Votre navigateur est obsolète. Veuillez le mettre à jour avec la dernière version ou passer à un autre navigateur comme ChromeSafariFirefox ou Edge pour éviter les failles de sécurité et garantir les meilleures performances possibles.
Pas facile d’être galeriste ces jours en Suisse! Alors que Genève s’apprête à voir entrer en piste le week-end prochain ceux des Bains, d’Art en Vieille Ville et de Carouge ensemble (ce qui fait beaucoup de monde!), ces commerçants pas comme les autres ne savent plus à quel saint helvétique se vouer. Il a d’abord fallu trancher pour savoir si leurs boutiques étaient des magasins ou des sortes de musée. Le premier cas semble avoir été retenu. Il s’agit aussi de savoir quand ouvrir et comment, en supprimant comme de juste le vernissage. S’agit-il de privilégier les «temps forts» habituels de la saison, ou de se glisser entre deux ordonnances cantonales ou fédérales? La seconde solution exige une agilité de contorsionniste. Les règles du jeu changent en ce moment à peu près tous les jours…
"Erde vom grosses Moos". Photo fournie par Ditesheim & Maffei, Neuchâtel 2020.
A Neuchâtel, la galerie Ditesheim & Maffei a choisi de montrer Rolf Iseli dès que possible, en manipulant peu les dates. L’artiste bernois fait partie des habitués de la maison. C’est la quatrième fois que François Ditesheim le présente dans son espace sur deux étages de la rue du Château. Au temps de son association avec Jan Krugier, le peintre avait bénéficié de quatre autres accrochages à Genève. Voilà qui fait un quart de siècle de fidélité mutuelle. Mais François Ditesheim, associé depuis 2013 avec Patrick Maffei, est comme ça. Avec lui, il y a toujours un suivi. Un engagement. Et puis aussi une vraie ligne, même si celle-ci se révèle plutôt large. Quel rapport me direz-vous entre les compositions abstraites d’Iseli et les grandes gravures d’Erik Desmazières, par ailleurs fraîchement nommé à la tête du Musée Marmottan de Paris?
Avec Iseli, les Romands retrouvent aujourd’hui une figure importante de l’après-guerre alémanique, l’homme étant né en 1934 (comme Brigitte Bardot et Sophia Loren). Le Bernois a émergé jeune. En 1957, il remportait la Bourse fédérale avec une œuvre semblant éclaboussée d’encre de Chine. Un peu de scandale n’est pas mauvais. Le choix du débutant a fait beaucoup tousser, voir s’étrangler les traditionalistes. Deux ans plus tard, Iseli se retrouvait à la jeune Documenta de Kassel, seconde édition. Mais il ne vivait pas pour autant dans une province. Comme l’a rappelé en 2006 une excellente exposition du Kunstmuseum de Berne, la ville fédérale flirtait alors volontiers avec les avant-gardes, sous la prestigieuse bannière de l’Américain Sam Francis. Il suffit de rappeler ici les noms de Franz Fedier, de Franz Gertsch, de Samuel Buri ou du sculpteur Bernhard Lüginbuhl. Ces gens là regardaient du côté de New York, alors qu’à Genève et à Lausanne on en restait encore à un Paris devant faire école.
Iseli dans son atelier en 2009. Photo Aellig.
Depuis les années 70, Iseli s’est posé en Suisse et à Saint-Romain, en Bourgogne profonde. Retour à la terre, qui a matériellement envahi non plus sa toile mais ses grandes œuvres abstraites sur papier. Peintre et graveur (le peintre ayant tendance à rehausser la production du graveur), le Suisse crée ainsi des œuvres immédiatement reconnaissables. Ce n’est pas qu’il se répète. Non. Disons plutôt qu’il s’approfondit, qu’il se prolonge ou qu’il s’épure. L’amateur le sent aux cimaises de la galerie neuchâteloise, qui propose pour l’essentiel des pièces conçues depuis 2017. Il y a en a tout de même d’antérieures. L’étage propose ainsi une suite de petites pièces, parfois figuratives, exécutées sur de nombreux paquets vides de Boyard dans les années 1970. On fumait beaucoup, à l’époque, dans le monde des beaux-arts!
Inutile de préciser que l’ensemble tient bien aux cimaises. Le visiteur sent les affinités existant entre le plasticien et les galeristes, comme c’est le cas avec Miklos Bokor, Desmazières ou, par-delà la mort, avec Zoran Music. Nous sommes ici dans la peinture sérieuse, et non le gadget pictural. La maison ne veut ni séduire à tout prix, ni choquer, ni suivre des modes. Elle s’adresse du coup à une clientèle motivée, faisant fi des gens décorant leur salon. Les histoires de cotes ou d’investissements n’ont rien à voir ici. Nous restons loin d’Art/Basel. Et cela même si la galerie, qui portait alors le nom du seul François Ditesheim, a longtemps participé à cette foire tenant beaucoup aujourd’hui (mais y aura-t-il au fait pour elle un demain?) de celle aux vanités.
«Rolf Iseli», Galerie Ditesheim & Maffei, 8, rue du Château, Neuchâtel, jusqu’au 15 novembre. Tél. 032 724 57 00, site www.galerieditesheim.ch Ouvert du mardi au vendredi de 14h à 18h, le samedi de 10h à 12h à de 14h à 17h, le dimanche de 15h à 18h.
Né en 1948, Etienne Dumont a fait à Genève des études qui lui ont été peu utiles. Latin, grec, droit. Juriste raté, il a bifurqué vers le journalisme. Le plus souvent aux rubriques culturelles, il a travaillé de mars 1974 à mai 2013 à la "Tribune de Genève", en commençant par parler de cinéma. Sont ensuite venus les beaux-arts et les livres. A part ça, comme vous pouvez le voir, rien à signaler.
Vous avez trouvé une erreur?
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu’il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.

source

Catégorisé: