La chronique économique hebdomadaire de Bernard CHAUSSEGROS
DOSSIER SPECIAL : Pas de relance économique sans une analyse sectorielle et humaine !
Semaine 1/4 : Relance économique : l’intervention nécessaire de l’État
Semaine 2/4 : Relance économique : le rôle crucial de la culture
Semaine 3/4 : Relance économique : quelle place pour l’écologie ?
Les questions écologiques se posent, de toute évidence, chaque année, avec une exigence de plus en plus urgente. D’abord parce que les pays développés vivent au-dessus de leurs moyens, ou, en tous cas, au-dessus des possibilités que nous fournit la planète.
On dit fort justement que d’une année sur l’autre, le jour du « retournement » survient plus tôt. Cette année, en France, le jour du « dépassement » est tombé le 5 mai, soit 3 mois plus tôt qu’il y a 5 ans. Il s’agit de la date à laquelle notre planète ne peut plus générer de ressources et que les humains ont utilisé toutes celles que peut produire la planète en une année. Cette date est calculée à partir de deux indicateurs, la biocapacité, (capacité à produire des ressources renouvelables et à absorber les déchets dus aux consommations) et l’empreinte écologique (pression qu’exerce l’Homme sur la nature). A l’échelle du monde, en 2021, notre planète était dans le rouge dès le 29 juillet !
Les alertes du GIEC
Manifestement, depuis la première réunion de la COP qui s’est tenue à Berlin en mars 1995, les discussions n’ont pas manqué d’alerter l’opinion internationale sur les dangers du réchauffement climatique dont on avait pris conscience dès le début des années 80. La communauté scientifique avait compris que les activités humaines étaient l’unique source de ce phénomène. À l’époque, ce sont les spécialistes du climat et de leur modélisation qui avaient prédit la catastrophe. D’après leurs mesures, il fallait s’attendre à un doublement des teneurs en gaz carbonique dans l’atmosphère en 2050, ceci provoquant une prévision de réchauffement de l’ordre de 3 degrés et à une élévation du niveau de la mer de 60 cm à 1 mètre. Ces prévisions n’ont fait qu’être confirmées d’année en année, par les prévisionnistes, mais aussi par les constatations objectives des dérèglements du climat.
Période de grands froids, et périodes de forte chaleur, inondations et sécheresse, catastrophe naturelles, incendies monstres impossibles à contenir, ouragans aux conséquences dévastatrices démesurées, tsunamis, sont autant d’exemples que les médias nous montrent très régulièrement. Le premier rapport du GIEC date de 1990. Il a confirmé la tendance d’un réchauffement de 3° à l’horizon 2050 par rapport à l’ère préindustrielle. Mais les décideurs politiques n’ont toujours pas pris cette alerte au sérieux. En 1990, la conférence de Rio permet la rédaction de trois textes fondamentaux, sur la biodiversité, la désertification et les changements climatiques.
C’est donc que personne ne veut croire à ces annonces et que personne n’accepte de prendre des décisions pro-actives en la matière. Comme j’ai pu le développer dans un récent article, les profits excessifs en sont la raison. Certains s’enrichissent tandis que d’autres meurent ou « survivent ». Les êtres humains souffrent, la nature et la planète aussi. Sous les coups de boutoir des océans dont la puissance est incommensurable, les littoraux s’effacent, le trait de côte se déplace, des pays, des contrées et des villes entières seront bouleversés et même détruits par la montée des eaux, en même temps que l’on manquera d’eau potable pour étancher les soifs de certains peuples.
Au-delà de ces constats, il faut également engager la lutte contre les infinis gaspillages alimentaires. Un exemple parmi tant d’autres pour affirmer qu’il n’y a plus depuis longtemps de politique intelligente et concertée. La société fonctionne sur des hypocrisies et l’affichage d’idées qui ne seront jamais appliquées dans le cadre d’un réel projet de société.
Il n’a échappé à personne qu’il faut respecter les engagements pris dans lors de l’élaboration du protocole de Kyôto en 1997, puis de l’accord de Paris pris le 12 décembre 2015 au cours de la COP 21, pour la réduction des gaz à effet de serre.
La volonté d’économiser l’énergie
Comme cela a été évoqué par le président Macron lors de son allocution télévisée du 2 mars, « les équilibres de notre continent comme plusieurs aspects de notre quotidien sont d’ores et déjà bouleversés par cette guerre et connaîtront des changements profonds dans les mois qui viennent ».
