définitive des 30 plus grands films des années 1980. Certains d’entre eux ont remporté des Oscars. Certains ont dominé le box-office pendant des semaines. Certains sont devenus des classiques cultes instantanés, tandis que d’autres, plus modestes, n’ont été que peu appréciés à l’époque et n’ont été redécouverts que récemment – et tardivement – comme de véritables trésors. D’autres encore sont des films qui ont peut-être échappé à votre radar, mais qui ont non seulement résisté à l’épreuve du temps, mais qui ont prouvé qu’ils valaient bien la peine d’être vus. Et toutes ces sélections sont celles qui, selon nous, représentent non seulement la décennie dont elles sont issues, mais aussi ce que le cinéma des années 80 a de meilleur à offrir.
30 – Elephant (1989)
Le regard brillant et dévastateur d’Alan Clarke sur la violence sectaire en Irlande du Nord commence par la citation de l’écrivain Bernard MacLaverty selon laquelle les Troubles « sont l’éléphant dans notre salon » ; il nous offre ensuite près de 40 minutes d’hommes s’entretuant, sans contexte ni motivation. Nous n’avons aucune idée de l’appartenance religieuse des meurtriers ou de leurs victimes, aucune idée si nous assistons à un acte de génocide ou de rétribution. Tout ce qui nous reste, ce sont les actes eux-mêmes, capturés par une série de vignettes filmées à la Steadicam, et leurs conséquences. Diffusé une seule fois sur la BBC avant de devenir un incontournable des rétrospectives et des projections d’hommage à l’œuvre du regretté grand réalisateur britannique, ce coup de poing cinématographique libre au plexus solaire a influencé un certain nombre de cinéastes ; Harmony Korine est un fan inconditionnel et Gus Van Sant a emprunté le titre du court-métrage expérimental pour son exploration tout aussi provocante des fusillades de masse aux États-Unis en 2003. Il s’agit d’un portrait incroyablement troublant du conflit sociopolitique d’un pays, résumé à l’essentiel, c’est-à-dire aux dommages causés, qui se double d’une œuvre d’art protestataire intemporelle et sans frontières. (Vous pouvez le consulter ici.) -D.F.
29 – Spinal Tap (1984)
C’est le film qui allait engendrer un million de parodies de documentaires, fournir le prototype des groupes de faux-métal modernes et nous offrir la plus grande parodie des extrêmes du rock & roll. Le « portrait » de Rob Reiner du groupe britannique vétéran Spinal Tap en pleine tournée de come-back ratée est comme la météorite qui a anéanti les dinosaures, écrasant tant de clichés sur les rockeurs des années 1970 à l’automne de leur carrière, à tel point qu’il est presque impossible de prendre la réalité au sérieux. Michael McKean, Christopher Guest, Harry Shearer et tout le gratin de la comédie nous livrent un joyau semi-improvisé. Les amplis qui montent à 11. L’appel des batteurs morts. La crise de nerfs à propos du plateau de charcuterie dans les coulisses. Se perdre désespérément sur le chemin de la scène. Guest basera l’essentiel de sa carrière de réalisateur sur le modèle de Spinal Tap, qui consiste à laisser les artistes jouer leur personnage, et la sainte trinité enregistrera et se produira en tant que groupe pendant des décennies après la sortie du film en salle. Rarement un engagement aussi dévoué à un film n’a donné lieu à une deuxième carrière aussi fructueuse pour son équipe de cerveaux. -D.F.
28 – Terminator (1984)
Ce thriller de science-fiction imagine une dystopie dans laquelle l’homme combat la machine et où l’avenir de l’humanité repose sur l’enfant à naître d’une serveuse nommée Sarah Connor (on t’aime, Linda Hamilton). Du futur surgit un héros (nous t’aimons aussi, Michael Biehn) qui a voyagé dans le temps et doit protéger la future maman du sauveur. Il a à ses trousses la machine à tuer ultime et imparable, un androïde T-800. Ce film a élevé le niveau des films d’action de série B et a transformé Arnold Schwarzenegger en star, alors qu’il n’était qu’un champion de culturisme qui s’essayait à la comédie. Peu importe le nombre de fois où nous l’entendons entonner robotiquement « Je reviendrai » avant de faire exploser un poste de police, ça nous fait toujours rire. -D.F.
27 – E.T., l’extra-terrestre (1982)
Enracinée dans les souvenirs de Steven Spielberg, enfant d’un divorce, cette histoire d’un garçon et de son meilleur ami extraterrestre reste un excellent moyen d’arracher des larmes, car la relation entre Elliott (Henry Thomas), 10 ans, et son compagnon extraterrestre porte essentiellement sur la douleur commune de deux âmes solitaires qui cherchent un foyer. Écrit par Melissa Mathison comme un livre de contes qui prend vie, E.T. est un film de science-fiction pour tous les âges qui rend l’univers si petit qu’il peut tenir dans une petite banlieue perdue, donnant une tournure sentimentale à Rencontres du troisième type de Spielberg, qui espérait une invasion extraterrestre plus gentille que celle à laquelle nous sommes habitués. L’idée que les créatures de toutes sortes ont les mêmes besoins fondamentaux est une fantaisie qui mérite d’être crue. -S.T.
