Ce texte fait partie du cahier spécial Intelligence artificielle
Nizar Bouguila est professeur adjoint à l’Institut d’ingénierie des systèmes d’information de l’Université Concordia. Il s’intéresse à la maison intelligente par capteurs non intrusifs, permettant de reconnaître et de prédire quelques activités domestiques quotidiennes, afinde réduire la consommation d’énergie et de rendre les bâtiments sécuritaires. Dès le printemps, l’accélérateur d’intelligence artificielle d’Ericsson accueillera 25 étudiants de l’Université Concordia, et M. Bouguila est l’un des sept chercheurs de Concordia dont le projet a été ciblé par l’initiative derecherche Global Artificial Intelligence Accelerator Mitacs-Ericsson, à Montréal.
La délégation de Concordia est la plus importante des huit universités canadiennes participant à cette initiative menée conjointement par Mitacs, OBNL visant à l’accélération de l’innovation au Canada, et l’entreprise suédoise de télécommunications Ericsson. Cette collaboration a pour objectif de lever les obstacles que posent les réseaux sans fil actuels, en s’appuyant sur la technologie 5G et l’Internet des objets.
Parmi les critères mis en avant par Mitacs-Ericsson pour la sélection des projets : l’effet tangible de l’intelligence artificielle sur la population au quotidien. « Ericsson cherchait une expertise précise, fait valoir Anna-Maria Moubayed, spécialiste endéveloppement des affaires chez Mitacs. L’entreprise voulait que les participants puissent développer un algorithme ou un projet pour régler un problème concret. Et bien sûr, l’intelligence artificielle devait être au centre de toutes les propositions. »
La recherche de Nizar Bouguila promet une résolution concrète de problème. L’installation de capteurs non intrusifs dans les maisons, qui ne contreviennent donc pas à la vie privée, permettra de reconnaître automatiquement les activités de ses occupants, puis de les prédire. Ce sont habituellement des caméras qui font ce travail, rappelle le chercheur.
Les données récoltées par les capteurs « nourriront la machine », seront analysées, puis modélisées, afin de détecter si une personne marche, court, tombe ou oublie de prendre ses médicaments, résume M. Bouguila. « La machine apprend selon les expériences qui l’alimentent. »
« Si elle sait que les gens ne sont pas à la maison entre 16 h et 18 h, la maison intelligente diminuera la température. Si un aîné tombe, elle pourra lui envoyer de l’aide », illustre-t-il.
Grâce à ces capteurs donc, la maison devient intelligente. Elle gère la consommation énergétique, fait diminuer la facture d’électricité, puis l’empreinte écologique dans la foulée, et pourrait même établir le pronostic d’une maladie neurodégénérative. « Des changements de comportements chez un aîné, commela difficulté à attacher ses souliers ou des chutes fréquentes, peuventprédire l’apparition de la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson », poursuit le chercheur.
Samr Ali, doctorante à l’École d’ingénierie et informatique Gina-Cody de l’Université Concordia, est l’une des trois étudiantes qui collaborent avec le professeur Bouguila. Elle se spécialise dans l’apprentissage automatique et la vision par ordinateur. Elle fera ainsi appel à son expérience en recherche et développement dans le domaine de l’Internet des objets « pour assurer une compatibilité transparente et une fonctionnalité fluide des différentes composantes du projet », explique-t-elle.
À l’instar de M. Bouguila, elle estime que ces recherches présentent une occasion intéressante d’innovation ayant un effet dans le monde réel. « Le projet pourra veiller à la sécurité des bâtiments par une surveillance intelligente, inspirer des solutions innovantes pour les soins aux personnes âgées et contribuer aux efforts d’économie d’énergie », souligne-t-elle. Ces capteurs pourraient aussi être implantés à grande échelle dans une ville intelligente.
L’intelligence artificielle n’est pas un domaine nouveau, admet M. Bouguila. Il croit toutefois que la sociétécommence à s’y intéresser réellement. « Il faut l’utiliser de façon responsable. Les programmes de recherche sont de moins en moins orientés vers les technologies et de plus en plus vers les sciences sociales. La recherche tente de répondre à des questions qui touchent directement le quotidien des gens. » 
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