Poursuivons avec l’exemple de la Suède qui devrait atteindre son objectif 2030 en matière d’énergies renouvelables d’ici à la fin de l’année d’après l’Agence suédoise pour l’énergie. Ce pays d’Europe du Nord a pris très tôt des engagements écologiques à respecter en 2030, comme d’augmenter la part d’énergies renouvelables dans la production d’électricité et de diminuer sa consommation d’énergies fossiles. Dans cet objectif, des certificats sont attribués aux producteurs d’énergies renouvelables depuis quinze ans, certificats qui se déclinent aides financières.
Cet engagement aura eu une réelle efficacité, puisqu’avec une part de 65 % de l’électricité consommée, le pays a d’ores et déjà atteint ses objectifs en matière d’énergie renouvelable. Le reste de l’Europe, dont la France, n’en est qu’à 20 %. La Suède est toujours en tête des pays européen en matière d’installation d’éoliennes, la France n’étant quant à elle que le quatrième pays d’Europe en cette matière.
Qui plus est, la Suède s’est également fixé un objectif de 50 % d’efficacité énergétique pour 2030, dépassant à nouveau l’objectif européen récemment approuvé, qui n’impose que 32,5 % aux États membres. Selon le classement de « Réseau action climat », peu de pays de l’UE pourront concrètement atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris de 2015, soit de maintenir l’augmentation de la température en dessous de 1.5°C.
Il s’agit donc d’un chantier, certes inscrit dans les projets du nouveau président de la République et prévu dans le volet Écologie de « France Relance » qui mérite un investissement commun et citoyen.
L’amélioration de l’isolation dans la construction
Tous les spécialistes du bâtiment le savaient depuis les années de reconstruction au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’isolation des logements permettait un meilleur confort en empêchant la chaleur de s’échapper et non au froid de rentrer. Mais cette préoccupation se heurtait au besoin de reconstruire vite et pas cher. Et à l’époque, le prix de l’énergie était si bas que cela ne choquait personne que de chauffer le ciel au-dessus des toits !
Il faudra attendre la première crise du pétrole qui interviendra dès 1973 pendant la guerre du « Yom Kippour » entre Israël et ses voisins arabes. Lorsque ces pays producteurs de pétrole ont décrété un embargo contre les pays occidentaux soutiens d’Israël, le prix du baril s’est mis à augmenter pour passer de 2,48 $ en 1972 à 11,58 $ en 1974. Cet événement aurait dû induire une réaction salutaire dans les pays de climat continental, mais cela n’a pas été le cas, sous la pression des promoteurs qui entendaient poursuivre leurs programmes et accumuler les profits.
Et pourtant, par une loi d’octobre 1974, l’état a imposé l’isolation thermique dans la construction, en édictant des « règles de construction et d’aménagement applicables aux locaux de toute nature quant à leurs caractéristiques d’isolation thermique ». C’était le premier pas vers la réglementation de l’isolation thermique des bâtiments neufs. Toutefois les techniques utilisées alors restaient insuffisantes, choix souvent dictés a minima dans un savant calcul de coût-avantage fonction du prix de l’énergie.
On peut dire qu’il faudra réellement attendre les années 2000, voire 2010, pour que les constructeurs assurent une isolation performante des logements neufs. Quant au parc immobilier ancien, où rien n’avait été fait depuis le début du XXème siècle, voire la fin du XIXème siècle, on sait combien d’escroqueries ont été commises depuis le lancement en 2019 du programme de « l’isolation à 1 € ! Preuve s’il en est que la hausse des prix de l’énergie demandait des réactions immédiates mais bien tardives du gouvernement.
Le développement de modes de chauffage performant
Dans les années de gabegie énergétique, on aura tout inventé comme mode de chauffage onéreux, comme les radiateurs électriques surnommés « grille-pain », le chauffage par le sol, les chaudières au fuel ou celles au gaz, tout en oubliant la question de l’isolation.
Voilà une vingtaine d’années seulement que l’on a commencé à faire dans ce domaine des recherches sur des radiateurs électriques à accumulation (dans un corps de fonte ou de pierre volcanique), des systèmes fonctionnant avec de la géothermie ou des pompes à chaleur, air/air ou air/eau.
Plus récemment encore, la mise au point de nouvelles méthodes de construction, à la fois écologiques et économiques, offrent des potentialités nouvelles, jusqu’à la conception de maison dite « passive » dont l’isolation renforcée et le recours à des VMC double flux faisant office de pompe à chaleur, permettent de se passer de radiateurs.