26 – La Valse des pantins (1982)
Lorsque Martin Scorsese a découvert que John Hinkley Jr. avait tenté d’assassiner le président Ronald Reagan pour imiter le personnage principal de Taxi Driver, le cinéaste a brièvement envisagé de quitter le métier. Au lieu de cela, il a réalisé une sorte de compagnon du film à succès des années 1970, sur un autre type d’âme troublée. Il s’appelle Rupert Pupkin (Robert De Niro), se prend pour un comique de stand-up et ne s’arrêtera pas tant que Jerry Langford (Jerry Lewis), l’animateur de talk-show à la Carson, ne le fera pas passer à la télévision. Si cela signifie kidnapper son héros et le forcer à passer sur les ondes, qu’il en soit ainsi. Il s’agit de l’une des condamnations les plus caustiques et les plus pointues de la culture de la célébrité jamais réalisées, allant des interactions toxiques avec les fans (mécontent d’une réaction, un admirateur de Langford lui souhaite un cancer) aux limites que certaines personnes sont prêtes à franchir pour obtenir leur quart d’heure de gloire. -J.B.
25 – Robocop (1987)
Exemplaire du conte d’avertissement sur les entreprises maléfiques, cette tranche de pulpe de futurisme social-satirique imagine un monde où Omni Consumer Products aide Detroit en faillite en transformant Alex Murphy, policier de la D.O.A. criblé de balles, en l’ultime cyborg chargé de faire respecter la loi. Mais les combinaisons avides ont des intentions cachées, même si leur flingueur robotique redécouvre son humanité persistante. Le provocateur néerlandais Paul Verhoeven a fait ses débuts à Hollywood avec un humour outrageusement outré et une ultraviolence saisissante, tout en tournant en dérision le nihilisme de l’Amérique capitaliste « J’achète ça pour un dollar ». Le visage de pierre de Peter Weller donne une âme à son avatar d’acier, dans un monde où la moralité est monétisée, où le rire est cruel, où les hommes sont vénaux, où les femmes sont des cibles, et où les flics tiennent à peine le coup. Qu’est-ce que cela signifie d’être humain ? -S.G.
24 – Paris, Texas (1984)
Travis Henderson (le grand Harry Dean Stanton) est un homme hanté, vidé de sa substance, qui disparaît après s’être comporté de façon abominable avec sa femme (Nastassja Kinski). Il est finalement ramené dans le monde réel par son frère (Dean Stockwell) et doit essayer de réparer le mal qu’il a causé. Écrit par le dramaturge américain Sam Shepard et L.M. Kit Carson, réalisé par le maître allemand de la nouvelle vague Wim Wenders et doté d’une bande-son bluesy de Ry Cooder, ce film est une synthèse unique en son genre de théâtre, de cinéma, de littérature et d’art visuel, avec des portraits saisissants d’âmes perdues qui tentent de se retrouver dans un Ouest américain vaste et en constante évolution. Et le monologue confessionnel de Stanton, prononcé par le biais d’un téléphone de peep-show, vous brisera en deux. -N.M.
23 – L’Étoffe des héros (1983)
Comme le livre de Tom Wolfe dont il s’inspire, ce regard sur la première vague d’astronautes américains est à la fois une aventure émouvante et un commentaire sournois sur la machine à fabriquer de la publicité au XXe siècle. Le scénariste et réalisateur Philip Kaufman tente des approches décalées tout au long du film, comme l’utilisation de techniques cinématographiques expérimentales pour simuler les voyages dans l’espace et le recours au théâtre d’improvisation pour rendre compte de la frénésie médiatique entourant les « Mercury Seven ». Ce qui rend The Right Stuff particulièrement délicieux, ce sont les performances enthousiastes d’acteurs magnétiques comme Ed Harris, Dennis Quaid, Fred Ward et Scott Glenn, tous dans la force de l’âge. Les exploits de ces héros de la NASA ont peut-être été exagérés par les propagandistes du gouvernement et de la presse, mais ils ont fait preuve d’un réel courage et d’un sentiment d’émerveillement tout à fait compréhensible lorsqu’ils se sont lancés dans l’inconnu. -N.M.
