À l’invitation de la Mutualité française Grand Est, Philippe Perrin, directeur de l’Institut de formation en santé environnementale, anime une conférence sur la pollution de l’air dans nos maisons. L’occasion pour cet expert de nous donner les clés pour agir au quotidien.
Encore relativement méconnue, la pollution intérieure s’est pourtant insidieusement invitée au cœur de nos foyers, dans notre quotidien. Comment expliquer qu’aujourd’hui selon les spécialistes l’air extérieur soit moins pollué que l’air intérieur de nos habitations ?
« Cela s’explique par la combinaison de deux facteurs, une meilleure isolation des logements d’abord, combinée à une augmentation des sources de pollution », affirme Philippe Perrin, éco-infirmier, formateur et directeur de l’Ifsen (Institut de formation en santé environnementale) depuis 2013.
Les populations les plus jeunes et les plus fragiles sont les plus exposées et de nombreuses maladies semblent trouver leurs racines dans ce cocktail préoccupant qui plane aujourd’hui dans nos habitations… Ainsi, selon le conférencier, l’explosion des cas de bronchiolites est directement liée à la mauvaise qualité de l’air intérieur, qui fragilise les bébés.


« Je ne comprends pas que les pouvoirs publics à chaque campagne de prévention hivernale ne passent pas le message. En plus de répéter qu’il faut se laver les mains, le message devrait clairement signifier qu’il faut bannir des chambres des nourrissons et des jeunes enfants tous les produits irritant les voies respiratoires », assure Philippe Perrin.
Si le confinement des individus est recommandé durant les phases aiguës d’épidémie ou de pollution, « il ne faut jamais confiner l’air que l’on respire. Il faut d’abord se fier à son nez qui est un bon indicateur des allergènes, des irritants ou de l’humidité et des moisissures. Mais ce n’est pas un indicateur fiable car le monoxyde de carbone qui est mortel est totalement inodore donc il faut vraiment acquérir le réflexe d’aérer ou de ventiler ce qui n’est pas la même chose. Aérer cela consiste à faire un courant d’air pendant une durée limitée, ce changement d’air doit être répété alors que ventiler c’est produire un renouvellement d’air en permanence. Si on a une bonne VMC et que le dessus des fenêtres ou des portes n’est pas obstrué alors on n’est pas obligé d’aérer tous les jours. La fréquence d’aération dépend également du type d’occupation des locaux et de la densité de personnes présentes par rapport à la surface occupée », explique le conférencier.
Le tabac pollue, cela, on le savait, mais il n’est pas le seul. « Dans votre maison, faites la chasse aux bougies et aux encens de toutes sortes. Les gaz de combustion sont rejetés dans la pièce ainsi qu’une humidité importante. »
« Il ne faut pas faire brûler de bougies ou d’encens dans les chambres. Et après avoir éteint une bougie ou de l’encens, il faudrait aérer. D’ailleurs on attend un étiquetage indiquant le taux de pollution émis à la combustion selon le type d’encens ou de bougie. À la rigueur, utilisez des bougies strictement naturelles », conseille Philippe Perrin.
Les poêles d’appoints à gaz ou à pétrole qui sont beaucoup utilisés en ces temps de crise énergétique sont des sources importantes de pollution de l’air intérieur.


Non aux gadgets odorants en tous genres. Philippe Perrin recommande « d’éviter tous les produits odorants ou désodorisants qui se branchent dans les prises ou en spray. Que ce soit dans les produits ménagers, d’intérieur ou les cosmétiques. Il faut faire attention aux composants et lire les modes d’emploi. Si les gens les lisaient, ils feraient attention je pense car il y est souvent indiqué que le produit ne doit pas être respiré ou qu’il doit être utilisé en extérieur. »
Pour éviter, les produits chimiques et les interactions entre produits, utilisez des produits éco-label ou faites-les vous-mêmes. De la lessive à la crème antirides, il existe des recettes simples et naturelles. Autre bon geste, ne pas faire sécher son linge dans une chambre ou une pièce à vivre en cas d’utilisation de lessives parfumées ou d’adoucissant.
Cela sent le neuf, cette expression passée dans le langage courant devrait être traduite par cela sent les polluants, les COV (composés organiques volatiles) exactement. « Les produits odorants comme le mobilier neuf par exemple doivent être stockés à l’extérieur, de quelques jours à quelques semaines, selon le degré de pollution », précise l’expert. Là encore, l’information ne passe pas. Alors que la composition, les matières utilisées sont indiquées, aucune mention n’est apposée sur les emballages de ces produits pour indiquer qu’ils doivent demeurer à l’extérieur un certain temps avant de pouvoir intégrer des habitations sans risque de pollution.
La pollution de l’air intérieur est difficilement quantifiable. D’ailleurs Philippe Perrin ne conseille pas aux particuliers de s’équiper d’appareils mesurant la qualité de l’air.
«On sait bien qu’on l’utilise une fois et qu’on le remise dans un placard. Il est préférable de prendre l’habitude d’aérer régulièrement. Plus efficace en tout cas que les plantes dépolluantes, très en vogue mais dont la prétendue efficacité ne tient pas face à l’expertise scientifique
Se passer de tous ces produits chimiques et parfumés pour son ménage comme pour son hygiène, c’est tout bénéfice car c’est bon pour le portefeuille, pour la planète et pour la santé.
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