Après “Les choses qu’on dit les choses qu’on fait” qui lui avait valu de remporter le 31e prix des auditeurs du “Masque et la Plume”, Emmanuel Mouret signe avec brio une nouvelle balade romanesque. Maître dans l’art de la comédie sentimentale, le cinéaste a une nouvelle fois conquis nos critiques.
Le film, dont France Inter est partenaire, a été présenté au dernier Festival de Cannes en section “Cannes Première”. C’est le 11ᵉ long métrage d’Emmanuel Mouret, orfèvre des jeux de l’amour et du hasard, qui a reçu en 2021 le prix des auditeurs du “Masque et la plume” pour “Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait”.
Charlotte (Sandrine Kiberlain), mère célibataire, téméraire, et Simon (Vincent Macaigne), homme marié, père de famille, plutôt pudique, maladroit, deviennent amants après s’être rencontrés dans une soirée avec une règle simple : tout pour le plaisir et rien pour l’avenir. De la gymnastique, mais pas de grands sentiments. Le film va dérouler en scopes et en plans séquences les scènes de la vie extra conjugale et les dates même de leur rencontre chez Charlotte, à l’hôtel, dans un musée, le tout sur des musiques de Mozart, de Poulenc, de Ravi Shankar, avec presque en ritournelle “La Javanaise”. Cette liaison qu’ils pensaient passagère va durer beaucoup plus qu’ils ne veulent l’admettre. C’est un peu le mariage de Marivaux et de Woody Allen.
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C’est sans doute le film que Xavier aime le plus jusque-là dans la filmographie du cinéaste. Le critique de 7e Obsession a été bluffé par la mise en scène des sentiments menée, selon lui, à la perfection : “J’aime énormément ce film qui traite, avec une légèreté extrêmement intelligente, quelque chose de grave, un nouvel amour, une deuxième chance dans la relation amoureuse, où il faut prendre ses responsabilités, franchir le pas.
C’est un âge où on a choisi, soit la prudence comme le personnage de Vincent Macaigne, soit l’insouciance, même si elle est un peu exagérée de Sandrine Kiberlain. Ce n’est pas facile de combiner ces sentiments alors que le désir est là. C’est surtout formidablement écrit, sous forme de chronique. D’autant qu’il saisit dans des plans séquences, dans un espace de jeu et dans des espaces de vie une circulation des corps, des cœurs, des esprits, des dialogues savoureux qui révèlent une vraie intelligence de la mise en scène et du propos en général. Remarquez aussi cette manière dont le sentiment devient proéminent et vous happe dans un principe que vous n’aviez peut-être pas envie d’épouser à nouveau et qui fait que l’écriture d’Emmanuel Mouret fonctionne très bien !
Il nous rappelle qu’aimer, oui c’est très grave, mais c’est surtout très beau”.
Pour le critique ciné du Figaro aussi, c’est certainement le meilleur film qu’ait réalisé jusque-là Emmanuel Mouret, celui dans lequel il articule sans doute le mieux les sentiments de ces protagonistes “pour rendre la parole si cinématographique et photogénique. Ses personnages sont totalement justes, modernes et éternels à la fois. Vincent Macaigne est devenu un acteur très touchant en gynécologue, marié qui a une liaison. Sandrine Kiberlain est marrante comme tout, libre comme l’air. On voit le temps passer sachant que le temps de ces rencontres n’est pas le même que le reste. Il montre qu’il y a toujours une inégalité dans l’amour et qu’on ne peut pas en rester au plaisir, ça ne suffit pas. C’est le hiatus du film. Le film est magnifique et montre aussi que la tristesse est peut-être le plus beau des sentiments”.
S’il n’avait jamais vraiment trop aimé le cinéma d’Emmanuel Mouret à ses débuts, ce tout nouveau film ainsi que son précédent ont fait changé d’avis le journaliste de Télérama qui salue ici “une vraie réussite. Là où avant je trouvais que c’était du sous Rohmer ou du sous Michel Deville, dont il n’avait pas le talent, depuis ces deux derniers films, il prouve que c’est vraiment un réalisateur très malin, parce que soucieux de ne pas lasser son spectateur avec son style cinématographique. Il se débrouille pour faire constamment rebondir l’action. C’est peut-être son meilleur film, parce que c’est le plus fin, le plus léger et en même temps le plus grave”.
La critique de Sud-Ouest a été quelque peu déçue par une installation de départ un peu trop lente comparé aux autres films du cinéaste français : “Je suis incapable de ne pas aimer un de ses films, mais je suis déçue au vue de l’armature cinématographique initiale… Les personnages prennent un temps fou à sortir des stéréotypes propres à son concept pour devenir des personnages vivants et autonomes. Bien qu’il veuille prendre son temps pour installer la lenteur des hommes face à la célérité des femmes, cela donne un rythme un peu trop en ralenti, un tout petit peu pataud…
Cela étant dit, il a une très belle idée, celle de montrer que l’amour, ce n’est pas forcément qu’une affaire d’harmonie entre les êtres, mais avant tout le fait de partager le même espace-temps, avoir le même rythme. L’amour est une affaire de temps, une idée très juste, finalement assez peu exploitée au cinéma. Rien que pour ça, le film en vaut la peine”.
🎧 Écoutez l’ensemble des critiques échangées à propos de ce film sur le plateau du Masque et la Plume :
“Chronique d’une liaison passagère” d’Emmanuel Mouret
6 min
► Toutes les autres critiques de films du Masque et la Plume sont  à retrouver ici
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