22 – Le Loup-garou de Londres (1981)
Au début des années 70, lorsque John Landis a commencé à faire circuler son scénario sur un jeune Américain (David Naughton) traversant l’Angleterre en sac à dos, qui est mordu par un loup-garou et se retrouve soudainement dans le besoin désespéré de se faire raser à chaque pleine lune, on lui a dit que le projet était trop drôle pour être effrayant et trop effrayant pour être drôle. Il a fallu attendre les années 80, après que le scénariste et réalisateur ait contribué à faire entrer la comédie gonzo et dégoûtante dans le grand public, pour convaincre les gens que l’horreur et l’humour ne s’excluaient pas mutuellement – et le résultat reste un hybride de genre révolutionnaire. On ne sait jamais s’il faut rire ou hurler lorsque l’ami mort de notre héros (Griffin Dunne) apparaît dans des états de décomposition croissants, l’avertissant du danger à venir ; on n’entendra plus jamais la version de Sam Cooke de « Blue Moon » de la même manière lorsqu’elle accompagnera ironiquement la scène de transformation la plus viscérale qui soit. (Prends une boîte, Rick Baker, le dieu des effets spéciaux du maquillage !) Et le point culminant de la pagaille à Picadilly Square brouille complètement la ligne entre terrifiant et totalement sauvage et fou. Les années quatre-vingt-dix feraient de l’attaque « shock-and-ah-haha » un mode par défaut. Mais Landis y est arrivé le premier. -D.F.
21 – Stop Making Sense (1984)
« Nous ne voulions pas de ces conneries », a déclaré Chris Frantz, batteur de Talking Heads, à Rolling Stone en 2014 à propos du plus grand film de concert jamais réalisé. « Nous ne voulions pas des clichés. » Au lieu de cela, le groupe, mené par le frontman visionnaire David Byrne, a travaillé avec le réalisateur Jonathan Demme pour concevoir une manière entièrement différente de penser les docs sur le rock. Leur stratégie : garder les caméras braquées sur le groupe, donner au public l’impression d’être sur scène avec les musiciens, de ressentir les chansons de manière aussi palpable que les personnes talentueuses qui les créent. Apprécié par tous, de Paul Thomas Anderson à Justin Timberlake, Stop Making Sense est une succession de pièces inspirées et minimalistes, qu’il s’agisse de la paranoïa étourdissante de « Making Flippy Floppy » ou du contrôle hypnotique de « Once in a Lifetime ». C’est tout ce qui tue, sans fioritures. Et certainement pas de conneries. -T.G.
20 – Blow Out (1981)
Le thriller satirique de Brian De Palma a mis tout son arsenal d’effets hitchcockiens au service d’une décennie de mésaventures américaines, faisant référence à l’ambiance conspirationniste entourant Chappaquiddick et le Watergate, et au sentiment que le pays était pris en otage par l’élite. C’est aussi l’un des grands films sur le cinéma, avec John Travolta dans le rôle d’un monteur de son pour slashers de catégorie Z qui est témoin (et enregistre) un accident de voiture impliquant une personnalité politique majeure et une prostituée (Nancy Allen). Comme Blowup et The Conversation, les deux films qui l’ont inspiré, Blow Out pose l’idée que la construction minutieuse d’une vérité qui pourrait être trompeuse, dangereuse, ou tout cela à la fois. Mais alors que les feux d’artifice de la fête de la Liberté à Philadelphie éclatent et que les cris des gens ordinaires ne sont pas entendus, le plus effrayant est que cela pourrait ne pas avoir d’importance du tout. -S.T.
19 – Dangereuse sous tous rapports (1986)
Charles Diggs (Jeff Daniels), un yuppie de Wall Street, prend une table dans un restaurant de SoHo et attire Lulu (Melanie Griffith), une croqueuse d’hommes aux cheveux noirs et aux bijoux funky. Elle le prend au dépourvu et l’entraîne dans une virée sur l’autoroute, pleine de motels bon marché, de menottes, de vols dans les magasins d’alcool, de réunions de lycée, de visites de la mère en voiture et de changements de costume dans les stations-service – sans oublier son ex-taulard (Ray Liotta), qui pourrait bien être assez psychotique pour faire couler le sang. Le road-trip de Jonathan Demme sur le thème de la petite délinquance est à la fois hilarant, déchirant et sincère ; il change de genre aussi habilement qu’il mélange un trésor d’aiguilles de David Byrne, Celia Cruz, les Feelies, Laurie Anderson, John Cale et Sister Carol. Un chef-d’œuvre de carpe diem. N’oubliez pas : il vaut mieux être un chien vivant qu’un lion mort. -S.G.
