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Pas de répit pour Devialet qui tente cette fois sa chance dans l’enceinte nomade avec la Mania ; un modèle intéressant, parfois impressionnant, mais loin d’être irréprochable.
L’expansion de Devialet dans l’univers de l’audio n’en finit plus : écouteurs true wireless, barre de son, voilà que la marque hi-fi se lance sur un tout nouveau type de produit avec la Mania, sa première enceinte transportable, lancée le 7 novembre 2022. Comme à leur habitude, les ingénieurs français n’ont pas fait les choses à moitié et prônent une conception et une expérience hors normes, d’ailleurs caractérisées par le placement tarifaire indubitablement élevé du produit (790 € en finition noir ou gris, 990 € pour la finition Opera de Paris avec chargeur sans-fil inclus).

© Les Numériques

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Pour justifier ce prix, la Mania avance évidemment l’argument de la qualité sonore, à commencer par la “signature sonore Devialet”, couplée avec les technologies maison (SAM, conception push-push), garantes d’une restitution de grande qualité, puissante, et de basses très profondes. Pour couronner le tout, et surtout surclasser toutes ses rivales, l’enceinte transportable de Devialet dispose d’un système de calibration automatique lui permettant d’optimiser l’équilibre sonore et la diffusion stéréophonique selon les caractéristiques de l’environnement acoustique dans lequel elle se trouve. Car oui, en dépit de sa taille très compacte, la Mania veut aussi réaliser le tour de force d’offrir un véritable rendu stéréo.
Et la Mania ne s’arrête pas là. Elle se positionne non seulement comme une enceinte Bluetooth transportable, mais aussi comme une enceinte connectée (via sa connexion Wi-Fi avec support AirPlay 2, Spotify Connect) et même “intelligente” avec l’assistant Amazon Alexa. Une chose est sure, Devialet a encore conçu un produit à très hautes prétentions.
La Mania joue la carte de l’originalité d’entrée de jeu avec un design très particulier. Qu’on soit friand ou non de cette petite sphère au look futuriste, on constate immédiatement qu’elle bénéficie d’une fabrication très soignée et qu’elle se montre robuste ; elle ne craindra clairement pas les chocs, coups et autres griffures. Qui plus est, la pochette souple fournie est là pour la protéger durant les transports.

La Mania est proposée en gris (notre modèle de test), noir et en version “Opéra de Paris” avec finition or, moyennant un supplément de 200 €. L’enceinte mesure environ 193 x 176 x 139 mm.

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La Mania est proposée en gris (notre modèle de test), noir et en version “Opéra de Paris” avec finition or, moyennant un supplément de 200 €. L’enceinte mesure environ 193 x 176 x 139 mm.
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Précisons tout de même que sa conception ne la prédispose pas véritablement a une utilisation baroudeuse : elle est en mesure de résister aux projections d’eau occasionnelles, certification IPX4 à l’appui, mais il faudra la tenir à l’écart des situations périlleuses, comme l’immersion dans l’eau, le sable ou les chutes durant ses pérégrinations. Il vaut mieux la considérer comme une enceinte domestique.

Devialet précise que la batterie interne de son enceinte peut se détacher aisément. L’opération demandera tout de même un passage au SAV, mais on apprécie toutefois le geste.

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Devialet précise que la batterie interne de son enceinte peut se détacher aisément. L’opération demandera tout de même un passage au SAV, mais on apprécie toutefois le geste.
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Si les visuels du constructeur pouvaient faire penser à une enceinte très compacte, indubitablement portable, la réalité montre que la Mania se classe clairement comme une enceinte transportable. La poignée intégrée qui facilite grandement son transport en est une première preuve, mais on s’en rend rapidement compte avec le poids de l’enceinte, de 2,3 kg tout de même. Si vous comptez l’emmener avec vous, réservez-lui une place dans votre sac à dos.
La Mania n’est pas une enceinte spécialement bien fournie du strict point de vue de la connectique. L’enceinte ne propose en effet qu’un port USB-C qui n’est utilisable que pour sa recharge. Comme sa rivale la Sonos Move, la Mania fait plutôt la part belle à la connectivité sans-fil avec le Bluetooth, mais aussi le Wi-Fi. Nous reviendrons plus en détail sur les fonctionnalités connectées amenées par cette dernière sur l’enceinte de Devialet, mais sachez tout de même que la liaison Bluetooth ne supporte pas le multipoint et sera donc limitée à un seul appareil source.

