Blu ray Les Chevaliers teutoniques 00
En Pologne, au début du XVe siècle, ordre religieux à l’origine destiné à protéger les pèlerins se rendant en Terre Sainte, les chevaliers teutoniques ont créé leur propre État tout-puissant, implantant leurs commanderies un peu partout en Europe. Le seigneur Jurand de Spychów croise un jour une troupe de Teutoniques emmenant des marchands injustement capturés. Il les met en déroute, et l’unique rescapé, le commandeur Siegfried von Löwe se venge en incendiant sa demeure fortifiée et assassinant sa femme. La tension va monter, en parallèle de l’émergence du royaume polonais, voulant se défaire de l’emprise des chevaliers. Jusqu’à la fameuse bataille de Grunwald, qui sera fatale à l’Ordre.
• Titre original : Krzyzacy
• Support testé : Blu-ray
• Genre : historique, drame
• Année : 1960
• Réalisation : Aleksander Ford
• Casting : Andrzej Szalawski, Mieczyslaw Kalenik, Urszula Modrzynska, Grazyna Staniszewska, Henryk Borowski, Aleksander Fogiel, Emil Karewicz, Tadeusz Kosudarski
• Durée : 2 h 52 mn 40
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1 Dyaliscope
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : LPCM 2.0 monophonique polonais, français
• Bonus : Digibook avec le Blu-ray (172 mn 40) et le DVD du film (165 mn 44) – le livre «L’Ordre teutonique» rédigé par Sylvain Gouguenheim (80 pages) – diaporama d’affiches et de photographies (2 mn 00)
• Éditeur : Artus Films


Les Chevaliers teutoniques sont un ordre militaire chrétien issu d’un ordre hospitalier charitable créé durant la troisième croisade et devenu militaire en 1191 lorsqu’il est reconnu officiellement par le pape Innocent III. Composé de chevaliers germaniques, il doit assurer la sécurité des croisés en Terre Sainte, mais très vite installé en Prusse, il devient un État monastique dont l’expansion menace la Lituanie et la Pologne. Au cinéma, le réalisateur russe Serguei Eisenstein dans Alexandre Nevsky (1938) évoque une défaite des chevaliers teutoniques, écrasés en 1242 par les russes et les mongols à la bataille du lac Peïpous. Mais il faut attendre 1960 pour qu’à son tour Aleksander Ford consacre un film Les Chevaliers teutoniques à une autre défaite plus décisive. En effet cette première superproduction polonaise, avec appui direct des autorités, était destinée à commémorer le 550ème anniversaire de la bataille de Grunwald du 15 juillet 1410, filmée sur place avec des milliers de figurants. Cette séquence grandiose, d’un quart d’heure et 152 plans, qui conclut le film, reconstitue le choc des troupes de Pologne et de Lituanie avec celles de l’ordre miliaire religieux, dont l’anéantissement militaire sonna la fin de son hégémonie : un évènement qui est toujours célébré en Pologne et en Lituanie comme une victoire à la dimension patriotique majeure. En 1900, Henryk Sienkiewicz, prix Nobel et auteur de «Quo Vadis ?», évoqua les faits sous la forme d’un roman historique à portée héroïque, «Krzyzacy», qui constituera la base de l’adaptation de la superproduction d’Aleksander Ford. Les Chevaliers teutoniques, au succès phénoménal en Pologne (vu par 33 millions de polonais), malgré une opinion divisée, notamment en Allemagne, sur son fond nationaliste et son message procommuniste, a convaincu la majorité des spectateurs par le caractère épique de son intrigue et la qualité formelle de sa reconstitution. Le film a en effet des atouts grâce à son budget pharaonique : outre sa figuration pléthorique (avec l’aide de l’armée polonaise), il bénéfice de la très belle photographie en scope de Mieczysław Jahoda, des superbes décors de Roman Mann et de 18 000 costumes chatoyants supervisés par des spécialistes historiques. Certaines scènes ont été filmées dans la forteresse teutonique de Marienbourg en Poméranie. La réalisation, très fougueuse, est due au talent d’Aleksander Ford, le maitre du cinéma polonais d’après-guerre, qui s’est d’abord forgé une réputation avec ses nombreux documentaires et films engagés, pas toujours bien vus par le régime. Le succès colossal de son film Les Chevaliers teutoniques n’empêchera pas son exil en 1969 et son suicide aux USA en 1980. Destiné à défendre sa position menacée par les succès d’Andrzej Wajda et en pleine tension politique entre le Pacte de Varsovie et l’OTAN (donc entre la Pologne et l’Allemagne), le choix du sujet de sa superproduction était fortement symbolique, bien que le scénario prenne des libertés avec l’Histoire et élague l’intrigue touffue du roman selon la volonté du cinéaste désireux de privilégier la romance limitée à certains personnages. Pour son casting, il choisit personnellement ses interprètes et engage les meilleurs : Andrzej Szalawski (Jurand de Spychów), Grazyna Staniszewska (Danusia), Emil Karewicz (le roi Jagellon), Aleksander Fogiel (Mathieu de Bogdaniec), etc. Le résultat sera mitigé : Les Chevaliers teutoniques est un film incontestablement dans la lignée des grandes fresques hollywoodiennes, avec leurs qualités – sens du spectacle et monumentalité – et leurs défauts – personnages stéréotypés et bavardages à rallonge. Avec le recul, on admire toujours la dextérité de la séquence de la bataille, mais on peut déplorer la naïveté de la narration et le manichéisme de la présentation. Chef d’œuvre ou film de convention ? Quelle que soit sa réception, le film a fondamentalement ouvert le cinéma polonais à l’international et renouvelé ses choix artistiques. La copie flamboyante sur le Blu-ray est à la hauteur du spectacle et, malgré l’absence de suppléments vidéo, le superbe Digibook cartonné est complété par un livre, bien illustré et bien documenté, à recommander pour sa présentation de l’œuvre d’Aleksander Ford, du film et de son tournage, du romancier Henryk Sienkiewicz, de l’ordre des Chevaliers teutoniques, de la bataille de Grunwald et de sa mémoire, du mythe du Drang nach Osten (expansion germanique) : passionnant.
 
Blu ray Les Chevaliers teutoniques
Image : copie HD, excellente définition, piqué sur les détails, quelques zones de flou partiel de l’image inhérent au procédé Dyaliscope, texture argentique discrète (tournage en 35 mm, Master Format 2K restauré), image propre très lumineuse, noirs denses, étalonnage chatoyant, colorimétrie pimpante aux teintes vives et tons nuancés
Son : mixage polonais 2.0 monophonique, dialogues clairs, équilibrés et sans distorsion, très belle dynamique sur les ambiances (chevauchée, duels, bataille) et sur la musique épique composée par Kazimierz Serocki ; VF 2.0 monophonique claire, doublage ancien soigné mais un peu caverneux, niveau plus élevé que celui de la VO
Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0054004/
 

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