18 – Un monde pour nous (1989)
Voici Lloyd Dobbler, l’homme de rêve des hipster marginaux. Le classique romantique à faire pâlir Cameron Crowe a donné à la décennie le parfait paria sensible en la personne de John Cusack, diplômé de lycée en mal d’amour, qui décide de tenter sa chance en invitant à sortir le major de promotion méga-populaire de Ione Skye. Le hic, c’est qu’ils sont en fait parfaits l’un pour l’autre. Après une décennie caractérisée par les caricatures d’intellos de teen-movie, les sales types négatifs et les méchantes bimbos, ce regard sur le jeune amour a fait l’effet d’un baume – sans parler du fait qu’il a inspiré une foule d’adolescents au cœur brisé à hisser une boombox au-dessus de leur tête en diffusant « In Your Eyes » de Peter Gabriel. C’est le rôle iconoclaste ultime de Cusack, couronné par son discours « Je ne veux pas vendre quoi que ce soit d’acheté ou de transformé », et même l’embardée de la troisième partie du film vers le pathos père-fille semble améliorer l’histoire d’une relation contre toute attente plutôt que de la faire dérailler. -D.F.
17 – Arizona Junior (1987)
Comment Joel et Ethan Coen ont-ils donné suite à leur premier film, Blood Simple ? Ils ont réalisé un film d’action turbulent, entrecoupé de moments de douceur et de compassion. Nicolas Cage est hilarant dans le rôle de l’ex-taulard H.I. McDunnough, qui kidnappe un bébé pour apaiser sa femme infertile Edwina (Holly Hunter) et se retrouve bientôt du mauvais côté d’un magnat du meuble en colère, d’un chasseur de primes à moto et de deux anciens compagnons de prison. Au fur et à mesure que Raising Arizona progresse, les Coen accumulent les gags visuels et les répliques percutantes, aidés en cela par une distribution qui s’investit pleinement dans le jeu des Looney Tunes. Il est difficile de ne pas aimer ces escrocs loufoques. -N.M.
16 – Shining (1980)
Stephen King était célèbre pour ne pas être fan de l’adaptation par Stanley Kubrick de son roman sur un concierge, sa femme et leur fils médium qui se terrent dans un hôtel hanté pour l’hiver. (« C’est comme une grande et belle Cadillac sans moteur à l’intérieur », a déclaré l’auteur au fil des ans). Pourtant, la version du cinéaste est aujourd’hui considérée à juste titre comme un chef-d’œuvre de l’art de l’horreur, grâce à l’austérité formelle de Kubrick (ces plans à la Steadicam), à une partition innovante au synthétiseur de Wendy Carlos et à une poignée d’éléments de décor angoissants qui ont fait leur chemin dans la conscience collective. Il s’agit autant d’un film sur la violence domestique et ses répercussions – un thème récurrent dans l’œuvre de King – que d’une histoire de fantômes, et on peut voir comment le conflit entre Jack et Wendy Torrance prend une tournure beaucoup plus imprévisible et dangereuse lorsque l’Overlook commence à se nourrir de leur énergie. Et il ne faut pas sous-estimer à quel point la force du film réside dans les performances de Jack Nicholson et Shelley Duvall, le premier canalisant une peur inéluctable au fur et à mesure qu’il devient maniaque et la seconde perçant la surface froide de Kubrick avec une peur et une panique aveugles – des états émotionnels qui étaient plus réels que le public ne l’aurait cru. The Shining est un film qui vous attire toujours plus loin, toujours plus loin, toujours plus loin. Vous aurez peut-être l’impression de l’avoir toujours regardé. -K.R.
15 – Piège de cristal (1988)
Vous pouvez mesurer l’impact à long terme de ce film d’action explosif au nombre de films qui ont suivi et qui ont été décrits comme « Die Hard sur un ___ ». Mais peu de ces films ont pu égaler la sublime simplicité de l’original, dans lequel un flic débrouillard du nom de John McLane (Bruce Willis) se faufile dans une tour de bureaux assiégée par une bande de criminels internationaux, dirigée par un cerveau magnifiquement huileux (Alan Rickman). Malgré toutes ses explosions et ses fusillades, il s’agit en fait de l’histoire d’un héros terre-à-terre – joué par le petit malin de Moonlighting – qui vit les rêves du public en déjouant une bande d’abrutis terroristes suffisants dans des costumes coûteux. C’est un blockbuster qui a l’âme d’un homme ordinaire, ce qui est particulièrement rafraîchissant à une époque souvent trop lisse et matérialiste. Youpi, youpi, youpi ! -N.M.
14 – Brazil (1985)
Universal Pictures ne savait pas quoi faire de la science-fiction satirique de Terry Gilliam et le public de l’époque ne savait pas non plus, ce qui est une recette commune pour un futur statut de culte. On a toujours l’impression de rattraper le futur que cette dystopie à travers le miroir nous présente, un enfer technologique où les gens ordinaires comme Sam Lowry (Jonathan Pryce), qui rêvent d’amour et de vol, sont réduits à des rouages d’une bureaucratie comiquement inefficace. Un mouvement terroriste anti-gouvernemental cherche à changer le système, mais dans un monde où les attentats à la bombe font partie du quotidien, la résistance est futile. -S.T.
