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INTERVIEW – Éric Bonnem est le fondateur de Secret Planet, un tour-opérateur spécialiste des aventures nature et de l’expédition. Il en fait la promesse : au-delà d’un certain seuil d’émissions de CO² chaque année, son entreprise arrêtera de commercialiser des voyages.
3430 tonnes en 2019, 3260 en 2022, 2160 en 2030 : pour faire face au «chaos climatique», Secret Planet, voyagiste lyonnais spécialiste du trek et de l’expédition polaire, s’engage à réduire graduellement ses émissions annuelles de gaz à effet de serre. Le but : atteindre, en 2030, la diminution de 37 % du CO² émis préconisée par l’accord de Paris en 2015. Pour ce faire, le tour-opérateur devra, chaque année, faire baisser ses émissions de 5 %.
Convaincu de la nécessité d’un geste fort pour agir vite mais aussi faire des émules, le fondateur de Secret Planet Éric Bonnem, l’assure: si ces objectifs annuels ne sont pas tenus, il mettra son activité en pause jusqu’à l’année suivante – un compteur sur le site du voyagiste faisant foi. Quitte à devoir composer avec une baisse significative de son chiffre d’affaires… Ce grand voyageur explique les motivations de son geste au Figaro.
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LE FIGARO – Vous engager à réduire drastiquement vos émissions de CO² chaque année sinon quoi vous fermerez boutique jusqu’à la suivante : on peut parler d’un geste coup de poing. Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre cette décision ?
Éric BONNEM. – Cette démarche, nous la mûrissons depuis près de cinq ans. Depuis 2018, nous affichons systématiquement l’empreinte carbone de nos voyages pour sensibiliser les clients à l’impact de leurs déplacements. Mais cela ne suffisait plus et pour des gens comme nous qui aimons la nature, participer au chaos climatique devenait insupportable. Pendant la pandémie, nos émissions annuelles sont tombées à 600 tonnes. Mais depuis la reprise, elles repartaient de plus belle et, en continuant à ce rythme, nous aurions émis encore deux fois plus dans cinq ans. Alors, que faire, s’obstiner dans cette optique de croissance effrénée et destructrice ? Nous avons décidé de ne pas attendre que d’autres fassent les choses à notre place en prenant une décision forte, dès maintenant, dans l’espoir qu’elle ait un impact dans 20 ou 30 ans. Certes, nous sommes un petit acteur mais je crois en l’effet papillon.
Concrètement, quelle mesure allez-vous prendre pour réduire l’empreinte carbone de vos voyages ?
Le challenge principal est de réduire l’impact du transport aérien international et domestique – qui représente 85 à 90 % de l’empreinte d’un voyage. Je ne crois pas en une rupture technologique demain, qui changerait fondamentalement la donne. Aujourd’hui, la majorité de nos vols ont des escales, car cela coûte moins cher. Nous allons désormais privilégier les vols directs. Le deuxième levier, c’est la durée des séjours. Secret Planet propose déjà des voyages longs : ils vont encore s’allonger. Vous passiez vingt jours sur place, vous en passerez désormais 25. Il faudra aussi revoir notre offre d’hébergements, avec davantage d’écolodges ou d’immersion dans les familles locales.
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Si vous proposez des vols directs et des séjours plus longs, vos voyages seront nécessairement plus chers. Vous l’assumez ?
Nous sommes déjà sur un panier moyen assez onéreux – à partir de 5000 €. L’ardoise peut grimper jusqu’à 50 ou 60.000 € pour des expéditions en Antarctique ou sur l’Everest. Alors oui, globalement, nous risquons de devoir faire grimper l’addition. Mais nous prendrons soin de conserver un programme financièrement accessible par destination.
Et la compensation, ce n’est pas un outil que vous envisagez ?
La compensation est un leurre pour se donner bonne conscience. Planter des arbres n’enlève pas le CO² émis dans l’atmosphère. Le seul moyen d’émettre moins, c’est d’émettre moins justement !
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Si, malgré toutes ces mesures, vous n’arrivez pas à l’objectif fixé, vous vous êtes engagé à stopper net votre activité pour l’année. Comment allez-vous maintenir Secret Planet à flots ?
Nous pourrons décaler une partie des réservations effectuées sur l’année d’après. Cela sera peut-être aussi l’occasion de se réinventer, pourquoi pas dans le conseil, dans l’aide à la préparation des expéditions… Une chose est sûre, nous sommes douze et nous voulons soit garder l’équipe en l’état soit la développer. Certainement pas la réduire.
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Dans un contexte d’urgence climatique se pose la question de la nécessité de continuer à voyager, a fortiori pour partir à l’autre bout du monde… Quelle est votre position ?
Évidemment, tout arrêter était l’une des options sur la table. Mais nous avons une responsabilité sociale : outre notre dizaine de salariés, nous travaillons avec des guides et organisateurs locaux. Plus globalement, le tourisme est essentiel à toute une partie de la planète. Je pense au Népal, que je connais bien, où de nombreuses familles en dépendent. Au-delà de ce rôle économique, le voyage est nécessaire car il rend humble, donne des idées, incite à la tolérance. Partir – ou recevoir quelqu’un chez soi – est consubstantiel à l’homme. Il ne faut donc pas tout jeter, il faut faire différemment. C’est un peu comme une expédition finalement, on ne sait pas tellement comment on va y arriver mais on sait où l’on veut arriver, au sommet. En attendant, on s’adapte.
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figminou
le
Quelle hypocrisie.
anonyme 9892
le
Ce monsieur a bien retenu la leçon. Il est déconstruit pour reprendre la terminologie employée au sein de certaines mouvances politiques. Pourrait-on évoquer l’empreinte carbone de la vente en ligne ? En comptant le numérique, la logistique (transport et stockage) et bien sûr les retours clients… et le charbon allemand pendant que l’on y est…
Anonyme
le
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Pour réduire son empreinte carbone, ce voyagiste a pris une décision radicale
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