Une belle course qui sort mercredi prochain en salles raconte le dernier trajet en taxi d’une nonagénaire, Madeleine, vers sa maison de retraite.
Lors de ce voyage, elle tisse des liens avec son chauffeur, Charles, éreinté par ses problèmes du quotidien entre difficultés financières et travail dévalorisant.
Tandis que ce dernier semble pressé de terminer sa course, la cliente souhaite faire plusieurs détours vers les lieux emblématiques de son passé. Leur traversée de Paris est l’occasion pour elle d’ouvrir sa boîte à souvenirs et pour lui de se découvrir.
Une belle course est un road movie construit sur deux lignes temporelles qui se mélangent, l’une suivant les déambulations des deux protagonistes dans le taxi, l’autre, sous forme de flashbacks, revenant sur la triste vie de Madeleine, entre son passage en prison pour avoir torturé son mari qui la battait et la mort prématurée de son seul fils.
Construite sur deux époques différentes, Une belle course déroule un scénario assez classique un road movie tendre et nostalgique grâce aux charmes de deux acteurs emblématiques dont la complicité , existante depuis plusieurs années, est ici prégnante.
Christian Carion et son acteur Dany Boon étaients la semaine dernière sur Lyon pour présenter le film.
Ils nous ont raconté leur vision respective du projet et du film tel que les spectateurs pourront le découvrir mercredi sur les écrans : 
CHRISTIAN CARION
“J’ai eu entre les mains ce scénario qui avait à la base été écrit par Cyril Gély. Je l’ai lu d’une traite dans un train et j’ai terminé mon voyage en larmes… Nous sommes toutes et tous confrontés un jour à cette question : comment les choses vont-elles se passer pour nos parents quand ils vont devenir vieux ?
L’histoire de Madeleine, 92 ans, quittant sa maison pour aller dans un Ephad, a fait remonter des tas de choses en moi. Je savais dès le départ que ce projet était écrit pour Line Renaud et j’avais envie de l’emmener dans ce voyage à travers l’espace et le temps…
J’ai donc un peu repris le scénario de Cyril à ma main et j’ai ensuite approché Dany Boon que je connaissais depuis JOYEUX NOËL.
En fait, UNE BELLE COURSE, c’est un peu la «Ch’tis connexion» parce que nous sommes tous les 3 originaires du Nord de la France ( rires)
D’un strict point de vue de réalisateur, la gageure de filmer dans une voiture une bonne partie du film m’excitait beaucoup…
Ce n’est jamais simple et pour ce film, nous avons dû réinventer le procédé. Ce dispositif technique très novateur utilisé dans le film lorsque vous êtes à bord du taxi.
En fait, la voiture ne roule pas dans les rues, elle est en studio et ce sont des écrans autour du véhicule qui donnent l’illusion en diffusant des images de la rue…
C’’est un formidable système d’écrans à LED très lumineux qui permet ça… En fait, nos équipes en amont sont allées filmer à la manière de Google Maps tous les axes de toutes les rues où le scénario prévoyait de faire passer la voiture de Charles, le personnage joué par Dany .
Ces rues ont été filmées de face, sur les côtés, du dessus pour que les réflexions de tout cela sur les vitres ou le pare-brise du taxi donnent l’illusion parfaite du mouvement, jusque dans la lumière du ciel ou le passage sous les ponts…
Le résultat est celui d’une immersion totale qui nous a évité de tourner sur fond vert et nous a permis d’interagir avec tout ce qu’il y a autour de nous…
J’avais très à cœur de reformer ce duo de cinéma tout en l’emmenant ailleurs. J’ai longuement parlé du concept de «l’émotion» avec Dany. À l’époque de JOYEUX NOËL, il craignait que le rôle du soldat Ponchel, qui meurt à la fin, ne déroute son public. «Ils veulent que je les fasse rire, je ne veux pas les décevoir» me disait-il alors…
À l’époque, je lui disais qu’il faisait partie de ces acteurs capables de nous faire rire et de nous émouvoir, comme Bourvil. Dany me répondait que gamin, lorsqu’il avait vu Bourvil dans LE CERCLE ROUGE, il avait été déçu…
15 ans après, quand je l’ai appelé pour UNE BELLE COURSE, j’ai de suite compris qu’il avait fait le chemin nécessaire et qu’il s’autorisait désormais à jouer dans d’autres registres. «Des rôles comme ça, on ne m’en propose pas » m’a-t-il confié, «or maintenant j’en ai envie»…
Alors il a dit oui pour l’histoire mais également pour Line bien entendu… Ce qui est formidable, c’est que Dany s’est mis au service de Line dans UNE BELLE COURSE.