13 – The Thing (1982)
« Où étais-tu, Childs ? » Paranoïa de la guerre froide sous la forme d’un film de monstres claustrophobique, ce remake du classique de science-fiction à regarder des années 1950 a été le point culminant de la collaboration très productive du réalisateur John Carpenter et de la star Kurt Russell, garantissant que la décennie serait une période fertile pour les films de genre inventifs et experts. En Antarctique, un groupe de scientifiques américains découvre qu’il y a un extraterrestre maléfique parmi eux, capable de prendre la forme de ses victimes, ce qui rend impossible de savoir qui est son ami ou son ennemi. Les effets spéciaux de Rob Bottin, brillamment dégoûtants, restent époustouflants, n’ayant d’égal que les performances parfaites de l’ensemble du groupe, dont Keith David et un Wilford Brimley pré-Cocoon. The Thing est comme une main qui se referme sur votre gorge, l’un des films les plus effrayants et les plus emblématiques de son époque, transformant notre peur collective d’un ennemi invisible en une foire de la terreur pure. -T.G.
12 – Requiem pour un massacre (1985)
Il existe de nombreux prétendants au titre de film de guerre le plus horrible de tous les temps, mais le portrait déchirant d’Elem Klimov d’un adolescent, Flyora (Aleksei Kravchenko), qui se bat pour la résistance biélorusse pendant la Seconde Guerre mondiale, nivelle la concurrence. Basé sur des événements réels, Come and See possède une logique cauchemardesque, ses scènes de mort et de cruauté se déroulant avec une telle intensité surréaliste que le film est souvent trop difficile à supporter. Pendant des années, la censure russe a refusé de laisser Klimov filmer sa vision folle et désespérée, mais l’épopée qui en résulte est une condamnation du mal aussi accablante que jamais sur celluloïd. Une restauration récente n’a fait que rappeler aux cinéphiles l’horrible puissance de ce film, dont le titre est une invitation maudite à faire l’expérience du pire de la nature humaine, vu à travers les yeux angoissés de Kravchenko. -T.G.
11 – Sexe, Mensonges et Vidéo (1989)
Le premier film de Steven Soderbergh, couronné de la Palme d’or, a été si largement salué comme un jalon de l’industrie cinématographique – le film qui a effectivement forgé le modèle du cinéma indépendant américain tel que nous le connaissons aujourd’hui – qu’il n’est presque pas assez reconnu en tant qu’entité individuelle. Sortez-le de la chronologie de l’histoire du cinéma, et il reste une étude sur les relations amoureuses légère, sinueuse et, oui, très sexy, qui s’inspire de l’esprit adulte et bavard d’Éric Rohmer, mais qui reste ancrée dans le yuppiedom américain de la fin des années 80, avec tous ses excès, ses déficits et ses problèmes. Vous pensez qu’Andie MacDowell ne sait pas jouer ? Voyez sa prestation torride dans ce film, aux côtés de James Spader, qui fait preuve d’un charme effrayant, mais j’aime ça, d’un Peter Gallagher sans morale et de la délicieuse Laura San Giacomo. La carrière du cinéaste a connu d’étranges baisses, des détours et trop de hauts et de bas pour être comptés, mais revenez au début, et vous pourrez voir comment ce premier pas anticipe tant de ce qui viendra par la suite. -G.L.
10 – Les Aventuriers de l’Arche perdue (1981)
Steven Spielberg et George Lucas sont retournés dans le passé (plus précisément dans les vieux feuilletons d’aventure des années 30 et 40) et ont produit un blockbuster qui était une pure poussée d’adrénaline des années 80 – l’équivalent cinématographique d’être attaché dans un tonneau dévalant les chutes du Niagara. Notre héros, Indiana Jones (Harrison Ford), professeur séduisant et archéologue cinglé, s’aventure en Égypte pour récupérer la légendaire Arche d’Alliance avant que les nazis ne mettent la main dessus. En chemin, il retrouve son ancienne flamme Marion Ravenwood (Karen Allen), se déplace dans un camion à grande vitesse comme s’il s’agissait d’une salle de gymnastique, et rencontre des méchants armés d’épées et des fantômes de l’Ancien Testament. (Et, bien sûr, des serpents. Pourquoi fallait-il que ce soit des serpents ?) Une aventure divertissante où le sort du monde est en jeu, le film deviendra le paradigme des excursions à gros budget dans des lieux exotiques, pleines de sensations et d’élan, qui domineront les multiplexes tout au long de la décennie. -R.D.