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La prise en main de la Mania se fait sans heurts, la première configuration nécessaire pour débloquer toutes ses fonctionnalités est rapide et fort intuitive en suivant le didacticiel présent dans l’application Devialet. Quelques indications sonores et surtout une jolie variété d’indications lumineuses permettent de se repérer et de connaitre le statut de l’enceinte, de l’appairage, de l’état des microphones embarqués pour l’assistant vocal et, surtout, son niveau de batterie avec une sympathique précision. On a aussi le droit à pas mal de boutons mécaniques, aisément identifiables et activables, disposés sur chaque flanc de l’enceinte.

Néanmoins, la Mania accuse de pas mal de petits défauts de jeunesse, si l’on peut dire, qui rendent l’expérience un peu frustrante par moment. On peut d’abord citer le temps d’allumage de l’enceinte, excessivement long pour un produit de ce type (comptez environ 40 s), l’absence de commandes pour naviguer entre les pistes, d’alerte sonore pour indiquer le faible niveau de batterie ou simplement la nécessité de déconnecter l’appareil actuellement connecté en Bluetooth avant d’en relier un autre.

4 diodes sont dédiées à l’affichage du niveau de batterie ; fort pratique !

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4 diodes sont dédiées à l’affichage du niveau de batterie ; fort pratique !
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Nous avons aussi expérimenté quelques soucis plus mineurs, comme le passage en AirPlay déconnectant le périphérique relié en Bluetooth (comme si l’enceinte ne pouvait pas maintenir les deux connexions simultanément), ou un différentiel de niveau sonore trop important entre le volume d’écoute musical via AirPlay et les interventions d’Alexa. On espère que la majorité de ces pépins seront corrigés par les futures mises à jour de logiciel (notre modèle était en version 1.1.3 au moment du test) ; wait and see !