C’est elle qui a le rôle principal. Line, je la connais elle aussi depuis longtemps même si nous n’avions encore jamais travaillé ensemble. C’est même Dany qui nous a présentés à l’occasion d’une avant-première de JOYEUX NOËL en 2005. Je crois qu’avec Line, nous avions comme un rendez-vous à honorer…
DANY BOON
“Une belle course, c’est un joli drame, une histoire vraiment touchante : la rencontre entre une vieille dame qui revisite sa vie avant d’aller dans un Ephad et un chauffeur de taxi pas vraiment sympathique au début…
Le fait de si bien nous connaître avec Line nous a évidemment permis de jouer cela dans la générosité et l’écoute de l’autre.
Le scénario qui suit l’ultime balade de cette femme est bouleversant : j’ai pleuré en le lisant…
Cela avait beaucoup de sens pour moi de jouer cette histoire-là avec Line à ce moment-là car elle cristallise des choses non dites mais qui passent dans les regards, les silences, l’échange
Charles est une sorte de miroir dans lequel défile toute la vie de Madeleine. Cette vieille dame qui monte dans mon taxi vit un moment suspendu, elle est presque déjà hors la vie…
Quand elle quitte sa jolie maison pour aller dans un Ephad, elle accepte cette finitude… Le regard qu’elle va jeter sur son passé est apaisé, plein d’humanité tout en étant très spontané…
Face à cela, Charles, lui, subit la vie, ses problèmes, ses ennuis. Au départ, il est fermé à tout ce qui l’entoure, ne voyant que le verre à moitié vide…
C’est en fait Madeleine qui va l’aider à retrouver ce qu’il est vraiment, sa tendresse, le sens des priorités, de la vie et des belles choses. Charles va au final accompagner cette dame vers la fin de son histoire…
Vous savez, c’est tout ce que j’aime au cinéma : quand d’un coup un film vous donne une leçon d’humanité…
Un film qui arrive au bon moment dans sa carrière
Christian est un réalisateur qui compte beaucoup dans mon parcours d’acteur…
C’est lui qui est venu me chercher à l’époque où je faisais du one-man show pour m’offrir le rôle magnifique du soldat Ponchel.
Au-delà du film, il y avait pour moi plein de symboles dans ce projet : le chiffre 26, qui était celui du régiment de mon personnage, se trouve également avoir été celui du régiment de mon arrière-grand-père André Bailleul, Zouave durant la 1e guerre mondiale…
Christian, je lui dois avec JOYEUX NOËL une sorte de carte d’entrée : grâce à lui, j’ai été adoubé par le métier. Avant, j’étais un «comique». Ensuite, on m’a considéré comme «acteur»…
Pour toutes ces raisons, UNE BELLE COURSE arrive à un moment important dans mon parcours de comédien et je trouve que ça a beaucoup de sens que nous ayons pu tourner tous les deux.
C’est comme un incroyable cadeau de la vie…
Une belle course, en salles le 21 septembre 2022
De Christian Carion. Avec Line Renaud, Dany Boon, Alice Isaaz. 1h41.
Crédit photos: Fabrice SCHIFF
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