9 – Le Dossier Adams (1988)
On pourrait dire que l’examen approfondi d’une affaire d’homicide par Errol Morris est le documentaire le plus important jamais réalisé, même sans les innovations formelles : Combien de films ont directement conduit à la libération d’un innocent ? Mais son influence – et son brio – ne se limite pas au fait que Randall Dale Adams, condamné à tort pour le meurtre d’un policier de Dallas, a vu sa peine annulée six mois après la sortie du film. En regardant The Thin Blue Line aujourd’hui, son montage suggestif, son mélange thématique d’interviews et de reconstitutions cinématographiques est familier, voire standard pour un film de ce type. À l’époque, les critiques ont reproché aux reconstitutions dramatiques des événements d’être une utilisation contraire à l’éthique de la forme non romanesque. Mais ces réserves ont finalement été balayées par des cinéastes séduits par le poids émotionnel de la technique de narration du réalisateur, et l’on retrouve aujourd’hui un peu de son ADN dans toutes les séries documentaires « de prestige » sur le crime. Netflix, en particulier, devrait verser des royalties à Morris. -K.R.
8 – Stranger Than Paradise (1984)
Le mouvement indépendant américain a établi une tête de pont précoce avec le sublime récit de Jim Jarmusch sur trois individus décalés qui trouvent en l’autre un sanctuaire disponible nulle part ailleurs. John Lurie et Richard Edson jouent les copains de Brooklyn, tandis qu’Eszter Balint incarne la cousine de Lurie, qui arrive de Hongrie, et dont la présence n’est pas tout à fait la bienvenue au début. Stranger Than Paradise est à la fois une comédie de potes pince-sans-rire et un road movie ironique. Les deux hommes finissent par s’aventurer dans l’Ohio pour retrouver leur cousine, en partie parce qu’ils n’ont rien de mieux à faire. Avant que des mots comme « hipster » et « slacker » ne soient des péjoratifs ou des marques personnelles, Jarmusch disséquait la psyché des gens qui vibraient sur leur propre fréquence, leur donnant l’espace nécessaire pour être authentiques tout en trouvant l’humour et la poésie dans leur comportement décalé. -T.G.
7 – Blade Runner (1982)
Certains aspects de l’avenir décrits dans la version radicale de Ridley Scott d’une nouvelle de Philip K. Dick – l’histoire d’un homme nommé Deckard (Harrison Ford) qui chasse des « réplicants » malhonnêtes en 2019 – ne se sont pas réalisés : Quatre décennies plus tard, Los Angeles n’est pas encore entièrement verticale et l’intelligence artificielle se développe beaucoup plus lentement que ne le prévoyaient les films de science-fiction. Mais sa vision d’un monde stratifié où les magnats de la technologie atteignent des niveaux de pouvoir divins devient de plus en plus prémonitoire, et malgré le fait que le film ait été considéré comme un D.O.A. à sa sortie, on peut voir son influence sur tous les films noirs technologiques mettant en scène une architecture Art déco décrépite, une mode décadente et une pluie sifflant sur un néon radieux qui ont suivi. La réputation du film, passé du statut de film culte à celui de classique moderne, a beaucoup évolué au fil des ans (il n’est plus difficile de trouver quelqu’un capable de réciter mot pour mot le monologue « Tears in the rain » de Rutger Hauer), Scott ayant passé en revue plusieurs versions avant d’aboutir à un Final Cut approuvé par le réalisateur en 2007. Maintenant, dans sa forme définitive, Blade Runner se termine sur une note obsédante mais étrangement pleine d’espoir, retrouvant l’humain dans un monde post-humain. -K.R.
6 – Shoah (1985)
L’histoire orale de l’Holocauste de Claude Lanzmann, d’une durée de neuf heures et demie, est plus qu’un simple documentaire marathon (le cinéaste français n’a d’ailleurs jamais voulu utiliser ce terme pour décrire ce magnum opus ; il préférait « une fiction du réel »). Il s’agit d’un témoignage sur la nécessité de ne jamais oublier ce qui s’est passé et comment cela a pu se produire, d’une mise en accusation de la complicité sociale, d’un mémorial pour les morts, qui ne peuvent plus parler pour eux-mêmes, et d’un acte monumental de témoignage en continuant à poser des questions, même lorsque l’on a affaire à l’indicible, et en exigeant des réponses. Plutôt que de construire la chronologie d’un génocide à partir de témoignages d’érudits, d’images d’archives et d’un sentiment de distance, Lanzmann introduit ses caméras dans les camps de concentration tels qu’ils étaient dans les années 1980. Il s’entretient avec des Polonais qui ont vu arriver les trains bondés lorsqu’ils étaient enfants, et avec des prisonniers aujourd’hui âgés qui parlent encore avec effroi de cette expérience. Le réalisateur recherche également plusieurs anciens nazis et, dans une séquence extraordinaire, utilise une caméra cachée et un microphone pour filmer un ancien gardien de prison à Treblinka vantant l’efficacité de leurs techniques d’extermination. Sorti quelque 40 ans après la libération des camps (et l’année même où le président Reagan a visité un cimetière militaire allemand à Bitburg), ce film oblige les spectateurs à prendre conscience d’une atrocité historique de grande ampleur, puis à accepter le fait que les effets de cette histoire ne s’arrêtent jamais vraiment, en mettant tout au présent. -D.F.
