Belgique
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Le débat revient presque tous les ans à la Toussaint. Ce matin encore, un article du magazine flamand Knack se positionnait clairement en sa faveur. L’humusation, une alternative écologique à l’incinération et à la crémation, n’est toujours pas autorisée. Ni en Belgique ni ailleurs dans le monde.
Dans notre pays, le combat de ses défenseurs pour légaliser cette pratique a été freiné en 2020 avec la publication d’une étude de l’UCLouvain. Freiné mais pas enterré. Ezio Gandin de la fondation Métamorphose, qui milite pour légaliser l’humusation, garde espoir. En mai dernier, le Parlement wallon a autorisé la poursuite de nouveaux tests sur des animaux morts. Ceux-ci devraient débuter avant la fin de l’année.
En Belgique, seules deux méthodes de décomposition des corps sont autorisées : l’inhumation (enterrer les corps) ou la crémation (brûler les corps). Depuis quelques années, la pollution dégagée par ces deux pratiques est pointée du doigt.
Selon une étude des services funéraires de la ville de Paris de 2017, la crémation d’un défunt émet en moyenne 233 kg de CO2. Cela représente l’équivalent de 1124 km en voiture. Mais elle reste cependant l’alternative la moins polluante. L’inhumation équivaut à 3,6 crémations et émet en moyenne 830 kg de CO2, soit l’équivalent de 4023 km parcourus en voiture.
Face à ce constat, un mouvement est né en Belgique et en France pour développer une méthode de décomposition des corps plus respectueuse de l’environnement : l’humusation. Son principe ? “Décomposer un corps en composte pendant 12 mois en suivant un processus particulier”, explique Ezio Gandin. La transformation se fait hors sol dans un compost recouvert de matières végétales broyées. Le processus permettrait de rendre à la terre du phosphore, du calcium et d’autres composants utiles à la régénération des sols.
Une perspective qui émerveille certains et qui en effraye d’autres. “J’ai moi-même pris du temps à dépasser les barrières culturelles autour de la mort. Il faut oser penser à sa propre mort et se demander si on a envie de polluer même après sa mort. J’avais le sentiment qu’on avait toujours fait avec les deux options existantes et que par conséquent ça ne devait pas poser de problème”, se rappelle-t-il. 
En 2018, 12.000 personnes ont signé une pétition pour demander à la région wallonne de légaliser cette pratique. Un mouvement soutenu par plusieurs communes comme Louvain-la-Neuve, Walhain et Liège. A noter que l’humusation n’est légale dans aucun pays du monde. Aux Etats-Unis, une méthode similaire existe, mais plus high-tech et plus rapide.
En parallèle, les cimetières se sont devenus plus verts en intégrant par exemple des urnes biodégradables. “Mais ça ne résout pas le problème des cendres qui sont comme du sable et qui n’ont pas de propriétés intéressantes”, regrette Ezio Gandin. “Depuis la pétition de 2018, on se trouve dans une zone floue”, poursuit-il.
Selon lui, la région était d’abord favorable à cette méthode. Mais cet élan a été refroidi après la publication en 2020 d’une étude de l’UCLouvain, commandée par la Wallonie. Celle-ci conclut que l’humusation n’est pas au point. Les deux principales critiques ? Les corps d’animaux n’ont pas atteint un stade de décomposition assez élevé et les scientifiques ont enregistré de fortes concentrations d’azote.
Des résultats contestés par la fondation Métamorphose. Son fondateur, Francis Busigny s’exprimait ce lundi à ce sujet sur La Première : “Les auteurs n’ont même pas été capables de réaliser un simple compostage. Ils n’ont pas tenu compte de l’humidité dans la butte. Alors il ne faut pas s’étonner que ça n’ait pas bien marché. Ils le disent eux-mêmes, ils ont raté le compostage et ils ne pouvaient pas appeler ça de l’humusation“.
Ce sentiment a poussé la fondation à continuer à mener des expériences de son côté, malgré des discussions au point mort avec le gouvernement wallon. En mai dernier, une pétition signée par 26.000 personnes a ramené le sujet sur la table du Parlement wallon.
Celui-ci a autorisé la fondation à mener des tests de son côté, uniquement sur des animaux morts et dans les conditions adéquates. “On est à présent en contact avec un centre de formation agricole pour refaire des tests de douze mois sur des cochons”, précise Ezio Gandin, qui espère débuter les tests d’ici à la fin de l’année.
 
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