On peut déjà imaginer à quoi ressemblera demain notre habitation. Un logement bourré de domotique, doté de sa propre autonomie en énergie, équipé de capteurs capables de nous assister dans notre vie privée, surtout si nous souffrons d’un handicap. Cette maison du futur n’est pas une vue de l’esprit. Le Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (LAAS) qui est une des branches du CNRS, y travaille depuis des années avec l’élaboration de robots à même de rendre de multiples services en interaction avec les humains.
Pour aller plus loin dans leurs démarches, les ingénieurs du LAAS ont décidé de lancer, sur un modèle totalement inédit en France, le programme Adream comme « Architectures dynamiques reconfigurables pour systèmes embarqués autonomes mobiles ».
Son but ? Regrouper dans un même univers clos tout ce que peut nous apporter l’intelligence artificielle à condition qu’elle ne crée pas les conditions d’une totale dépendance en portant aussi atteinte à notre vie privée. C’est bien le risque. « Il va nous falloir évaluer ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas », rappelait ces jours-ci encore Michel Diaz, responsable d’Adream. On y va en tout cas à grand pas sans que cela relève de la science-fiction.
Les robots compagnons vont emboîter nos pas. Ils seront capables de réagir à nos désirs, de nous prévenir à la moindre alerte, de guider un aveugle dans la rue. Ils sauront ramasser des objets, tendre une bouteille, nous aider dans nos déplacements avec une fonction déambulatoire. Ils pourront mémoriser des itinéraires pour pallier les défaillances d’un malade atteint d’Alzheimer. Ces robots sauront identifier, grâce à des capteurs sans fils accrochés à nos vêtements, nos risques vasculaires, nos propensions au diabète, tous nos malaises… On l’a compris, les efforts des chercheurs se concentrent en priorité sur les personnes fragilisées et leur maintien à domicile en détectant également les signes précurseurs de la maladie… avant d’ouvrir le champ de ces interventions robotiques aux gestes les plus banals de notre quotidien.
Le bâtiment, dont la première pierre vient d’être posée, reconstituera tout un univers instrumenté avec des moyens technologiques jamais vus, relié à des réseaux informatiques, des puces, des caméras, comme un vaste projet scientifique ouvert à la recherche publique et privée. Car la vocation d’Adream, programme de 7,2 millions d’euros soutenu par l’Europe, l’État et Midi-Pyrénées, est bien d’accueillir tout à la fois le monde académique et les entreprises.
Le bâtiment qui verra le jour sera ainsi conçu qu’il devra produire sa propre énergie pour garantir sa totale autonomie. Conscient que l’avenir de l’industrie du photovoltaïque passe par une baisse des coûts de production de l’électricité et une optimisation de la production face aux besoins, le futur local sera l’exemple parfait d’une architecture du futur capable de puiser son énergie dans nos ressources naturelles.
Façade transparente et toiture seront couvertes de panneaux photovoltaïques qui contribueront aux besoins du bâtiment, mais permettront aussi d’engager des recherches sur de nouveaux systèmes de conversion d’énergie avec la combinaison de plusieurs sources dont la géothermie et un puits canadien avec pompe à chaleur. Le groupe Total s’est associé à cette recherche de pointe. Ainsi, ce bâtiment apparaîtra comme un démonstrateur en temps réel et en conditions climatiques réelles. C’est bien là que réside l’innovation majeure : servir de plateforme expérimentale. Un tiers de la toiture permettra d’évaluer de nouveaux types de cellules photovoltaïques. Et le bâtiment sera instrumenté pour gérer cette énergie avec l’aide de capteurs de température, d’ensoleillement, de mesure de la vitesse du vent…
Il s’agit également de recréer des situations identiques à celles des sites isolés : chalet de haute montagne, pylône télécom, île…Le surplus d’énergie produite pourra être directement réinjecté dans le réseau EDF ou bien stocké dans des batteries en plomb ou lithium…
On n’imagine pas assez quelles peuvent être les retombées de telles recherches. Les applications visées pour la conduite, la supervision et le diagnostic en aéronautique, espace, environnement et transport, contribueront à renforcer le pôle de compétitivité mondial Aerospace Valley. Les réseaux de capteurs qui y seront élaborés pourront contribuer également au suivi de l’état des récoltes ou à la mesure en temps réel de la qualité de l’eau.
ouverture > Date. C’est l’été prochain que le nouveau bâtiment devrait entrer en service, à proximité des locaux actuels du Laboratoire d’analyse et d’automatisme sous tutelle du CNRS. La réalisation de ce local unique en France se révélera donc rapide.
Capteurs et caméras sont autant de mouchards capables de localiser nos déplacements, de fournir des données précises sur notre état de santé… C’est pourquoi les ingénieurs du LAAS de Toulouse ont inscrit dans leurs projets tout un volet de recherche sur la sécurité informatique. Une notion sur laquelle le laboratoire travaille depuis dix ans à travers notamment le programme PRIME (Privacy and Identity Management for Europe) subventionné à hauteur de 12 millions d’euros avec une vingtaine de partenaires.
Le développement d’internet ne fait qu’accroître les risques d’intrusion. Pour accompagner les travaux du programme Adream, le Laas va consacrer des études à ces aspects intrusifs. Le laboratoire s’intéresse aussi aux nouveaux postes de télévision et à leur petite boîte très mal protégée qui, sans votre consentement, pourrait très bien faire de la médiamétrie, identifier quelle chaîne vous regardez et à quelle heure. Le LAAS reste persuadé que, depuis internet, il n’est pas difficile d’attaquer ces boîtes et de s’en servir comme moyen d’espionnage !
Les missions d’assistance aux personnes âgées sont traitées en priorité dans votre projet… Ces applications sanitaires sont dictées par les besoins sociaux. La région est d’ailleurs bien positionnée dans le domaine de la santé et des technologies de l’information (Gérontopôle, Centre e-santé…) On travaillera sur les moyens d’assister les personnes à domicile ou dans un lieu public, ainsi que sur des robots opérant au travail, pour l’assemblage d’un avion par exemple.
À quand la création de robots capables de remplir des tâches quotidiennes ?
Nous travaillons à la réalisation de robots très interactifs capables de remplir de menues tâches. Ils devront se déplacer de manière autonome, obéir à la voix. Un robot, doté de la parole, devra pouvoir comprendre les ordres du genre « Donne-moi tel objet ».
En quoi ce bâtiment intelligent sera-t-il unique ?
Il abritera une salle d’expérimentation dédiée à l’intelligence ambiante. Ajoutons les compétences liées à la robotique, l’intelligence artificielle et la conception des composants microélectroniques pour consommer le moins d’énergie possible. Ce bâtiment est unique aussi car il constituera lui-même une plateforme expérimentale dédiée à l’optimisation de l’énergie photovoltaïque.
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