5 – Ran (1985)
Laurence Olivier et Kenneth Branagh ont fait vibrer la langue, Orson Welles a fait monter l’ambiance, mais Akira Kurosawa reste le plus grand interprète de Shakespeare au cinéma – et Ran, sa version majestueuse du Roi Lear à l’époque du Sengoku, est peut-être le plus ravissant de tous ses films. Le légendaire cinéaste japonais nous avait déjà offert une époustouflante histoire de samouraïs dans les années 80 avec Kagemusha, sa magnifique épopée guerrière médiévale de trois heures, mais ce n’était qu’un galop d’essai pour le son et la fureur qu’il allait faire apparaître, tel un sorcier, ici. Bien qu’il ait atteint la mi-septième année, Kurosawa ne montre aucun signe de fatigue artistique – sa vue a pu lui faire défaut à ce stade, mais vous ne le sauriez pas à la vue des images présentées. (Il avait l’intention de faire de cette tragédie épique son dernier film, ce qui amène à se demander quelle part de lui-même il a investie dans l’histoire d’un vieil homme autrefois puissant, contraint de réfléchir à sa mortalité et à son héritage alors que le chaos (traduction littérale du titre) l’entoure. Peut-être pas beaucoup du tout, étant donné le caractère cinétique et musclé de la réalisation – c’est une épopée qui ne ressemble pas du tout à l’œuvre d’un artiste peu sûr de son héritage. -G.L.
4 – Blue Velvet (1986)
« Je ne sais pas si vous êtes un détective ou un pervers. » La différence entre les deux est négligeable dans le somptueux récit sadomasochiste de David Lynch sur le passage à l’âge adulte, qui met en scène les créatures scélérates rampant sous la surface de la petite ville américaine. La dépravation latente et la perte de l’innocence sont des thèmes qui traversent toute la filmographie de Lynch, et l’on retrouve ici des traces des signatures stylistiques qui apparaissent dans ses œuvres plus expérimentales : Des flammes dans l’obscurité. Des sauts impudiques et sinistres. Des cris, tant industriels qu’animaux. Mais dans l’ensemble, Blue Velvet est l’un des films les plus accessibles de Lynch, même s’il n’est pas vraiment destiné aux familles. Tout à l’écran est chargé de symboles, jusqu’à la marque de bière préférée des personnages. Pourtant, le contraste entre le monde diurne en Technicolor, où l’étudiant Jeffrey Beaumont (Kyle MacLachlan) fait la cour à Sandy (Laura Dern), la fille du détective, et le monde nocturne, où le sadique Frank Booth (Dennis Hopper) tient Dorothy Valens (Isabella Resselini), une chanteuse de night-club masochiste, prisonnière de son esclavage sexuel, déborde d’une énergie émotionnelle brute suffisante pour que ce cauchemar de l’ère Reagan ne devienne pas un exercice académique. Ajoutez une épaisse couche d’ironie pince-sans-rire, un humour stupéfiant et inattendu, et une version grotesque du kitsch rétro des années 80 et 50, et vous obtenez un film qui ne peut venir que du monde étrange d’une imagination singulière et tordue. -K.R.
3 – Raging Bull (1980)
La filmographie de Martin Scorsese a depuis longtemps dépassé le stade du consensus critique sur son meilleur film, mais son brillant portrait de Jake LaMotta est peut-être la plus immaculée et la plus complète de ses œuvres majeures : une tragédie américaine et une histoire de rêve américain à la fois, marquée par la narration la plus brute et la plus déchirante du réalisateur et par son art le plus poétique. Quelle que soit sa place dans la filmographie de Scorsese, Raging Bull s’impose incontestablement comme l’un des grands biopics, ce genre maltraité et sur-récompensé, souvent marqué par une respectabilité terne et une certaine formalité. Vous ne trouverez rien de tout cela ici. La performance de Robert De Niro dans le rôle du boxeur italo-américain qui est passé de champion du monde des poids moyens à comique raté est étonnante. Les efforts physiques auxquels l’acteur s’est astreint (l’entraînement de boxe rigoureux, la prise de poids drastique) sont entrés dans la légende du showbiz, mais c’est l’âme brisée de la performance qui vous reste en mémoire, les dommages d’un homme dont le gagne-pain est la violence, et qui n’arrive pas à trouver le bouton off en dehors du ring. Dans la longue histoire des films de boxe américains, aucun avant ou depuis n’a rendu ce sport aussi viscéral, intime ou effrayant. Cela doit beaucoup au rythme et à la précision du montage de Thelma Schoonmaker, certes, mais aussi de l’investissement de Scorsese dans la fierté et le désespoir qui se cachent derrière chaque coup et de sa compréhension de ces éléments.