La volonté d’indépendance énergétique
S’il est évident que notre indépendance doit s’exprimer en matière d’énergie tant vis-à-vis de l’Est que de l’Ouest ou que du Moyen-Orient, nous devons aussi avoir une vision d’avenir pour enfin remplacer au plus vite et le plus possible, les énergies fossiles dans nos habitudes de consommation, et de retrouver notre indépendance ancienne en matière d’électricité.
Ce conflit, comme d’ailleurs la crise sanitaire, liée à la pandémie de la COVID 19, montre que l’économie de notre pays est beaucoup trop tributaire de technologies qu’il a abandonné à d’autres depuis des décennies, et, parallèlement, dépendante des coûts de transport qu’engendrent les achats faits auprès de pays très éloignés.
Au surplus, il faut désormais intégrer le coût environnemental de ces échanges commerciaux intercontinentaux. On ne peut plus faire comme si de rien n’était lorsqu’on prend connaissance du dernier rapport du GIEC qui est particulièrement pessimiste. Il est désormais trop tard pour empêcher les modifications fondamentales du climat, inondations, sécheresses, disparition de variétés végétales et animales.
Ces constats, largement faits à la suite de la pandémie et des confinements successifs depuis mars 2019, montrent à quel point notre pays a besoin de retrouver son indépendance sur le long terme. Notre Europe ne doit pas se retrouver l’enjeu d’une lutte d’influence entre des russes, des chinois et des américains qui sont à la manœuvre pour prendre le pouvoir politique et économique sur les marchés Européens.
Nous avons pour obligation d’amplifier nos investissements dans la défense nationale, mais nous devons surtout poursuivre une stratégie d’indépendance et d’investissement dans les secteurs cruciaux de l’économie, comme par exemple reprendre la main sur la recherche et les innovations. L’Europe a tout inventé, mais elle a aussi tout vendu pour des raisons qui à l’époque paraissaient logiques :la rentabilité. Aujourd’hui celle-ci s’est inversée et nous devons acheter et faire livrer à des prix exorbitants des biens que nous avions autrefois la capacité de produire. Nous devons retrouver notre force d’antan, redevenir une puissance indépendante et souveraine et nous en avons les moyens, mais pour cela, un maître-mot : Le travail. Que les générations XYZ entendent ce message.
Les recherches de sources d’énergies vertes
Si le recours aux centrales nucléaires est nécessaire et même indispensable, et que le développement par l’État de nouveaux types de centrales, il faut encourager le développement des énergies vertes. Ce terme désigne de l’électricité ou du gaz qui sont produits grâce à des ressources naturelles, renouvelables et propres. La plus connue de ces énergies vertes est assurément l’énergie solaire, dont on peut penser qu’elle est inépuisable, en tous cas dans la connaissance que l’on actuellement du devenir de la planète. Cette énergie est également propre, car, contrairement aux énergies fossiles, leur exploitation n’est pas elle-même gourmande en énergie et qu’elles ne sont créatrices de CO². Les énergies vertes sont produites grâce à des technologies récemment développées et perpétuellement améliorées au cours de ces dernières années comme les panneaux solaires photovoltaïques.
Le développement des énergies marines
En plus de l’énergie que pourrait créer le rayonnement du soleil sur la surface des océans, ou celle née de la rencontre du vent et de la mer, des recherches avancées ont été menées sur de nombreuses sources d’énergie marine, parmi lesquelles on peut relever l’énergie marémotrice, due aux mouvements de flux et de reflux des marées (barrage sur la Rance entre Saint-Malo et Dinard), l’énergie hydrolienne, qui exploitent les courants marins, l’énergie houlomotrice, qui est produite par le mouvement des vagues, l’énergie thermique des mers, qui exploitent les différences de température entre les eaux de surface et les eaux profondes ou l’énergie osmotique, qui est basée sur les différences de salinité entre les eaux douces et les eaux salées.
On peut aussi parler de l’énergie éolienne off-shore, dont on parle beaucoup dans le cadre du projet de parc éolien en baie de Saint-Brieuc, éoliennes implantées en mer sur des plateformes ancrées ou flottantes. Il existe d’autres recherches moins abouties et non encore industrialisée, comme l’exploitation de l’énergie de la biomasse marine.
S’il est un sujet, voire même un projet qui intéresse directement les territoires, c’est bien celui qui consiste à prendre soin du magnifique héritage que nous tenons de nos ancêtres, les campagnes et les forêts, les cours d’eaux et les lacs, les régions maritimes comme les pays de montagne, tout cela a été « trouvé » par les premiers occupants de nos régions et a été modelé, entretenu, mais aussi parfois saccagé, par les générations qui nous ont précédés.
