Le géant japonais de l’électronique va donc faire des véhicules électriques avec son compatriote Honda. Mais, a-t-il vraiment l’envergure pour devenir un constructeur, face à la concurrence des start-ups chinoises et américaines ?
L’inventeur du walkman s’était surtout fait remarquer pour ses autoradios il y a déjà plus de 20 ans, à une époque où le GPS était intégré sous la forme d’un écran motorisé dans un format double DIN, avec le changeur 6 CD dans le coffre.
Mais les plus jeunes connaissent surtout Sony à travers sa console PlayStation, éventuellement pour ses smartphones, les TV à écran LCD ou plasma et les appareils photo. C’est d’ailleurs par son expertise dans les capteurs (c’est le leader mondial des capteurs d’images) et les écrans que le groupe espère percer dans l’automobile.
Sony a fait l’événement en dévoilant il y a deux ans au CES de Las Vegas un premier concept-car électrique conçu de A à Z, sous la forme d’une berline et baptisé Vision S-01. Le projet a démarré en 2018, avec l’aide de Magna Steyr, une firme autrichienne d’ingénierie qui collabore avec des constructeurs de renom.
Les dirigeants du géant japonais voulaient vraiment comprendre comment on conçoit un véhicule, de l’architecture électrique à l’intégration des aides à la conduite et l’expérience a été bénéfique pour les deux parties. Le concept a fait un tabac à Vegas. Et Sony a réitéré l’expérience avec un second véhicule, encore plus abouti et qui prend la forme d’un SUV, le Vision-S02. C’était en début d’année et encore au même salon.
Le géant japonais fait le pari que les voitures de demain seront des salons roulants, où les occupants voudront se détendre.
Son prototype dispose donc d’écrans XXL qui font toute la longueur du tableau de bord (un concept déjà exploré par d’autres acteurs et même appliqué en série sur la Honda e) et qui sont intégrés aussi dans les sièges à l’arrière.
Au programme : la navigation GPS pour le conducteur, l’audio, la vidéo (avec la qualité Blu-Ray pour du streaming, avec la technologie Bravia Core) et les jeux pour les passagers.
Chacun dispose d’un haut-parleur intégré pour une expérience audio en mode 360, sachant que Sony a soigné l’interface homme-machine avec au choix la voix, la reconnaissance gestuelle, l’écran tactile, une molette et un pilotage sans fil au moyen d’une manette pour jouer à la PlayStation. La promesse est aussi de personnaliser l’ambiance à bord avec un graphisme des écrans qui peut s’adapter sur mesure, en fonction de la saison ou de l’humeur.
Sony permet aussi de modifier à la carte les bruits d’accélération et de décélération. Et bien entendu, la voiture sauvegarde toutes ces données dans le cloud, avec une application qui permet aussi son smartphone ou un ordinateur de préparer à l’avance le cocon que l’on souhaite retrouver au moment de partir.
La Vision-S est, cela va de soi, connectée en 5G. D’ailleurs, Sony a testé la communication mobile à haut débit sur route ouverte, d’une part au Japon, mais aussi en Allemagne avec le concours de l’opérateur Vodafone. Mais surtout, la Vision S est une voiture intelligente.
Equipée de 40 capteurs – essentiellement des caméras de type CMOS, mais aussi des radars, des lidars et des ultrasons – la berline japonaise peut « voir » les obstacles jusqu’à 300 m et restituer des images en bonne définition, même dans le noir. Précisons que des caméras sont aussi présentes à bord pour détecter l’état de vigilance du conducteur et même lire sur ses lèvres pour optimiser la reconnaissance vocale. Sony affirme pouvoir proposer une assistance à la conduite de niveau 2+ (sur une échelle de 0 à 5) avec aide au changement de file et aller jusqu’au niveau 4, voire plus.
Alors, faut-il compter avec cet acteur sur un marché où les compétiteurs sont de plus en plus nombreux ? En 2018, Sony avait déjà présenté une navette autonome (comparable à celles que font Easymile et Navya) lors du Mobile World Congress de Barcelone. Un épisode passé inaperçu. Le fabricant japonais s’était alors associé à son compatriote, l’opérateur NTTDoCoMo pour connecter ce véhicule à la 5G.
Sur la Vision-S, le groupe s’est livré à un exercice assez spectaculaire. Grâce à la 5G, un opérateur à Tokyo pouvait prendre le contrôle à distance du véhicule, depuis un simulateur et le conduire à la place d’un automobiliste qui se trouvait à Francfort sur un circuit. Sony pense que ce type d’application peut faire sens, en fusionnant le virtuel et le réel.