2 – Vidéodrome (1983)
« Nous vivons à une époque surstimulée, explique Nicki Brand (Debbie Harry) au début du film culte de David Cronenberg. Nous en voulons toujours plus. » Si l’on devait choisir un énoncé de mission pour les années 1980, on pourrait faire bien pire. James Woods (dans sa version la plus James Woods, c’est-à-dire glauque, sordide et complètement amorale) est Max Renn, PDG d’une chaîne de télévision qui s’adresse au plus petit dénominateur commun. En parcourant les ondes, il tombe par hasard sur quelque chose qui le choque lui-même : un signal pirate d’origine indéterminée, avec « seulement de la torture et des meurtres. Pas d’intrigue, pas de personnages. C’est très réaliste ». Plus il tente de retrouver la source et de l’exploiter, plus Renn est entraîné dans une conspiration souterraine louche et dans les recoins les plus sombres de son propre esprit, ce qui donne lieu à un mélange typiquement cronenbergien d’images troublantes et d’horreur. Ce n’est pas une œuvre subtile, mais elle est d’une efficacité dévastatrice, convoquant tout le nihilisme et les pires scénarios de l’époque, et les étalant sur l’écran pendant 89 minutes implacablement sombres. « Nous entrons dans une nouvelle ère de sauvagerie », dit un ami de Renn, et il a bien raison. Attendez de voir le 21e siècle. -J.B.
1 – Do the Right Thing (1989)
On sent que le scénariste-réalisateur Spike Lee a canalisé une décennie de conflits raciaux, d’anxiété urbaine, d’affrontements culturels américains et de luttes de classes dans cette poudrière qu’est le film, plongeant le public dans la journée la plus chaude de l’été dans le quartier Bedford-Stuyvesant de Brooklyn (« Bed-Stuy, Do or Die ! »). Il nous offre ce générique de Rosie Perez donnant des coups de poing sur la chanson « Fight the Power » de Public Enemy, qui fait office de déclaration de mission hip-hop. Il présente un casting de personnages de tous horizons – son propre livreur Mookie, l’ivrogne Da Mayor, l’emmerdeuse Sister Mother, l’emmerdeur Buggin’ Out, le beatboxeur Radio Raheem – grâce à un casting qui fait le lien entre le passé (Ozzie Davis, Ruby Dee) et le futur (Perez, Samuel L. Jackson, Giancarlo Esposito, Bill Nunn). Il met en scène un conflit entre les marginaux d’hier, c’est-à-dire les Italo-Américains, les immigrés coréens, et les résidents afro-américains d’un quartier périphérique de New York frappé par la gentrification. Les préjugés du vieux monde se heurtent aux demandes modernes de représentation et à une police ouvertement raciste. Les tensions commencent à monter plus vite que les thermomètres sur le mur de la Sal’s Famous Pizzeria. C’est alors que Lee fait monter la température un peu plus, sous la forme d’une allumette qui allume la fin d’une mèche très courte.
C’est un discours sur l’état de la nation, qui fait abondamment référence à des événements récents comme l’incident de Howard Beach, la mort de Michael Griffiths en garde à vue, le meurtre de Yusuf Hawkins et, par le biais d’un graffiti griffonné sur un mur en arrière-plan, le cirque médiatique autour de ce qui est arrivé à Tawana Brawley. Comme le démontre le court-métrage « 3 Brothers », réalisé par Lee en 2020, la tragédie au centre de ce cri dans le vide de l’esprit de 1989 résonne encore beaucoup trop. Et pourtant, malgré toute la colère méritée et juste du film, Do the Right Thing est un film empathique : Il refuse de vilipender complètement le Sal patriarcal de Danny Ailleo ou de faire de Mookie un héros sans faille, et ne laisse aucun d’entre eux s’en sortir. On voit la joie et la tristesse de ces habitants de Bed-Stuy, mais pas la pitié. Le fait que le film se termine sur autant de notes d’ambivalence et par des citations de MLK et de Malcolm X n’est pas une coïncidence ; Lee esquisse une ville, et par extension un pays, à la croisée des chemins et demande : « Qu’allons-nous faire maintenant ? La réponse suggérée par le titre, qu’il souligne à maintes reprises tout au long de ce chef-d’œuvre des années 1980 qui a sauvé le meilleur pour la fin, est une cible mouvante. Nous avons lutté pour savoir comment faire ce qu’il fallait alors que la décennie touchait violemment à sa fin. Nous y réfléchissons encore aujourd’hui. -D.F.
J. Hoberman vous présente les années 80 dans le cinéma
Par David Fear, Andy Greene, Kory Grow, Katie Rife, Tim Grierson, Robert Daniels, Scott Tobias, Noel Murray, Guy Lodge, Stephen Garrett et Jason Bailey
Traduit par la rédaction

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