Au CFA Claude-Schneider de Vaux-le-Pénil (77), les travaux pratique se font à l’aide de tutoriels vidéo réalisé par l’équipe pédagogique.

Le jour peine à s’imposer en ce lundi d’automne sur la zone industrielle de Vaux-le- Pénil, près de Melun (Seine-et-Marne). Des dizaines de futurs mécaniciens et mécaniciennes sont en cours au CFA Claude-Schneider depuis plus d’une heure. Georges Rodières, chef des travaux de ce centre Aforpa, indique à quatre d’entre eux les ateliers de la matinée : à Élise et à Alexis, l’entretien de la climatisation sur une citadine française ; à Geoffrey et à Quentin, la mise en sécurité d’une voiture de golf électrique. Naturellement, les deux tandems ont droit à une tablette tactile. Ils se connectent à YouTube et lancent la vidéo de leurs ateliers respectifs.
« En cherchant des informations pour changer l’écran de mon smartphone, je suis tombé sur un tuto très clair », se souvient Georges Rodières.
L’idée d’en faire un outil pédagogique vient de là. Lui et ses collègues ont identifié une opération compliquée : le contrôle de la géométrie et le parallélisme des trains roulants. En six épisodes, Georges Rodières explique méthodiquement les différentes étapes de l’opération. Les captations sont réalisées avec une petite caméra de sport bien connue, mais « des collègues filment avec leur smartphone ».
Un tutoriel nécessite une demi-journée de tournage et une « grosse soirée » de montage. La fréquence de mise en ligne est au moins d’une vidéo par mois. Élise et Alexis ont suivi à la lettre les indications dictées par Georges Rodières dans le tuto « Entretien climatisation ». Une indication sur la machine qui est connectée au véhicule laisse Élise perplexe : « Elle indique 3 670 g, mais sur le tuto, il est question de 3 750 g…» C’est là l’une des limites de la vidéo, selon l’enseignant, qui rassure son élève sur la marge admissible. Le formateur laisse certains points volontairement flous, de telle sorte que les apprenants soient confrontés aux pièges qu’ils rencontreront plus tard en atelier. Mais l’outil vidéo ne remplacera jamais la pédagogie et l’expérience du technicien formateur dans les opérations qui font appel à certains sens, comme le toucher (carrosserie, peinture).
Les nouvelles technologies d’imagerie numérique, comme la réalité virtuelle (VR), sont-elles une réponse innovante en matière de pédagogie ? « Une fois que l’on a enlevé le casque VR, on ne voit pas l’aile de la voiture peinte virtuellement. Dans la vraie cabine, avec les vrais produits, qui coûtent très cher, la marge d’erreur est quasiment nulle », juge Georges Rodières. Gare au game over dans la vraie vie (IRL, in real life, comme disent les jeunes) ! « La formation en présentiel a encore de beaux jours devant elle dans l’après-vente automobile », indique Jacques de Leissègues, président de Daf Conseil, qui aide les réparateurs, notamment grâce à des hot-lines spécialisées. La révolution digitale a transformé le diagnostic automobile des débuts de l’entreprise. Présentée à Equip Auto en 2017, myDiag+ est une application pour tablette qui permet aux techniciens conseils d’ajouter en réalité augmentée des indications graphiques par-dessus une visioconférence. Par exemple, entourer une pièce, pointer d’une flèche un connecteur… « Les deux parties voient instantanément où il faut intervenir.
Le diagnostic gagne en qualité, rapidité et précision », souligne Jacques de Leissègues, bien conscient que les garages s’équiperont lentement dans leur ensemble : « Les réseaux spécialisés et des “fast-fitters”, qui sont souvent des “digital natives”, sont bien plus réceptifs à la solution myDiag+. »
La vidéo n’a pas toujours été jugée pertinente. En 2014, Daf Conseil s’était essayé aux tutoriels sur YouTube, dont l’un affiche plus de 31 000 vues. « En passant par ce type de canal, nous touchions avant tout le bricoleur du dimanche, qui n’est pas notre cible, indique Jacques de Leissègues. Et puis le modèle économique de l’information gratuite n’est pas vraiment compatible avec notre business…»
L’aspect économique n’est a priori pas l’objectif premier du pédagogue qu’est Georges Rodières. Il y a pourtant une anecdote, qui préfigure peut-être la place que prendront les tutos vidéo. Le chef des travaux du centre Aforpa de Vaux-le-Pénil revenait sur le tutoriel consacré à une machine de vidange de boîte de vitesses automatique.
« Cette vidéo a l’avantage de démythifier la complexité de l’opération et nos jeunes, qui sont consommateurs de numérique, préfèrent regarder une vidéo plutôt que consulter une notice en papier de plusieurs centaines de pages. »

Mais quand le technico-commercial qui a vendu au centre la machine de vidange conseille à ses prospects de regarder le tuto « où tout est clairement expliqué », Georges Rodières peut laisser transparaître un brin de fierté. Du moins a-t-il la conviction que les tutoriels produits par les formateurs du CFA Claude- Schneider ont toute leur place dans la panoplie des outils pédagogiques à leur disposition et surtout à celle des apprenants. 

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