Nous sommes nombreux, aujourd’hui, à prendre conscience qu’il est temps d’avoir une attitude proactive sur nos pays, pour les sauvegarder d’une ruine dont des institutions comme le GIEC nous alarme sur sa réalité et son devenir inquiétant.
Quoi donc de plus « régional », voire « provincial » que de mettre en œuvre des initiatives utiles à l’environnement ? Toutes nos régions ont des besoins liés à la protection du milieu, de la faune et de la flore. Certaines institutions comme le conservatoire du littoral en a pris depuis longtemps conscience et parvient à protéger du bétonnage de longues parties du littoral, par une politique de préemption accompagnée de campagnes d’entretien, de reboisement, de protection des lagunes, marais et autres zones humides ou de création de sentiers de randonnée.
Replanter les bois et recréer les haies
Dans de nombreuses communes rurales, la baisse considérable du nombre de paysans a transformé le paysage. Pour faciliter l’exploitation des terres, les parelles ont été agrandies par a suppression des haies et des chemins qui les logeaient, entrainant la disparition de nombreuses plantes ou d’animaux endémiques et accélérant les phénomènes d’érosion et d’appauvrissement des terres arables.
Des régions de boccages historiques, comme la Bretagne ou la Bourgogne, reviennent à des habitudes intelligentes en recréant, selon des techniques ancestrales, des talus, des murs de pierres, ou des chemins creux. C’est d’ailleurs aussi avec de telles politiques que l’on peut, parallèlement, en les entretenant, protéger les cours d’eau et les ressources utiles à la reconstitution des nappes phréatiques.
Voilà typiquement des métiers à recréer, dans toutes les régions. On entretient et on protège bien des zones pavées dans le Nord pour le seul plaisir de suivre la course cycliste Paris-Roubaix, on peut, sans revenir forcément au métier de cantonnier, inventer des emplois de paysagistes du bien commun, chargés de la beauté des campagnes, comme les jardiniers paysagistes le font dans des espaces privés.
Reboiser intelligemment
Les forêts, tout le monde s’en rend compte aujourd’hui, alors que le bois vient à manquer pour les entreprises de menuiserie industrielle, c’est une culture comme une autre mais qui a ses propres spécificités. De nombreux faits divers récents ont montré l’émoi suscité dans les zones rurales par une gestion excessive des coupes rases.
La forêt doit être « cultivée », entretenue, gérée. Il est anormal que l’on continue de se fournir en bois exotiques venus d’Afrique ou d’Asie, alors que nos forêts de chêne sont débitées pour être vendues à des acheteurs chinois.
Gérer une forêt demande du temps, et de la patience. Quand on sait que nos plus beaux chênes, abattus pour reconstituer les charpentes de Notre-Dame de Paris, ont été plantés sous Louis XIV, on doit comprendre que pour tout arbre abattu, il convient d’en replanter deux ou trois, pour satisfaire les besoins qui seront ceux de nos enfants dans 200 ans.
Voilà aussi quelques métiers « de la forêt » qu’il n’est pas sorcier d’inventer pour demain, surtout en y associant les outils innovants de la mécanisation moderne.
Lutter contre les risques d’incendie
Chaque année, que ce soit à cause du réchauffement climatique ou à la suite d’actes criminels, des hectares de nos forêts, notamment méditerranéennes, partent en fumée au cours d’incendies parfois dramatiques qui mobilisent souvent des centaines de sapeurs-pompiers. Outre les risques que ces derniers prennent pour leur propre sauvegarde, et ceux pris par les pilotes des Canadairs qui volent au ras des flammes dans des endroits inaccessibles et montagneux, les dégâts matériels et malheureusement quelquefois humains que ces incendies provoquent représentent des coûts non négligeables.
De telles forêts devraient être entretenues contre de tels risques, nettoyage des bois morts, constitution de bandes de terrain coupe-feu, construction de routes d’accès viabilisées pour les pompiers, etc. La protection absolue et le risque zéro de sont pas de ce monde, mais voilà, dans les régions du pourtour méditerranéen des métiers à inventer. Et si l’on octroie des permis de construire dans certaines régions, ils doivent être assujettis à des obligations faites aux propriétaires d’entretenir les abords de leurs maisons.
Les services à la personne
Notre époque se caractérise par la prolongation de la durée de vie moyenne. Mais cela signifie d’une part que la population est vieillissante, malade parfois, dépendante de plus en plus et d’autre part, que c’est un sujet qui doit être pris en compte pour le bien commun.