L’application Devialet fait quant a-t-elle le job, pour la configuration on l’a dit, mais aussi pour accéder à certains réglages et (maigres) fonctionnalités supplémentaires, grosso modo un égaliseur deux bandes. L’application offre par exemple un résumé des périphériques connectés et du flux en cours de lecture, du niveau de batterie, la désactivation des leds et la calibration acoustique automatique. Précisons d’ailleurs que les micros embarqués ne peuvent pas faire office de kit mains-libres en connexion Bluetooth.
La Mania fait partie des rares enceintes transportables à proposer des fonctionnalités connectées qui lui confèrent une certaine polyvalence. Il est ainsi possible de communiquer en Wi-Fi principalement via AirPlay 2, ce dernier protocole lui autorisant également les fonctions idoines, et notamment le multiroom. Le constructeur nous précise que le protocole multiroom Alexa Cast devrait aussi être pris en charge en 2023. Il ne faut cela dit pas s’attendre à bien plus ; l’enceinte ne supporte pas Chromecast ou l’uPnP/DLNA pour lire directement des fichiers sur le réseau local. Le seul service nativement pris en charge est Spotify via Spotify Connect.
La Devialet Mania peut aussi faire office d’enceinte “intelligente”, mais uniquement avec l’aide de l’assistant d’Amazon, Alexa. Là encore, on est loin d’une vraie exhaustivité, mais rares sont les enceintes transportables capables de faire plus.
La Mania fait un remarquable travail de captation pour transférer nos requêtes au seul assistant vocal intégré, Amazon Alexa. Quelle que soit la situation d’utilisation, l’interaction avec l’assistant se fait de manière fluide et naturelle — si l’on exclut évidemment les difficultés de l’assistant lui-même à bien interpréter certaines demandes, pourtant bien formulées.
Il ne nous a en effet jamais été nécessaire de nous répéter outre mesure ou de parler particulièrement fort pour nous faire comprendre. Dans un environnement calme, il est possible de s’adresser à l’enceinte à voix basse, et même dans une pièce adjacente sans forcer sur notre voix. Le constat est aussi très bon dans une pièce relativement bruyante, où il suffit dans le pire des cas de parler à voix haute et intelligible pour déclencher l’assistant, même si l’on ne fait pas face à l’enceinte. Le constat est également très bon lorsque l’enceinte joue elle-même de la musique, même à un niveau relativement soutenu compte tenu de sa petite taille. Il faudra évidemment s’approcher d’elle pour réveiller l’assistant, mais rien d’anormal.
La Mania promet une durée d’utilisation 10 h par charge. Et cette valeur déjà pas étourdissante n’a pas été confirmée par nos différents essais, qui se sont plutôt soldés par des durées comprises entre 5 et 8 h, avec des niveaux d’écoute allant de faibles à relativement soutenus ; c’est un peu trop juste par rapport à ce que proposent certaines concurrentes de même taille.
Comptez environ 1 h 45 min pour une recharge complète via USB-C. Rappelons que le socle de recharge sans-fil n’est malheureusement pas proposé d’office avec toutes les versions de l’enceinte ; seulement avec l’édition “Opéra de Paris”, bien plus chère, ce qui est pour le moins regrettable.
La Mania n’est vraiment pas la meilleure élève qui soit en matière de latence. L’enceinte souffre en effet d’une latence excessivement importante en Bluetooth, si bien quelle dépasse notre plage de mesure habituelle (500 ms), pourtant généreuse, et atteint un décalage de plus de 550 ms. Même la compensation automatique appliquée par certaines applications mobiles de streaming vidéo ne permet pas de revenir à une valeur suffisante pour suivre confortablement un contenu vidéo, et notamment les phases de dialogues. Et on ne peut malheureusement pas compter sur un moyen de connexion filaire pour s’en affranchir, ce qui est bien dommage. On pourra toutefois passer par AirPlay 2 pour sauver les meubles… si votre source le permet.

Mesure de la réponse impulsionnelle : latence de communication en Bluetooth

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Mesure de la réponse impulsionnelle : latence de communication en Bluetooth
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S’il y a bien un point sur lequel la Mania se distingue d’emblée de ses concurrentes directes, c’est bien sa conception acoustique. L’enceinte nomade de Devialet est certainement l’une des premières à adopter une architecture aussi “complexe” dans un tel volume : 4 haut-parleurs disposés sur la surface supérieure, secondés par deux haut-parleurs de grave à grande excursion positionnés en push-push, dans une configuration inédite en “stéréo croisée”. Est-ce là la recette secrète pour mettre la concurrence à genoux et révolutionner l’expérience sonore que l’on peut attendre d’une enceinte de cette taille ?

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Au global, on peut répondre à cette question par la négative, car tout n’est pas aussi impressionnant qu’on pourrait l’imaginer ou nous le faire croire. La Mania marque de gros points sur certains aspects, en premier lieu par sa capacité a retranscrire les basses. La technologie SAM et les deux woofers en “push-push” font toujours des prouesses, d’autant plus sur une enceinte de cette taille. Les coups de grosse caisse, plus généralement les larges percussions, les lignes de basses, les drops et effets les plus graves produits par les synthétiseurs sont retranscrits avec l’énergie et la profondeur qui les caractérisent. On ressent bien la lourdeur et l’impact de tous ces éléments, et cela avec une approche relativement propre au vu de l’extension proposée ici, même si certains morceaux réveillent parfois quelques débordements, des résonances peu esthétiques (un synthétiseur ou une basse jouant un do2 pour citer un exemple précis, ou sur des morceaux comme Put me Thru d’Anderson .Paak ou Death is not Defeat d’Architects).