*Le capteur de type CMOS (complementary metal-oxide-semiconductor) était jusqu’à présent considéré comme un peu bas de gamme. Mais, avec le développement des appareils photos pour smartphones, il est devenu très populaire. Il a pour avantage d’être moins cher à produire et moins consommateur d'énergie. Aujourd'hui, le capteur CMOS offre des résultats très satisfaisants en matière de qualité et on peut même y intégrer des circuits de traitement de l'image.
En tout cas, Sony n’entend pas faire que de la figuration dans les salons. Le géant japonais a annoncé la création au printemps d’une société dédiée, Sony Mobility. À travers cette structure, l’inventeur du walkman veut jouer un rôle dans l’automobile, à un moment où elle s’électrifie. Il mise sur l’intelligence artificielle et la robotique.
En parallèle, Sony a conclu un protocole d’accord avec Honda. Les deux partenaires ont pour projet de créer une coentreprise et de développer ensemble des véhicules électriques à « haute valeur ajoutée ». Un premier modèle est prévu en 2025.
Les deux industriels japonais entendent allier leurs forces, avec le savoir-faire de Honda pour la production et l’après-vente, et la technologie (multimédia, capteurs) pour Sony. Ce dernier, qui ne compte pas se lancer dans la production, va d’ailleurs développer une plateforme de mobilité pour la nouvelle co-entreprise.
Reste à voir ce que Sony peut apporter de différenciant par rapport à ce que préparent tous les nouveaux arrivants dans la mobilité électrique, connectée et autonome. Le PDG, Kenichiro Yoshida, dit vouloir apporter de l’émotion et contribuer à une mobilité centrée sur la sécurité, le divertissement et l’adaptabilité (avec des mises à jour en continu et un lien avec le cloud).
On comprend l’approche de Sony, qui cherche à faire le lien entre son catalogue de films, l’univers de PlayStation et ses produits dans la robotique (Aibo le robot-chien de compagnie et le drone Airspeak) et l’automobile. Une logique qui est aussi celle d’Amazon et de Google, en lien avec leur écosystème d’enceintes et d’équipements connectés à la maison. C’est certainement aussi ce que voudrait faire Apple, s’il arrive à finaliser son projet.
Mais, la bonne question est : y a-t-il de place pour Sony, face aux constructeurs classiques qui enrichissent leur offre et face à des compétiteurs venus de la tech qui ont aussi décidé d’entrer dans l’automobile (Xiaomi, Foxconn…) ? Et quelle est sa légitimité ?
Le groupe japonais aurait sans doute plus intérêt à se positionner comme un équipementier. D’autres acteurs de l’électronique ont choisi cette voie, à l’instar de Samsung (qui a racheté le groupe Harman), ou encore de Huawei, qui préfère apporter son expertise dans la connectivité (cloud, cybersécurité) et l’automatisation de la conduite (intelligence artificielle, soft). Mais là encore il y a de la concurrence.
Le cockpit connecté est devenu la priorité de grands équipementiers comme Faurecia (avec des partenariats de premier plan comme avec Microsoft). Il va devenir aussi un enjeu pour Foxconn, qui va monter une coentreprise Mobile Drive avec le groupe Stellantis et proposer des produits avec des logiciels de l’intelligence artificielle.
C’est peut-être du côté des capteurs que Sony peut faire valoir sa différence. Le groupe a visiblement la capacité de proposer des caméras à haute définition. Pour l’anecdote, il collabore au niveau de la conduite autonome avec Almotive, une société d’origine hongroise qui a travaillé notamment pour Volvo et le groupe PSA. La Vision-S embarque sa plateforme AiDrive. Pour ses prototypes, Sony a aussi collaboré avec HERE (cartes), Elektrobit Automotive (logiciels), mais aussi Valeo, ZF, NVIDIA, Bosch ou encore Qualcomm. L’industriel japonais a un nom puissant et de vrais fans. Mais, au-delà du rêve, il faut convaincre et surtout faire la preuve de l’efficacité de ses solutions.
Sony voudrait se lancer dans l’automobile. Le géant japonais de la high-tech a déjà deux concepts dans sa besace et vient d’annoncer un partenariat avec Honda. Notre spécialiste high-tech Laurent Meillaud revient sur ces annonces et se projettent sur le futur de Sony dans l’automobile.
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