Joshua Keating — Traduit par Jean-Marie Pottier
Temps de lecture: 2 min
La première conversation téléphonique publique entre un président élu des États-Unis et un dirigeant taïwanais depuis 1979 s’est déroulée vendredi, quand Donald Trump a accepté un coup de fil du président Tsai Ying-wen.
Les Etats-Unis n’ont pas formellement reconnu Taïwan depuis qu’ils ont rétabli des relations avec la République populaire de Chine cette année-là. Ce coup de téléphone pourrait mettre en rage le gouvernement chinois, qui considère que Taïwan fait partie de la Chine et a extrêmement mal pris le soutien américain à Taïwan dans le passé.
Le Financial Times écrit qu’«il n’est pas avéré que l’équipe de transition présidentielle avait l’intention, par cette conversation, de signaler un changement plus global de la politique américaine envers Taïwan», ce qui est une façon généreuse de dire qu’elle n’a aucune idée du signal qu’elle envoie. Ici, il est important de se rappeler que Trump ne suit pas les briefings du Département d’État que les présidents élus reçoivent généralement avant ces appels et ne semble pas manifester le moindre intérêt pour la façon dont ils seront interprétés.
L’annonce de ce coup de téléphone sans précédent survient au lendemain de la réaction confuse de l’Inde, alliée traditionnelle de l’Amérique, quand Trump a apparemment fait de la lèche au Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif durant un autre coup de fil. Puis, un peu plus tôt vendredi, le président élu a apparemment invité le «Donald Trump asiatique» Rodrigo Duterte à la Maison-Blanche, malgré le fait que le président philippin a qualifié Obama de «fils de pute» et a encouragé des escadrons de la mort à tuer des milliers de trafiquants de drogue. (Un conseiller de Duterte a parlé d’une invitation, mais il est aussi possible qu’il s’agisse d’un de ces informels «Passez me voir un de ces jours» que Trump a lancés à d’autres dirigeants, et que Duterte l’a interprété de manière plus officielle.)
Histoire de rendre cette affaire taïwanaise encore pire, le groupe Trump est paraît-il en négociations pour construire une série de résidences de luxe et d’hôtels dans le pays, la transformant potentiellement en une de ces histoires où Trump pourrait utiliser la politique étrangère américaine pour promouvoir ses propres intérêts économiques. Les Philippines, qui ont récemment nommé un promoteur lié à Trump représentant spécial aux États-Unis, en constituent une autre. Le fait qu’un représentant du gouvernement reçoive des cadeaux ou faveurs de gouvernements étrangers viole une disposition de la Constitution et, selon des experts, il n’existe qu’un possible remède à ce type d’abus: une procédure de destitution.
En tout état de cause, tout cela est très dangereux. Les Américains sont peut-être désormais habitués à l’idée que Trump, en gros, improvise au fil de l’eau, mais les gouvernements étrangers vont analyser les improvisations en question comme comme des positions publiques officielles et réfléchies des États-Unis. À ce rythme-là, Trump est bien parti pour déclencher une crise internationale majeure avant même sa prestation de serment. S’il reste des personnes, au sein de l’équipe de transition présidentielle, préoccupées par l’idée de protéger la sécurité nationale et internationale pendant les quatre prochaines années, il est impératif qu’elles fassent les deux choses suivantes aussi vite qu’il est humainement possible: 1) nommer un secrétaire d’État avec une connaissance basique des questions internationales et que Trump écoutera 2) lui retirer son téléphone immédiatement.
Joshua Keating
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