Deux innovations nous permettront bientôt de mieux gérer nos déchets grâce à l’intelligence artificielle, sous le contrôle de puces électroniques. L’objectif est simple: sensibiliser chacun d’entre nous de façon ludique. Et inciter ainsi à la nécessaire réduction de nos déchets ménagers.
La loi l’impose: d’ici 2025 100% des plastiques devront être recyclés, et d’ici 2030 nous devrons tous réduire de 15% (par habitant) nos déchets ménagers. Mais reconnaissons-le, la chose est parfois ardue. Selon l’étude publiée en juillet dernier par l’éco-organisme Citeo, si nous sommes 89% à trier nos emballages, nous ne serions plus qu’un sur deux à le faire systématiquement. 75% des Français disent en effet douter régulièrement de leurs bons gestes de tri. En cause, des informations pas toujours claires, et même parfois contradictoires qui nous laissent dans l’expectative. Et si l’intelligence artificielle venait bientôt nous aider? C’est en tout cas le principe de deux innovations qui pourraient bien tout changer.
Créée en 2020, la start-up grenobloise Ficha figure parmi les huit lauréats de l’édition 2022 du Circular Challenge, un accélérateur de l’économie circulaire lancé en 2015 par Citeo qui réunit 2 000 entrepreneurs venus d’une centaine de pays. La raison de cette distinction? La jeune pousse grenobloise a développé une technologie faisant appel à l’intelligence artificielle qui permet de reconnaître la nature des déchets au sein même de nos poubelles.
Cette innovation prend la forme d’un capteur préalablement installé dans le bac de tri (nommé «Cocon») ainsi que dans les camions de ramassage. L’intérêt est aussi simple qu’utile: rendre le geste de tri ludique. Comme l’expliquait récemment Vincent Hupaut (co-fondateur de Ficha) au journal Les Echos, «l’usager sait instantanément s’il a bien trié grâce à un retour vocal, un radar pédagogique. Par ailleurs, le geste de tri est gratifié: en fonction de la qualité et de la quantité de déchets triés, les particuliers accumulent des points qui peuvent être convertis en places de cinéma, en passe pour une solution de mobilité douce, ou en billets de loterie.». Une sorte de jeu concours donc, qui passe évidemment par une application dédiée. 
Mais l’intérêt n’est pas seulement là. Car le système recueille aussi de précieuses données qui viendront renseigner les professionnels de l’économie circulaire de même que les collectivités et les bailleurs. Ainsi pourront-ils mieux adapter leurs campagnes de sensibilisation, voire leur politique en terme de collectes des déchets. D’ores et déjà, Ficha annonce avoir remporté deux appels d’offres auprès de deux opérateurs de déchets ainsi qu’avec la métropole de Lyon. De même, dix-huit bacs de tri Cocon ont déjà été installés, notamment chez Paris Habitat, Grand Est Habitat et au sein du Groupe Valophis.
Mais Ficha peut désormais compter sur une sérieuse concurrence. Le géant Suez, spécialiste français de la gestion de l’eau et des déchets, vient en effet d’annoncer lui aussi le développement d’une puce électronique. Installée dans nos bacs à déchets, elle en collectera les données. L’objectif est, là encore, l’accompagnement des collectivités. «On a des compteurs d’eau, de gaz ou d’électricité intelligents, alors pourquoi ne pas avoir un compteur de déchets intelligent?», expliquait récemment Antoine Bousseau, Directeur général des services aux collectivités chez Suez Recyclage et Valorisation France. Bien entendu, la collecte de ces données permettra de mesurer la quantité de déchets et leur (bonne) répartition dans les différents bacs. 
Toutefois l’aspect pédagogique n’a pas non plus été oublié. «L’enjeu essentiel de la gestion des déchets dans les villes de demain est d’améliorer le geste du tri, et que les ménages réduisent au maximum pour qu’on puisse mieux recycler», a poursuivi Antoine Bousseau.
Petit plus: les foyers pourront s’équiper là aussi d’une application dédiée. Pas de cadeau annoncé en revanche, mais une analyse de leur propre gestion du tri, et une comparaison avec celles de… leurs voisins! Cette innovation devrait voir le jour au cours du premier semestre 2023. D’ailleurs, les métropoles de Montauban et de Limoges ont d’ores et déjà signé un partenariat avec Suez.
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