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Construire avec du bois, de l’argile, ou de la paille, autant de matériaux qui ont permis depuis l’aube des temps de construire des maisons. Ensuite le béton, le ciment, et des produits issus de la pétrochimie les ont remplacés pour offrir de meilleures performances de structures ou d’isolation. Mais grâce aux innovations, l’écorce revient en force comme d’autres matériaux dits écologiques.
Utilisé depuis des millénaires pour élever des habitations, le bois a été délaissé durant des décennies au profit de l’acier ou du béton par exemple. Mais depuis quelques années, il se construit une nouvelle réputation dans le secteur de la construction, essentiellement lorsqu’il provient de forêts durables. Ce matériau aussi noble que naturel présente de nombreuses qualités comme la rapidité d’assemblage. Comptez pour une maison de 250 mètres carrés, un peu plus d’un mois en usine pour préparer les différents éléments de la structure. Et seulement trois jours pour assembler une maison familiale qui comportent quatre chambres et un immense grenier. Autant dire que le gain de temps est sans pareil en termes de construction.
Avec un caisson en bois isolé de cette manière, on atteint des performances thermiques exceptionnelles
Quant à l’isolation thermique, de nouvelles techniques permettent d’atteindre de hautes performances. Niels Delpierre, expert en écoconstruction, nous explique sur un chantier à Wavre comment une maison en bois peut être parfaitement isolée avec d’autres matériaux écologiques : ” Dans cette maison, on a un mur en caissons en bois. C’est-à-dire une structure en bois composée de deux panneaux. Entre ces panneaux, on a mis un isolant. Ici, c’est un isolant en paille mais on pourrait très bien mettre d’autres types d’isolants naturels comme de la fibre de bois en vrac ou de la fibre de chanvre par exemple. Sur ces deux panneaux on a mis de l’enduit d’argile en finition. Avec un caisson en bois isolé de cette manière-là, on atteint des performances thermiques exceptionnelles. “
” La maison est dotée d’un système de ventilation double flux. Il y a un chauffage d’appoint (bois et pellets) au rez-de-chaussée qui chauffe parfaitement toute la maison. Autant dire que c’est peu énergivore, donc très économe. “
Le bois est également renouvelable car il fixe le CO2 qui ne se retrouve donc pas dans l’atmosphère. Il a aussi un impact environnemental minime contrairement au ciment ou au béton qui nécessitent énormément d’énergie pour leur fabrication. Bien entretenu, il a une belle durabilité de vie ce qui permet de démonter les éléments en bois pour les réutiliser sans problème pour d’autres fonctionnalités même 50 ans après la construction.
Il n’y a pas un seul matériau qui soit universel
S’il a de nombreuses qualités, le bois a aussi des défauts comme une mauvaise isolation acoustique ou sa légèreté. C’est pourquoi il faut l’associer à d’autres matériaux parfois plus ” traditionnels ” comme le ciment. Niels Delpierre nous livre qu’on ne peut pas tout faire avec du bois parce qu’il n’existe pas de matériau universel : ” Le bois sous une même forme ne peut pas être utilisé pour faire l’isolation thermique et acoustique, la structure et les parachèvements. Donc on va transformer le bois sous différentes formes et ensuite on va le combiner avec d’autres matériaux écologiques mais aussi plus classiques. Il n’y a pas un seul matériau qui soit universel. Dans cette maison, on a par exemple utilisé des briques crues et des enduits d’argile. Ce qui permet d’apporter de l’inertie thermique et réguler l’humidité. Mais on a aussi une chape de ciment à nos pieds pour ajouter de la masse sous un plancher en bois. Le bois doit être combiné avec d’autres éléments pour pouvoir apporter toutes les propriétés et le confort dans un bâtiment. “
Du côté des entrepreneurs qui étaient réfractaires, on sent qu’ils se mettent de plus en plus à l’éco
Autre défaut, le prix du bois a littéralement explosé depuis ces deux dernières années. Edouard-Henri Graton, un responsable de Carodec, nous explique que les bonnes performances des matériaux écologiques permettent petit à petit de changer les mentalités : ” Aujourd’hui, on a une demande croissante de la part du grand public qui est plus sensible à l’écologie et qui veut construire, rénover et/ou isoler avec des matériaux écologiques pour tout le bâtiment. Du côté des entrepreneurs qui étaient plutôt réfractaires à la base, on sent vraiment qu’ils se mettent de plus en plus à l’éco d’une part pour la demande des particuliers. D’autre part, une fois qu’ils ont commencé, ils se rendent compte qu’on arrive à des performances équivalentes. “
Sur un autre chantier du côté de Serville, un particulier a demandé à une entreprise de végétaliser un toit plat qui était essentiellement protégé par une couche de roofing. Les ouvriers posent sur cette toiture de 50 mètres carrés, se situant au-dessus du salon, une couche de substrats avant de déposer un tapis de sedum.
Une toiture végétale va rafraîchir d’environ huit degrés la température de la pièce
Olivier Fernandez, gérant de Floratoit, souligne que la nature fait bien les choses surtout lorsque les canicules et les orages sont de plus en plus fréquents : ” Une étude du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment démontre qu’une toiture végétale va rafraîchir d’environ huit degrés la température de la pièce qui se trouve sous la toiture végétale. En ville, toutes ces toitures plates noires représentent des concentrations de chaleur. Ce sont des surfaces qui peuvent monter en plein été jusqu’à 70 degrés. Une fois végétalisées, elles vont rester autour de 35° environ en plein soleil. Et le phénomène de l’évapotranspiration du végétal va générer un halo d’humidité qui rafraîchit l’atmosphère ambiante en ville. En termes d’isolation thermique lors des canicules, c’est très efficace. De plus, cela sert de tampon hydraulique. Comme un bassin d’orage, la toiture végétalisée ralentit l’écoulement de l’eau surtout en cas de fortes pluies, vers les égouts. “
Au-delà de toutes ces qualités, un toit végétalisé sert également de frein acoustique et fait disparaître le bruit d’impact de la pluie sur la toiture. Multicolore, le tapis de sedum offre un confort esthétique contrairement au roofing. De plus, il protège l’étanchéité du toit des rayons ultraviolets ce qui augmente la durée de vie de la membrane. Olivier Fernandez ajoute que cette plante grasse a encore d’autres précieuses vertus : ” Le sedum contribue à la biodiversité dans les zones urbaines. Les abeilles l’adorent car c’est une plante mellifère où elles trouvent refuge. Cette variété de sedum a aussi la faculté particulièrement intéressante de se contenter d’assez peu d’eau. Elle peut supporter des pics de pluie sans problème, et de surcroît ce sont des plantes qui supportent bien des longues conditions de sécheresse “. Autant de raisons qui poussent de nombreuses communes de Belgique à imposer du végétal sur les toitures plates, en fonction de différents critères comme la surface, rénovation, régularisation urbanistique, etc.
Souvent plus coûteux que pour une construction ou une isolation classique, les matériaux écologiques offrent un retour sur investissement au fil du temps durant lequel les enjeux climatiques sont plus que jamais urgents.
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