Mesure du Taux de Distorsion Harmonique

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Mesure du Taux de Distorsion Harmonique
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Le constat est identique à faible ou à fort niveau sonore. D’ailleurs, la Mania offre comme promis un rapport volume/puissance époustouflant, et cela en conservant un bon niveau de précision global et surtout une restitution particulièrement dynamique. Elle peut ainsi délivrer un niveau sonore bien suffisant pour une pièce de bonne taille, un salon ou une salle à manger, et aussi en extérieur dans le jardin, par exemple.
Si l’on salue haut la main ces qualités, l’expérience se trouve rapidement contrastée par quelques déceptions, en premier lieu sur l’équilibre sonore général. Même si la fonction de calibration intégrée fait son office pour optimiser la restitution dans les différents scénarii d’utilisation, la Mania tend toujours à laisser un peu trop de côté les hauts-médiums/aigus. La résultante est une signature sonore chaleureuse, ronde, douce… et même un peu trop douce d’ailleurs, si bien que l’on pourrait presque la caractériser d’émoussée dans certaines situations.

Mesure de la réponse en fréquence. La courbe violette démontre la restitution parfaitement dans l’axe des haut-parleurs placés sur la surface supérieure de l’enceinte.

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Mesure de la réponse en fréquence. La courbe violette démontre la restitution parfaitement dans l’axe des haut-parleurs placés sur la surface supérieure de l’enceinte.
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Le défaut de définition à ce niveau, le manque de tranchant, de présence, de vivacité, “d’air”, se ressent tout de suite sur des instruments riches en harmoniques, comme la guitare électrique ou les cymbales, mais aussi sur de nombreux autres (saxophone, trompette, violon, caisse claire…). Assez rarement, mais il faut le dire, même la voix peut se trouver impactée : elle aura un peu du mal à s’incarner, comme si elle était en partie confinée dans l’enceinte, légèrement en retrait ou derrière un léger voile. L’égaliseur à deux bandes inclus dans l’application ne permet de restaurer plus de vivacité sans créer un autre déséquilibre ou sans museler excessivement les basses.
Terminons sur le dernier argument clé de la Mania, sa conception “stéréo croisée” qui, aussi originale qu’intrigante, ne fait malheureusement pas mouche. On peut reconnaitre que le résultat a le mérite d’offrir un restitution sonore bien homogène et “diffuse” tout autour de l’enceinte. Mais la plus grande différence d’équilibre tonal, et elle est assez ténue, ne se perçoit que si l’on arrive véritablement bien dans l’axe de diffusion des plus petits haut-parleurs et à proximité de l’enceinte.
Malgré cela, pour véritablement parler de spatialisation, on sent encore nettement que la scène sonore ne “s’ouvre” pas vraiment, et que la notion de largeur stéréo est très, très vague, pour ne pas dire absente. Il faut se situer à proximité directe de la Mania et au centre de deux haut-parleurs pour constater discrètement quelques effets stéréo initialement très marqués (deux instruments positionnés à l’extrême gauche/droite se répondant, comme sur l’intro de Thrown Down de Fleetwood Mac, par exemple). Positionner l’enceinte à proximité d’un mur, ce qui a sur le papier pour effet de déclencher le mode “stéréo orientée”, n’apporte pas plus de satisfaction.
Les prétentions de la Mania présagent une expérience presque hors du commun pour une petite enceinte transportable. Hélas, la réalité du terrain nous ramène vite sur terre. La première enceinte nomade de Devialet a des qualités indéniables en termes de son et d’utilisation — on pense notamment à sa connectivité sans-fil poussée (pour une enceinte de ce type), à son rendu dynamique, percutant, très puissant et à ses basses profondes —, mais force est de constater que l’expérience globale n’a rien d’extraordinaire. L’enceinte peut même parfois pècher sur quelques points assez conventionnels et essentiels, engendrant de petites frustrations dont on se serait bien passé, surtout vu le positionnement tarifaire si élevé.
Rédacteur audio for you, forever, drogué à la musique, aux jeux vidéo et au cinéma. Dédie son temps libre à faire vibrer moult cordes grâce à des techniques séculaires normandes.
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