La politique publique des services à la personne (SAP) a connu d’importants développements depuis les années 2000 à la faveur d’un cadre fiscal incitatif. Le secteur, jusque-là partagé entre les associations et l’emploi direct, a vu la création de nombreuses entreprises : aujourd’hui 78,3 % des organismes de services à la personne sont des entreprises. Mais c’est sans doute ce qui pose les plus gros problèmes. Car cela devient forcément une affaire de profit, et cet état de fait est assez insupportable. Faire de l’argent sur la dépendance de personnes qui ont donné leur vie de travail à la collectivité, et qui doivent payer, en général plus que ce qu’ils reçoivent comme retraite, pour aller vers la mort dans la dignité.
Et encore ! Des événements récents qui ont fait scandale dans les maisons de retraite comme on le disait autrefois, dans les EHPAD dont on parle tant aujourd’hui, ont montré à quel point la dignité faisait défaut.
Certes, les services à la personne permettent de répondre aux besoins toujours croissants de l’ensemble des Français dans leur quotidien souvent compliqué. D’une façon générale, pour des petits « services », ménage, garde d’enfants, petit travaux, aide aux personnes âgées et handicapées, l’offre s’est diversifiée depuis quelques années, et l’État soutient par des aides diverses et fiscales cette création d’emplois divers.
Les emplois d’aide à la personne sont typiquement des emplois dont le besoin se retrouve dans l’ensemble des territoires. Mais dans les zones rurales, à l’instar d’ailleurs de métiers comme ceux de la santé, médecins, kinés, infirmières, les métiers d’aide à la personne nécessitent de nombreux et parfois longs déplacements. Et cette nécessité de se déplacer croise la difficulté actuelle du coût des carburants.
Les exemples sont nombreux, des professionnels qui sont tentent de réduire leurs interventions, pour faire des économies de carburant.
Pour en revenir aux établissements recevant des personnes âgées, la prise en compte de personnes dépendantes, dont de plus en plus souffrent de maladies invalidantes comme Alzheimer, ou qui nécessitent des soins de toute nature, en kinésithérapie souvent, mais aussi en psychothérapie, est insuffisante, et hors de prix pour certaines familles. Et on a même appris que, parfois, dans certains établissements, les salariés se livraient à des actes violence ou de cruauté.
On sait par des enquêtes récentes que la gestion de l’alimentation dans les EHPAD, se fait au centime près, et on a appris encore plus récemment que KAUFORG, la centrale d’achat du groupe ORPEA était basée en Suisse et que la recherche du profit maximal est la règle, au détriment des pensionnaires.
Sans rentrer dans cette polémique que l’institution judiciaire aura à trancher, il serait sans doute opportun de revenir à des visions plus humaines de la protection de nos anciens. Localement, on verrait bien le remplacement des EHPAD privés, dont l’objectif est de maximiser leurs profits, par des établissements publics, sous contrôle du département ou de la commune.
Mais au-delà, pourquoi ne pas développer, en remplacement de ce système, des métiers d’aide à domicile, pour garantir aux personnes vulnérables un maintien dans leur environnement personnel ?
Il me parait judicieux de conclure sur la vision humaine qu’il faut donner à tous ces métiers, qu’ils soient à inventer ou à développer, par une réelle prise de conscience de l’écologie, du respect de notre planète ou simplement de nos territoires, et cette volonté malheureusement mal partagée, du « mieux vivre ensemble ». Tous ces métiers, toutes ces missions imposent de former des compétences. Encore faut-il trouver des candidats aux emplois créés. Un nouvelle fois, il faut dénoncer cette incapacité de notre pays à mettre en adéquation les offres et les demandes d’emplois.
Et ce pour quelles raisons ? Des raisons déjà évoquées, certainement. Le refus de la mobilité, la difficulté de se loger à un coût abordable pour les employés saisonniers (montagne et bord de mer), le refus de certains de travailler quand les indemnités de chômage et le « travail au noir » leur semblent suffisants, sans parler de ceux qui vivent marginalement de petits trafics entre prison et liberté. D’autres raisons, aussi connues, comme le mépris affiché par l’élite pour les métiers non intellectuels, ou le snobisme du « baccalauréat à tout prix » !
Si l’on veut que notre pays connaisse une reprise économique et qu’à tout le moins, il retrouve ses valeurs, il faut que les Français travaillent  car l’oisiveté à un prix et notre pays n’a plus les moyens de la payer !

Bernard Chaussegros

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